Dossier n°10317 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages. Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2004

Joséphine Demeyrier

Année de nomination : 2004
Date de naissance : //
Date de décés : //
Profession : Exploitante de produits laitiers

Roger Demeyrier

Année de nomination : 2004
Date de naissance : //
Date de décés : //
Profession : Exploitant de produits laitiers

Localisation Ville : Ballaison (74140)
Département : Haute-Savoie
Région : Auvergne-Rhône-Alpes

Personnes sauvées

L'histoire

Roger et Joséphine Demeyrier habitaient le hameau de Crapons, commune de Ballaison (Haute Savoie) où ils possédaient une laiterie qui produisait beurre et fromages. Ils avaient deux toutes petites filles lorsqu’en janvier 1944 ils accueillirent la petite Catherine Lazar. Celle-ci avait été internée avec sa famille qui comportait cinq enfants au camp de Rivesaltes puis de Gurs, d’où l’OSE avait réussi à faire sortir quatre des enfants pour les envoyer dans des cachettes différentes. Catherine, par suite d’une dénonciation avait du passer huit jours dans une forêt puis avait été envoyée seule à onze ans et demi par le train, avec au cou une étiquette au nom de Catherine Lagarde, à Ballaison où l’attendait la famille Demeyrier qui avait demandé à recevoir des enfants. La famille soigna son angine, creusa un trou sous le poulailler pour la cacher lorsque la Résistance prévenait d’un danger. Joséphine l’envoyait à l’église mais ne l’obligeait pas à pratiquer. Elle aidait la maîtresse de maison à s’occuper des enfants et des champs. Un camion allemand s’arrêta un jour devant la maison, où des armes étaient cachées dans des bidons de lait, et Catherine se rendant compte qu’elle ne devait pas révéler qu’elle savait l’Allemand, vu l’origine de ses parents, expliqua à l’oreille de son hôte qu’ils voulaient du beurre et des fromages, ce qui les sauva tous. Joséphine alla aussi avec la fillette à Annecy lui acheter des vêtements. L’enfant resta huit mois dans cette famille et fut remise à la Libération à ses parents, rescapés de Buchenwald.

Le 18 juillet 2004, Yad Vashem a décerné à Roger et Joséphine Demeyrier le titre de Juste des Nations.

Le témoignage

En mai 1940, les Allemands envahissent la Belgique, la famille Lazar quitte Anvers pour le Sud-Ouest de la France, oĂą elle trouve refuge dans la famille Roth.

Mais en septembre 1940, Herman et Gisèle Lazar sont dĂ©portĂ©s avec leurs 5 enfants au camp de Brens, puis transfĂ©rĂ©s en fĂ©vrier 1941 au camp de Rivesaltes, d’oĂą Herman s’Ă©vadera.

En dĂ©cembre 1941, l’OSE ( oeuvre de secours aux enfants) recueille les enfants du camp pour les placer dans leurs Ă©tablissements.

 Catherine quitte ainsi le camp avec 3 de ses frères et ils passeront les 2 annĂ©es suivantes dans 6 maisons d’enfant diffĂ©rentes.

Fin 1942, les Allemands occupent la zone libre, le danger est de plus en plus pressant pour les enfants et l’OSE cherche des familles chrĂ©tiennes pour les accueillir.

C’est ainsi qu’Ă  10 ans Catherine Lazar, devenue Catherine Lagarde, se retrouve dans la ferme des Demeyrier Ă  Ballaison, en Haute Savoie dans le froid de dĂ©cembre 43 avec pour tout bagage un petit balluchon de coton.

Roger et JosĂ©phine Demeyrier ont respectivement 25 et 20 ans et sont les parents de 2 fillettes, Monique, 3 ans, et Josette, 1 an. Ils savent que Catherine est juive. Roger gère une coopĂ©rative laitière et Ă©lève des cochons, il fait incontestablement partie d’un rĂ©seau de RĂ©sistance.

Catherine arrive très affaiblie et malade, JosĂ©phine prend soin d’elle et Roger la dissimule dans une cachette, qu’il a amĂ©nagĂ©e sous le poulailler, dès que les Allemands sont dans le village . Elle restera 8 mois cachĂ©e chez les Demeyrier, participant Ă  la vie de famille et aux travaux de la ferme

En août 1944, Catherine aura le bonheur de retrouver toute sa famille

Roger et JosĂ©phine ont pris des risques en protĂ©geant cette petite fille juive, n’Ă©coutant que leur coeur et leur conscience : leur prioritĂ© Ă©tant le salut de leur prochain en dĂ©pit des dangers pour eux mĂŞme et leurs proches. Cette action exemplaire et dĂ©sintĂ©ressĂ©e a Ă©tĂ© accomplie avec gĂ©nĂ©rositĂ© et sans aucun dĂ©sir de se mettre en avant, comme me l’a confiĂ© leur fille Monique Ils sont dans cette pĂ©riode obscure une lueur de rĂ©confort et d’espoir

Catherine Lazar, devenue Madame Zmira Granit, a fait tout spĂ©cialement le dĂ©placement d’IsraĂĽl avec sa fille Anat pour ce moment de souvenir et d’Ă©motion.

L’institut Yad Vachem de JĂ©rusalem a dĂ©cernĂ© le titre de Justes parmi les Nations Ă  Roger et JosĂ©phine Demeyrier. Madame Dina Sorek remet Ă  ses enfants Monique et AndrĂ© la mĂ©daille et le diplĂ´me d’honneur

 

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