Dossier n°10028 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Elise (Dupuis) Gratien

Année de nomination : 2003
Date de naissance : 09/07/1908
Date de décès : 27/03/1998
Profession : Sans profession

Françoise (Chartres) Gratien

Année de nomination : 2003
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Sans profession

Marcel Gratien

Année de nomination : 2003
Date de naissance : 21/10/1900
Date de décès : 05/06/1970
Profession : Pêcheur
    Localisation Ville : Anthy-sur-Leman (74200)
    Département : Haute-Savoie
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Elise et Marcel (dit : Henri) Gratien résident avec leur fils unique, Jean-François, 13 ans, à Anthy-sur-Leman (Haute-Savoie), près de Thonon-les-Bains. Marcel est pêcheur. Pendant la drôle de guerre, il est cantonné à Reichshoffen (Bas-Rhin) où il rencontre Jacqueline Strauss dont le père est commerçant.

    Devant l’invasion allemande, celle-ci s’enfuit avec sa mère Gabrielle Guthmann épouse Strauss et sa sœur Margot ainsi que son oncle et sa tante, les Asch. La famille se replie d’abord dans les Vosges puis, après un séjour d’un an à La Châtre (Indre), s’installe à Thonon-les-Bains, avenue de Genève.

    Un jour, Marcel qui habite près du lac Léman, reconnait Jacqueline dans la rue. Une vraie amitié se noue alors entre les deux familles. Quand les troupes allemandes envahissent la zone italienne en septembre 1943, les Juifs deviennent la cible de rafles impitoyables. Le couple Gratien propose alors sans hésitation d’héberger chez eux à Anthy, Margot et sa mère, Jacqueline étant partie entre temps pour Lyon, ainsi que le couple Asch. Ils cachent aussi leurs livres de prières dans leur grenier. Leur situation à Anthy devenant de plus en plus précaire et périlleuse, Marcel décide de les emmener chez sa mère, Françoise, veuve, qui habite seule dans un petit village de Saône-et-Loire, à Azé.

    Il les accompagne en train de Thonon à Lyon où ils passent une nuit à attendre la correspondance pour Mâcon, dans une gare fourmillant d’Allemands, soumise à des contrôles fréquents. Leurs cartes d’identité fournies par Marcel portent leurs vrais états civils sans la mention juif. A hauteur de Aix-les-Bains, Gabrielle et sa fille Margot se font contrôlées par les Allemands mais comme ils étaient pressés ils n’ont pas vérifié les papiers d’identité.

    Ils font ensuite 20 km à pied pour atteindre la maison de Françoise. Pour seule explication, Marcel lui annonce en arrivant : « Je t’amène des réfugiés – tu repars avec moi à Anthy ». Françoise met alors sa maison à leur disposition et leur laisse aussi toutes les provisions qu’elle avait préparées pour l’hiver. Les Asch y reçoivent leurs enfants qui s’étaient enfuis de Grenoble avant de passer en Suisse. Margot, sa mère et le couple Asch vivent à Azé jusqu’au printemps 1944 et ont la vie sauve grâce à l’humanité, le courage et la générosité des Gratien.

    Le 28 mai 2003, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Elise et Marcel Gratien et sa mère Françoise Gratien-Chartres, le titre de Juste parmi les Nations. 




    Mis à jour il y a 4 semaines.