Dossier n°10278 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2004

Jeanne Dumont

Année de nomination : 2004
Date de naissance : 09/04/1896
Date de décès : 05/08/1986
Profession : Professeur au Lycée Camille See
    Localisation Ville : Paris (75015)
    Département : Paris
    Région : Île-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    Jeanne Dumont
    Jeanne Dumont, professeur de lettres classiques à Paris, s’était liée d’une certaine amitié avec la famille Fayles Bernstein, très anciennement immigrée de Russie. Le père, représentant en machines à écrire, ainsi que la mère et leurs deux enfants Irène,  11 ans et demi et Bernard, 7 ans et demi s’étaient soumis à la loi et portaient l’étoile jaune. Jeanne Dumont, consciente du danger, et partant en vacances à Lille leur confia en juillet 1942 les clefs de son appartement pour qu’ils puissent en cas de besoin s‘y cacher, ce qu’ils firent lorsque le 15 du mois, un policier les prévint de l’imminence d’une rafle. Ils pensaient y rester très peu de temps mais s’y cachèrent un mois durant jusqu’à ce que Mademoiselle Dumont, prévenue par eux de la situation, revint en hâte à Paris munie de « vrais faux papiers ». Elle se préoccupa ensuite avec un courage et une abnégation sans pareils, de leur faire franchir la ligne de démarcation. Elle acheta cinq billets de chemin de fer pour les accompagner, avec l’intention de sauver au moins les enfants en cas d’arrestation. Elle ne rentra à Paris que lorsqu’elle sut avec certitude que la famille était arrivée saine et sauve à Marseille.  Elle les tint au courant par lettre du triste sort réservé à leurs proches restés à Paris. Les liens d’amitié ont perduré jusqu’à la mort de Jeanne Dumont.

    Le 27 mai 2004, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Jeanne Marguerite Dumont le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    En 1942, Monsieur et Madame Bernstein, qui avaient quitté la Russie avec leurs parents après la révolution de 1917, vivaient à Paris, dans le 15ème avec leurs deux enfants, Irène, 11 ans ½ et Bernard, 7 ans ½.

    Monsieur Bernstein, licencié en droit en 1925, était représentant en machines à écrire, ce qui faisait vivre modestement sa famille.
    Déclarés comme juifs sous l’occupation, ils subissaient le port de l’étoile jaune et le couvre-feu à 18 heures.

    Mademoiselle Jeanne Dumont, professeur de lettres classiques au lycée Camille Sée dans le 15ème, était en relation amicale avec la famille.

    A l’ été 1942, alors que des rumeurs de rafles circulaient, Mademoiselle Dumont, avant de rejoindre sa famille à Lille, proposa aux Bernstein de se réfugier dans son appartement, en cas de nécessité, la clé étant disponible chez le gardien.

    La veille de la rafle du Vel d’Hiv, un policier vint les avertir de l’imminence d’une énorme rafle. La famille décida de passer une nuit chez Mademoiselle Dumont, n’emportant que des affaires de toilette, mais ils ne purent rentrez chez eux qu’à la fin de la guerre.

    L’initiative de leur bienfaitrice leur sauva la vie cette nuit-là.
    Par contre, une voisine bien intentionnée, ayant entendu les miliciens annoncer leur prochaine visite, leur conseilla de se rendre.

    Dès lors, Mademoiselle Dumont se dévoua totalement pour cette famille. Elle revint de Lille avec de faux papiers établis par la Résistance et cacha les Bernstein durant un mois dans son appartement.

    Ayant acheté des billets de trains, elle décide, prenant de grands risques, de les accompagner jusqu’à la ligne de démarcation, dans le but d’être présente pour sauver les enfants, au cas où les parents seraient repérés. Elle ne rentre à Paris que lorsqu’elle est sûre que ses protégés sont arrivés sains et saufs à Marseille, où ils vivront cachés jusqu’à la Libération, grâce aux faux-papiers fournis par leur protectrice.

    Durant 3 ans, Mademoiselle Dumont les a tenus au courant, par lettres codées, du sort de leur famille restée à Paris. Il fut tragique pour certains de ses membres.

    Par son courage et abnégation, Mademoiselle Dumont a sauvé toute une famille, qui lui gardé jusqu’à sa mort, amitié et reconnaissance. 

     

    Documents annexes

    Aucun document

    Articles annexes

    Aucun autre article