Les Justes
André Proudhon
Année de nomination : 2004Date de naissance : 30/12/1914
Date de décès : 09/07/1944
Profession : Officier dans l’armée
Département : Saône-et-Loire
Région : Bourgogne-Franche-Comté
L'histoire
André Proudhon habitait à Sanvignes-les-Mines (Saône-et-Loire) et s’était lié d’amitié avec une jeune juive, Erna Westreich. La famille d’Erna, ses parents et ses deux sœurs, originaire de Metz, s’était repliée lors de l’invasion allemande à Montceau-les-Mines en zone occupée. En juillet 1942, Erna et sa mère furent arrêtées et déportées. En octobre 1942, le père subit le même sort. Ils furent mis à mort dans l’Est. André prit alors sous sa protection les deux sœurs d’Erna, Mina et Netty, 16 et 13 ans, menacées du sort tragique de leurs proches. Il leur fit franchir clandestinement la ligne de démarcation et les emmena chez ses oncles, les Trombone, qui habitaient à Billiat (Ain). M. Trombone travaillait à la construction du barrage de Génissiat sur le Rhône et était aussi activement engagé dans la Résistance. Il fit embaucher André sur le même chantier, ce qui lui permit de subvenir aux besoins des deux fillettes avec une partie de son salaire. Ayant rejoint le maquis, André les entraîna dans ses activités de résistance au maquis de l’Ain pour lequel Netty, sous le nom de guerre de Georgette Proudhon, effectua plusieurs missions de liaison. Ensuite, ils intégrèrent le maquis « Serge » à Planchez (Nièvre). En juillet 1944, après le sabotage d’un passage à niveau, André et son groupe de FFI tombèrent dans une embuscade au cours de laquelle il fut abattu, à Epinac-les-Mines. Il fut décoré de la Légion d’Honneur et de la Médaille de la Résistance et un monument fut érigé à son nom à Sanvignes-les-Mines. Après la guerre, Netty fut légalement adoptée par la fille des Trombone et son mari chez qui elle put retrouver un foyer.
Le 15 janvier 2004, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à André Proudhon, le titre de Juste parmi les Nations.
Le témoignage
La famille Weistreich, immigrée de Pologne, vivait avant la guerre à Metz. Fin 1939, le père, Abraham Westreich, son épouse Feiga, et leurs trois filles, Erna, Netty et Mina, furent évacués vers Montceau-les-Mines, où résidait déjà une partie de la famille. Le 14 juillet 1942, la maman et sa fille aînée Erna sont arrêtées, transférées au camp de Pithiviers, puis déportées à Auschwitz, d’où elles ne reviendront pas. Le 9 octobre 1943, c’est Monsieur Westreich qui est arrêté à son tour à Montceau-les-Mines, transféré à Drancy, puis déporté le 25 octobre 1942 à Auschwitz, où il disparut.
Netty et Mina restées seules, sont alors prises en charge par André Proudhon, un ami de leur sœur Erna, alias Lieutenant Serge dans les F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur). Il leur fait passer la ligne de démarcation avec l’aide d’un de ses compagnons, Monsieur Pariat et accompagne les deux soeurs dans un maquis de l’Ain. Il trouve alors un emploi pour subvenir à leurs besoins et les fait héberger chez ses oncle et tante, M et Madame Trombone, également membres des F.F.I. Malgré son jeune âge, Netty effectue plusieurs missions au sein de différents maquis, sous le faux nom de Georgette Proudhon.
Devant le danger des dénonciations et la menace d’être poursuivies par les allemands, leur protecteur les conduit de maquis en maquis, (dans l’Ain et dans la Nièvre) où il continue son combat dans la Résistance.
En juillet 1944, André Proudhon est tué lors d’une action de sabotage à Epinac-les-Mines. Ce qui lui vaudra les titres de » Lieutenant Serge » Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaille Militaire, Croix de Guerre. Un monument à son nom se trouve à Sauvignes-Les-Mines.
A la Libération, Monsieur et Madame Veillaud (soeur de Monsieur Trombone) ont recueilli Netty et assuré son avenir, lui permettant de poursuivre ses études et de trouver une situation. De plus, ils l’ont adoptée afin qu’elle retrouve un foyer.
André Proudhon et les familles Veillaud et Trombone étant décédés, c’est la fille de Monsieur et Madame Trombone, Mireille Tsacalo Trombone, qui recevra au nom d’André Proudhon, la Médaille des Justes.