Trois Justes à Aunay en Bazois
Ce 6 avril, Marie et François Perrot ainsi que leur fille Marguerite ont été honorés – à titre posthume – comme Justes parmi les Nations.
Aucune cérémonie de reconnaissance de Justes n’est semblable aux autres. Certes toutes sont émouvantes et reliées au sauvetage de Juifs persécutés par la Shoah, ses auteurs nazis et leurs collaborateurs… Mais chacune porte la mémoire d’histoires aussi véridiques que spécifiques.
Dimanche dernier, la Mairie d’Aulnay-en-Bazois servit de cadre à la reconnaissance de trois Justes dont le souvenir et le courage furent évoqués au long d’un programme complet et détaillé :
– Accueil par DANIEL BAUDIER, Maire d’Aunay en Bazois.
– Message de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, lu par le premier adjoint au Maire.
– Allocution de VICTOR KUPERMINC, Délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem.
– Allocution de BERNARD MARTIN, Conseiller général du canton de Châtillon.
– Allocution de CHRISTIAN PAUL député de la 3ème circonscription de la Nièvre.
– Allocution de M. le Comte d’AUNAY.
– Allocution de OREN BAR EL, Ministre Conseiller près l’Ambassade d’Israël en France.
– Remise de la Médaille des Justes à Mmes MARIE HELENE CHARPENTIER et NOELLE DUFRENOIS, filles de Justes salués à titre posthume.
– Remerciements des récipiendaires.
– Témoignage de SERGE AVERBOUH, enfant caché et sauvé.
– Mme KATY HAZAN, responsable du Service Archives et Histoire de l’OSE, évoqua la mémoire d’ENEA AVERBOUH, grande résistante et mère de Serge.
De toutes ces prises de parole, voici celle du Délégué du Comité, Victor Kuperminc :
– « Créé par une loi du Parlement Israélien en 1953, le mémorial YAD VASHEM, situé sur la Colline du Souvenir à Jérusalem, a pour but de perpétuer la mémoire des six millions de Juifs qui ont péri en martyrs, assassinés par les Nazis et leurs complices, et l’héroïsme des combattants des maquis et de la résistance et de ceux qui, assiégés dans les ghettos, ont déclenché une révolte sans espoir pour sauver l’honneur de leur peuple.
Le nom de Yad vashem vient d’un verset du chapitre 56 du prophète Isaïe qui dit : « Et je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs, un mémorial (YAD), et un nom (CHEM), en hébreu Yad vashem (mémorial et nom), qui ne seront point effacés.
Dans le « Hall des Noms » de Yad Vashem sont recueillis les témoignages concernant les personnes qui ont péri dans les camps d’extermination et qui n’ont pas de sépulture. Leurs noms y sont inscrits à jamais et ne seront pas oubliés, malgré les efforts de ceux qui tentent de réécrire l’Histoire et de nier la Shoah. Deux millions de témoignages ont été rassemblés, et il en vient de nouveaux chaque jour.
En France, les trois quarts de la population juive doivent leur survie à des réseaux organisés, mais aussi à des personnes non-juives qui, en désobéissant aux lois de Vichy, n’ont pas hésité à mettre leur propre vie, et celles de leurs familles, en danger. Ces Justes ont hébergés, cachés, nourris les familles juives pourchassées, leur ont souvent procuré de faux papiers, et ont déployé en leur faveur toute leur énergie et leur imagination, en un temps où il n’était pas bien vu de fréquenter les Juifs, encore moins de les aider, alors que la majorité de la population était, au mieux, passive ou indifférente.
La mission du Département des Justes, est d’honorer ces JUSTES PARMI LES NATIONS, de leur exprimer la gratitude du peuple Juif et de l’Etat d’Israël. Mais, en dépit de ses efforts, et de ceux des volontaires qui l’assistent, tous les Justes ne pourront pas être retrouvés. Les témoins directs sont de plus en plus rares. Pour cette raison, un monument au Juste Inconnu a été érigé sur le Mont du Souvenir à Yad Vashem.
La médaille remise au Juste comporte au recto la mention « A ….., le peuple juif reconnaissant ; et au verso « Qui sauve une vie sauve l’Univers tout entier » (extrait du Talmud). C’est la seule médaille existant en Israël, en dehors de celles qui honorent les héros militaires.
Une plaque portant le nom du Juste sera dévoilée dans le « Jardin des Justes », sur le Mont du Souvenir. Elle rappellera aux générations futures les noms des personnes généreuses qui ont sauvé l’honneur de l’humanité.
Plus de 20000 médailles ont été distribuées, dans environ 30 pays, dont plus de 2700 en France, dont le nom du Juste est dorénavant gravé sur le mur des Justes du mémorial de la Shoah, à Paris. Et depuis janvier 2007, une plaque apposée dans la crypte du Panthéon et inaugurée par le Président de la République et Mme Simone Veil rend hommage aux Justes de France.
Article lié au Dossier 10976