Dossier n°10092 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Hélène (Augras) Buffet

Année de nomination : 2003
Date de naissance : 12/05/1908
Date de décès : 23/12/1957
Profession : sans profesion

Victor François Buffet

Année de nomination : 2003
Date de naissance : 06/11/1878
Date de décès : 02/04/1962
Profession : Retraité des postes
    Localisation Ville : Romans-sur-Isère (26100)
    Département : Drôme
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

     

    Les Buffet habitent une petite ferme dans les faubourgs de Romans-sur-Isère, dans la Drôme, avec leur fille unique de 34 ans, Lucienne. Victor est un ancien employé des postes. À l’automne 1942, le couple accueille Gunther Kirchheimer, un petit garçon juif de 10 ans. Originaire de Karlsruhe en Allemagne, il a été déporté en France avec ses parents en 1940. Internée à Gurs, la famille est ensuite transférée à Marseille, tandis que le père est incarcéré au camp des Milles.

    En 1942, ses parents sont transférés à Drancy, puis déportés par le convoi 20 vers Auschwitz, d’où ils ne reviendront pas. Gunther se retrouve seul. Il est alors recueilli par l’O.S.E. (Œuvre de Secours aux Enfants), organisation animée par des personnes dévouées et courageuses, qui usent d’astuce et de témérité pour soustraire les enfants juifs aux persécutions nazies. À Marseille, l’O.S.E. rassemble plusieurs enfants, dont Gunther, et prétend auprès des autorités qu’ils sont sous-alimentés et qu’un séjour en forêt leur est nécessaire. Les enfants sont ainsi placés dans différentes familles, puis au château de Chabannes dans la Creuse. Gunther est confié à la famille Buffet.

    Durant la guerre, Hélène et Victor accueillent quatre autres enfants juifs, le temps de leur trouver un refuge sûr. Gunther, très perturbé par les dramatiques péripéties vécues depuis deux ans, retrouve peu à peu la joie de vivre grâce à l’affection et à la douceur des Buffet. Ils lui fournissent de faux papiers au nom de Léon Hirch et, à cause de son accent, prétendent qu’il est leur filleul alsacien. Ils assurent également sa scolarité.

    Gunther reste chez eux pendant deux ans et demi, jusqu’à la Libération. Il suit une scolarité régulière et fait partie intégrante de la famille, participant aux travaux de la ferme et accompagnant Lucienne au marché pour vendre fruits et légumes. Hélène est presque totalement aveugle. Pendant les combats pour la Libération, la famille doit évacuer la ferme. Gunther se porte volontaire pour nourrir les animaux (deux chèvres, quelques poules…) et se retrouve face au canon d’un tank allemand. Par chance, c’est l’été et le blé est haut : il parvient à s’enfuir et à se cacher dans les épis alors que des coups sont tirés.

    Malgré le danger et le risque de dénonciation, les Buffet accueillent encore d’autres enfants confiés par l’O.S.E. pour de courtes périodes. L’un d’eux, Gérald Blumenthal, séjournera chez eux pendant huit mois, jusqu’à la fin de la guerre.

    Respectueux de leur foi, les Buffet permettent aux enfants de célébrer leur Bar Mitzvah en mai 1945, après la libération de la région, dans une salle décorée pour l’occasion et en présence du maire ainsi que de personnalités de Romans. Le rabbin Kahn de Grenoble préside la cérémonie.

    Sans famille en France, Gunther est finalement retrouvé par un oncle enrôlé dans l’armée américaine, qui l’emmène vivre aux États-Unis. Il entretient jusqu’à leur décès des relations affectueuses avec les Buffet, dont la bonté et la générosité lui avaient redonné le goût de vivre.

     

    Le 25 août 2003, Yad Vashem – Institut international pour la mémoire de la Shoah – a décerné à Hélène et Victor Buffet le titre de Juste parmi les Nations.

     

    Documents annexes

    Invitation cérémonie Buffet

     




    Mis à jour il y a 1 semaine.