Dossier n°10022 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2003

Héloïse Blondet Jubert

Année de nomination : 2003
Date de naissance : 01/12/1897
Date de décès : 30/10/1974
Profession : Cultivatrice

Gustave Blondet

Année de nomination : 2003
Date de naissance : 01/06/1889
Date de décès : 16/11/1972
Profession : Cultivateur
    Localisation Ville : Chambon-Sainte-Croix (23220)
    Département : Creuse
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Héloïse et Gustave Blondet, agriculteurs, exploitaient une ferme à Chambon Sainte-Croix (Creuse). Ils avaient un fils unique, Abel, qui, requis pour le STO en 1943, devint réfractaire. Il partit rejoindre le maquis et s’engagea dans les forces de la France Libre. Il participa à la réddition de l’enclave de La Rochelle. En janvier 1943, un convoi de 150 Juifs assignés à résidence par les autorités françaises fut transféré d’Aulus-les-Bains (Ariège) à Guéret et dispersé dans les villages des alentours.  Parmi ces refugiés se trouvaient le couple Erlich et leurs deux filles, Chancia, 14 ans, et Suzanne, 11 ans, assignés à résidence à Chambon Sainte-Croix. A la veille de la grande rafle du Vel’d’Hiv à Paris, M. Erlich s’était enfui en zone sud, alors que ses proches étaient cachés chez des amis. Il fut arrêté sur la ligne de démarcation et mis en résidence forcée à Aulus où le reste de la famille vint le rejoindre. A Chambon Sainte-Croix, Mme Erlich rencontra les Blondet en venant se ravitailler à leur ferme. D’abord ils refusèrent de se faire payer mais Mme Erlich insista. Héloïse interpella alors son mari : « Gustave, combien fait-on payer à cette petite dame ? ». Il répondit : « Le même prix que nous payent les boches ! », prix tout à fait dérisoire. Ce fut le début d’une longue amitié. A deux reprises, en avril et en novembre 1943, M. Erlich reçut une convocation pour se présenter à la gendarmerie. Il refusa d’obtempérer et les Blondet le cachèrent chez eux. Ensuite Mme Erlich partit accoucher à la clinique. Les Blondet accueillirent ses deux filles durant l’hospitalisation et prirent soin d’elles à titre gracieux. Malheureusement, le bébé mourut en couches. Les poursuites contre les Juifs et les réfractaires devenant de plus en plus dangeureuses, les Blondet offrirent alors aux Erlich de les recueillir chez eux. Ils les logèrent et les firent participer aux travaux des champs, leur permettant ainsi de couvrir une partie de leur entretien. Les Blondet devinrent pour les Erlich une seconde famille. Les survivants ont aussi témoigné du soutien de l’entourage. Les Erlich gardèrent des liens solides avec leurs sauveurs.             

    Le 2 juin 2003, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Héloïse et Gustave Blondet le titre de Juste parmi les Nations. 

    Le témoignage

    La famille ERLICH était composée du père, né en Pologne en 1897, de la mère, née en 1907 et d’ une fille Chancia, née le 5 mars 1929.

    La famille arrive à Paris en 1931. En 1932, naissance d’une autre fille. Le père s’engage comme volontaire dans l’armée française et est démobilisé en septembre 40. Il rentre à Paris pour rejoindre sa famille.

    Il quitte alors Paris pour aller en zone libre après juillet 42. Il est arrêté et incarcéré au Stadium de Pau, qui servait de camp de concentration, puis à Aulus les Bains (Ariège), où il est assigné à résidence.

    En septembre 42, Chancia et sa soeur arrivent à Aulus. La mère reste à Paris, à l’hôpital Tenon, cachée dans le pavillon de tuberculose. Elle rejoint sa famille en novembre 42.

    Les Allemands arrivent à Aulus pour déporter les juifs (il y en avait 150). Le maire doit dresser la liste. La gendarmerie dit que c’est le préfet. Le préfet de la Creuse est informé de cette affaire et le 10 janvier 43 des autocars conduisent les juifs à Saint Girons. Le voyage en train dura 3 jours et 3 nuits. Ils arrivent à Limoges le 12 janvier 43, puis à Guéret le 13. La Croix-rouge accueille toutes les familles.

    La famille ERLICH se rendit à Chambon Sainte Croix où les Blondet les accueillent. Ils s’occuperont d’eux jusqu’en septembre 45 et aideront Madame ERLICH à accoucher en novembre 43.

    Documents annexes

    Article de presse - 12/05/2004Article de presse – 12/05/2004
    27 juillet 2017 17:20:59

    Articles annexes

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