Dossier n°10343A - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Hélène De Campaigno

Année de nomination : 2004
Date de naissance : 08/03/1884
Date de décès : 19/10/1978
Profession : Lingère à la Pouponnière Beauregard
    Localisation Ville : Bourron Marlotte (77780)
    Département : Seine-et-Marne
    Région : Ile-de-France

    L'histoire

    Depuis le début des années trente, Suzanne Vaillant-Saunier dirige, aidée de son mari, artiste peintre, la pouponnière de Beauregard à Bourron-Marlotte (Seine-et-Marne) près de Fontainebleau. Elle emploie comme lingère Hélène de Campaigno de Patras, célibataire issue d’une famille d’aristocrates désargentés et orpheline. Hélène a fait sa scolarité au couvent des sœurs de Notre-Dame de Sion à Royan.   Dès 1942, par l’intermédiaire de l’ordre et de l’organisation clandestine des femmes de la Wizo, Suzanne et Hélène accueillent à la pouponnière qui est à deux pas de la Kommandantur, une vingtaine d’enfants juifs de 2 à 17 ans dont les parents ont été arrêtés et déportés. L’UGIF couvre une partie de leurs frais d’entretien. Avec l’aide du Maire et de la municipalité et la discrétion de la population,  elles peuvent disposer de cartes d’alimentation et les enfants en âge de scolarité peuvent aller à l’école. Grâce à leur dévouement, leur courage, la vie s’organise autour de ces enfants privés de leurs parents. Elles leurs offrent autant que possible une vie normale en sécurité et bienveillante.  Le 15 janvier 1944, le Père Jacques (Lucien Bunel) de l’ordre des Carmes qui dirige un collège de garçons à Avon à quelques kilomètres de Bourron-Marlotte est arrêté à la suite d’une dénonciation ainsi que trois élèves juifs cachés dans son établissement (comme le relate Louis Malle dans son film Au revoir les enfants). Suzanne est en relation avec le Père Jacques. Craignant pour les petits de la pouponnière de Beauregard le même sort que celui des garçons d’Avon, Suzanne et Hélène organisent leur transfert et leur dispersion en lieu sûr dans la Sarthe. Elles cachent les 23 enfants juifs de la pouponnière dans l’appartement de deux pièces d’Hélène pendant plusieurs jours et prennent contact avec Mère Louisa, Supérieure du couvent de Notre-Dame de Sion à Paris, pour évacuer les petits. Celle-ci envoya des religieuses habillées en civil qui les emmènent par groupes de deux ou trois vers des caches sûres soit chez des familles d’accueil, soit dans des institutions du département de la Sarthe. L’opération est couronnée de succès et les 23 enfants sauvés. Trois d’entre eux qui ont témoigné pour leur reconnaissance : Élie Astruc, 14 ans, Maurice Fajwlowicz, 12 ans et Roger Tragarz, 11 ans vouent une grande reconnaissance à ces deux femmes courageuses qui au péril de leurs vies ont pu tous les sauver. 

    Le 9 août 2004, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Suzanne Vaillant-Saunier et à Hélène de Campaigno, le titre de Juste parmi les Nations. 




    Mis à jour il y a 4 mois.