Dossier n°10253a - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Victor Weber

Année de nomination : 2004
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession :
    Localisation Ville : Paris (75003)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    Henri Rudolph, né en 1904, et Élisabeth, née en 1910, habitaient Metz avec leurs deux fils Léon et Joseph qui avaient 13 et 14 ans en 1940 lorsque toute la famille quitta la Moselle au moment de l’annexion par les Allemands pour aller s’installer à Paris, 8 cité du Petit-Thouars dans une arrière-cour du 3ème arrondissement, proche du « Carreau du Temple », un petit monde où tous les habitants se connaissent et se côtoient.
    En 1941, Victor Weber, le demi-frère d’Henri Rudolph, les y rejoint ainsi que Elizabeth Meyer, une nièce dont le père est juif et la mère est chrétienne, qui arrive de Metz et que sa famille a souhaité mettre à l’abri chez les Rudolph. Ses parents se sont réfugiés en Ardèche à l’arrivée des troupes allemandes en Moselle, et la mère de la petite Elisabeth pense qu’elle sera plus en sécurité dans sa propre famille, non juive et donc, naturellement, à Paris chez les Rudolph.
    Il ont pour voisins deux familles juives. Hélène et Henri Zdrojewski et leur fils Pierre et les Wieviorka qui sont sept : les parents et leurs cinq enfants, deux garçons Abi et Meni et trois filles, Anna, Esther et Thérèse. La famille Zdrojewski habite dans l’immeuble qui donne sur la rue tandis que les Rudolph résident dans le fond de la cour intérieure.
    Lors de la rafle de Juillet 1942, Hélène Zdrojewski est arrêtée et parquée, comme tant d’autres, au Vélodrome d’Hiver avant d’être envoyée à Drancy et en déportation dont elle ne reviendra jamais. Son époux Henri Zdrojewski réussit à échapper aux policiers en se réfugiant dans l’appartement des Rudolph, tandis que Pierre, 14 ans, qui se trouvait à l’extérieur, est récupéré et ramené également dans la famille Rudolph par Victor Weber, le demi-frère d’Henri. Ils seront ainsi cachés par Élisabeth et Henri Rudolph de juillet 1942 à la fin de la guerre.
    Hélène sera déportée sans retour de Drancy à Auschwitz par le convoi n° 10 du 24 juillet 1942.
    Henri Zdrojewski et son fils Pierre restent dans la famille Rudolph jusqu’à la fin de la guerre. Un cousin menuisier leur aménage spécialement des caches dans les faux plafonds.
    Esther Wieviorka se cachera aussi chez les Rudolph tandis que ses parents et ses deux sœurs sont été raflés à Nice, puis demeure chez une tante des Rudolph, une célibataire du nom de Strunk, habitant l’immeuble voisin… avant que celle-ci ne soit déportée à Ravensbrück pour faits de Résistance. Victor Weber épousera Esther Wieviorka de quatre ans son aînée après la libération et ils auront un fils, Jacques.
    De plus, les Rudolph recueillent une dame juive âgée. Mais ne supportant pas de rester enfermée, cette dernière, sortait nuitamment avec l’étoile jaune et une nuit, n’est pas revenue…
    Que de monde dans ce même appartement qu’il faut réussir à loger, à cacher au besoin dans les doubles fonds ou de faux caissons, spécialement aménagés, mais surtout il faut nourrir tout ce petit monde, sans avoir suffisamment de cartes d’alimentations.
    Henri Rudolph, grâce à une autorisation de circuler la nuit court à nouveau de gros risques de se faire arrêter en allant acheter de la nourriture au marché noir. Dans la cité Dupetit-Thouars, l’atmosphère est angoissante, avec des multiples perquisitions de la police française et de la Gestapo. Mais à chaque visite de la police, alors même qu’elle sonde les faux plafonds, Henri Rudolph réussit toujours à éviter les drames.
    Après la guerre, en épilogue de cette passionnante page d’Histoire, tout le monde se sépare aussi simplement qu’ils s’étaient retrouvés autour de Henri et Élisabeth Rudolph. (mais pas vraiment complètement).
    Henri Zdrojewski et son fils Pierre ouvriront un petit atelier de confection toujours cité du Petit-Thouars.
    Elisabeth Meyer se retrouvera seule et devra travailler dès l’âge de 12 ans.
    Léon Rudolph et ses parents resteront quelque temps à Paris, toujours en contact avec Henri Zdrojewski et son fils Pierre avant de rejoindre l’Alsace.
    C’est à Léon Rudolph, ouvrier du bâtiment en retraite demeurant à Neuwiller-les-Saverne, que la médaille des Justes honorant ses parents a été remise.
    L’été 1999, Léon Rudolph, sort du Musée judéo alsacien de Bouxwiller qu’il vient de visiter avec son épouse et raconte à Gilbert Weil, le créateur de ce musée, comment ses parents avaient caché, de la rafle du Vel ‘d’Hiv jusqu’à la Libération, trois personnes juives.
    Après cette conversation, Gilbert Weil décide de constituer un dossier afin de garder en mémoire cet acte de courage. Pour ce faire, il part à la recherche de témoins encore vivants afin de recouper leurs déclarations. Les époux Weil se rendent dans le sud de la France pour retrouver Élisabeth, puis Jacques Weber, le fils né du mariage de Victor Weber et d’Esther. Le contact est établi à Paris avec son oncle, Meni Wieviorka : durant la guerre, celui-ci était passé en Suisse avec son frère Abi avant de rejoindre la Résistance armée.
    Abi Wiervorka est d’ailleurs le père de Annette Wieviorka, historienne, chargée de recherche au CNRS, et de Michel Wievorka, journaliste. Meni confirme que les sœurs d’Esther, leurs maris ainsi que les parents ont disparu à Auschwitz.
    Retrouver les traces des autres réfugiés, Henri Zdrojewski et son fils Pierre, dont le patronyme au départ était mal orthographié, a demandé beaucoup de recherches à Gilbert Weil.

    Le 29 février 2004, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Victor Weber, le titre de Juste parmi les Nations.

    Voir l’exposition sur les Justes parmi les Nations de Paris