Trois Justes à Cannes Ecluse

Accueil/Articles et documents/Trois Justes à Cannes Ecluse

Dossier n°

Trois Justes à Cannes Ecluse

Les parents Bertin : Paul et Marguerite, 
ainsi que leur fille Paulette,
trois nouveaux Justes parmi les Nations.

 

 

Judka et Ruchla Herman; comme tant de juifs ne supportant plus les progroms, quittèrent la Pologne pour une France réputée terre des droits de l’homme. Installés à Paris, ils eurent en novembre 1939, un fils : Daniel.

Le grand-père de Daniel s’était également réfugié à Paris mais sa santé était vascillante. Il dut être soigné en dispensaire dans la capitale. La guerre étend ses ravages. Par le plus heureux des hasards, l’une des infirmières qui prodiguent leurs soins au vieillard est résistante. Elle a pour nom : Marie Le Coq. Celle-ci partage ses activités professsionnelles entre le dispensaire parisien et l’hôpital de Cannes Ecluse.

Marie Le Coq comprend spontanément et s’inquiète de la situation plus que précaire de la famille Herman. Elle lui propose d’entrer en contact avec les Bertin à Cannes Ecluse. Ce sont des gens très modestes, honnêtes et donc particulièrement frappés en ces temps de pénuries. Néanmoins, Paul et Marguerite Bertin acceptent sans hésiter. Ils vont non seulement cacher Daniel, âgé alors de deux ans et demi, mais aussi sa cousine, Marcelle Szmer.

Voilà comment et pourquoi, de 1942 à 1945, furent épargnés à deux petits juifs les fureurs de la Shoah.

Et Paulette Bertin ? A l’époque, elle avait 16 ans. 
Pour subvenir aux besoins de la famille agrandie avec les deux enfants réfugiés, les parents étaient attachés aux travaux sans cesse renouvelés des champs. Chaque journée, ils confièrent donc les deux gosses à leur jeune fille.

On comprendra que n’ayant connu qu’une famille, celle des Bertin, de ses 2 à ses 5 ans, Daniel se soit profondément attaché au couple et à leur fille. Les lendemains de la libération furent donc difficiles et pénibles. Pendant ces temps de rafles et de dangers quotidiens, nombreux furent les enfants ainsi séparés de leurs vrais parents ayant voulu les sauver coûte que coûte. Enfants qui étaient bien trop petits pour comprendre un tel sacrifice. Et dès lors qui s’attachèrent à des adultes de substitution. Puis se trouvèrent déchirés quand, les dangers mortels écartés, leur famille juive refit surface pour les reprendre en leur sein.

Pour mieux prendre de la distance avec le passé de la guerre, Judka et Ruchla Herman émigrèrent avec David au Brésil.

Mais des Justes étaient restés à Cannes Ecluse, leur devoir de sauveteurs accompli. Tous trois ont été honorés en la salle polyvalente de la municipalité, ce mercredi 3 décembre (les parents, hélas, à titre posthume. Le Comité Français pour Yad Vashem avait délégué Viviane Lumbroso et Paul Ejcherand à cette cérémonie.