Dossier n°10241 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Charles Westphal

Année de nomination : 2004
Date de naissance : //
Date de décès : 11/01/1972
Profession : Pasteur

Denise Westphal Leenhardt

Année de nomination : 2004
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : mère au foyer
    Localisation Ville : Grenoble (38000)
    Département : Isère
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Sous l’Occupation, Charles Westphal était Pasteur de la communauté protestante de Grenoble (Isère). Le couple y résidait avec ses six enfants. Théologien de renom et personnalité éminente du protestantisme français d’avant-guerre, il fut directeur de l’importante revue protestante « Foi et Vie » dans le cadre de laquelle il diffusa les écrits et la pensée du professeur Karl Barth et amorça une véritable révolution des mentalités dans la perception des relations judéo-chrétiennes au sein de la communauté protestante. Durant l’Occupation, il apporta une contribution importante à l’élaboration des thèses de Pomeyrol, rédigées en 1941 par une assemblée de pasteurs pour lutter contre le nazisme et l’antisémitisme. Madeleine Barot*, animatrice de la CIMADE, y prit aussi une part déterminante. L’influence spirituelle de Charles Westphal incita de nombreux protestants à sauver des Juifs, notamment sur le plateau Vivarais-Lignon. Très discret sur ses propres actions de sauvetage, le couple Westphal réussit à faire sortir du camp de Rivesaltes Imre Gomery, un Juif hongrois, destiné à la déportation. En attendant sa libération, sa femme trouva chez les Westphal « le réconfort et l’espoir ». Ensuite le couple continua à les aider en leur fournissant des colis de ravitaillement. Simon Feigelson, 18 ans, jeune juif réfugié à Grenoble avec sa famille, reçut sa convocation pour le STO en septembre 1943. Il décida de s’y soustraire et fut recherché par les autorités. Le Pasteur Westphal proposa de l’héberger. Denise Westphal fit des prouesses pour nourrir tous ses hôtes car il y avait un autre ménage de fugitifs juifs cachés dans leur chambre de bonne. Claude, une de leurs filles, lui montait ses repas. Le couple Westphal prit d’énormes risques puisque leurs positions étaient connues du public et que la police française et la Gestapo sévissaient cruellement contre toute personne impliquée dans le sauvetage de Juifs, surtout après le retrait des troupes italiennes de la région, en septembre 1943. Jusqu’à son décès, Charles Westphal a œuvré sans relâche pour le rapprochement entre Juifs et Chrétiens.

    Le 13 avril 2004, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Denise et Charles Westphal le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Simon Feigelson est né en 1925 à Saint-Pétersbourg. Il a 3 ans lorsque lui et sa famille arrivent en France en 1928. Pendant la guerre, ils résident à Paris et échappent de justesse à la rafle du Vel d’Hiv, le 16 juillet 1942.

    En 1943, réfugié à Grenoble, Simon fréquente le lycée, mais en septembre, il reçoit une convocation pour le S.T.O (service du travail obligatoire). Il doit se rendre à la Police avec deux jours de vivres et ses papiers, mais il décide de ne pas y aller.

    C’est à ce moment que le Pasteur Charles Westphal, qui réside à Grenoble avec sa famille, lui propose de l’héberger chez lui.
    Denise et Charles Westphal ont six enfants. Bien qu’il soit difficile de nourrir tout ce monde, ils n’hésitent pas à accueillir Simon, qui n’a plus de carte d’alimentation, et qui est, de plus, recherché par la Police. La Gestapo et la Police française sévissent à Grenoble, mais malgré les risques de dénonciation, les Westphal assurent la sécurité de Simon, lui prodiguant gentillesse et sympathie pour adoucir ses malheurs. Après quatre mois passés chez les Westphal, Simon Feigelson se rend dans la Drôme, rejoint un camp de maquisards et s’engage dans l’armée française à la Libération.

    Le Pasteur réussit aussi à faire libérer du camp de Rivesaltes le peintre hongrois Imre Gomery, et à faire sortir plusieurs Juifs arrêtés du siège de la Gestapo. Le dimanche 14 juillet 1940, il n’hésita pas à condamner en chaire le régime nazi et, bien que dénoncé, il ne fut pas arrêté.
    De septembre 1941 à 1942, en pleine occupation, sont rédigées
    sous sa direction des thèses prônant la tolérance et rejetant le racisme et les persécutions religieuses.

    Après la guerre, le Pasteur continua sans relâche son combat humaniste, de nombreux écrits en témoignent.

    Lorsque le Pasteur Westphal décéda le 11 janvier 1972, de nombreux hommages lui furent rendus, notamment par la presse juive, ainsi que par le grand Rabin Jacob Kaplan.

    Article de presse - Information juiveArticle de presse – Information juive
    Invitation cérémonie Westphal