Dossier n°10370 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2004

Aline Salagnad

Année de nomination : 2004
Date de naissance : 07/10/1883
Date de décès : 12/11/1966
Profession : sans profession

Marcel Salagnad

Année de nomination : 2004
Date de naissance : 31/05/1885
Date de décès : 24/10/1957
Profession : Maire, propriétaire d’une laverie
    Localisation Ville : Cauvigny (60730)
    Département : Oise
    Région : Hauts-de-France

    L'histoire

    Aline et Marcel Salagnad résidaient au lieu-dit Bonvillers, commune de Cauvigny (Oise). Marcel était blanchisseur et le couple n’avait pas d’enfants. Dans le courant de l’année 1941-42, il accueillit sous son toit une petite fille juive, Eliane Nahama, 3 ans, et son cousin, Marcel Schreiber du même âge. Un autre de leurs cousins, Claude Benadon, était caché chez une famille voisine, à Noailles. Eliane et Marcel étaient accompagnés d’une gouvernante, Adeline Germain qui resta avec eux chez les Salagnad jusqu’à la Libération. Les parents des deux enfants qui étaient frères, avaient émigré de Salonique. Ils s’étaient installés en France vers la fin des années vingt et avaient ouvert un atelier de fabrication de chaussures tressées,  spolié en application des lois anti-juives de Vichy. Sentant la situation s’aggraver, leurs parents décidèrent de mettre les enfants à l’abri. Ils les remirent aux Salagnad et partirent se cacher de leur côté. Ils n’eurent pas la possibilité de leur rendre visite de sorte qu’Eliane s’habitua à l’idée que « Papa Lolo » et « Maman Lolo », comme elle les appelait, étaient ses vrais parents. Ils comblèrent les enfants d’amour et de tendresse et Eliane a gardé de cette période ses « plus beaux souvenirs d’enfance ». Lorsque la traque des Juifs s’amplifia, les enfants furent baptisés et se rendaient régulièrement à la messe. Le fait d’aller à l’église ne les différenciait pas des autres petits parisiens réfugiés au village pour échapper aux bombardements et avoir une meilleure nourriture. L’affection que le couple porta aux enfants, les laissa convaincus que si un malheur était arrivé à leurs parents, ils les auraient gardés. Quand leurs parents revinrent les chercher à la Libération, la séparation fut très douloureuse des deux côtés mais les familles conservèrent des liens durables. Les Nahama ont gardé une reconnaissance infinie envers les sauveurs des enfants.     

    Le 4 novembre 2004, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Aline et Marcel Salagnad le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    La famille d’Eliane Nahama est arrivée en France en 1927. Elle est originaire de Salonique, où elle possède beaucoup de biens. Ceux-ci sont vendus pour permettre l’installation en France. Son père, Samuel Nahama, ainsi que ses frères et soeurs, ouvrent un grand atelier de fabrication de chaussures tressées dans le 19ème : cette usine performante permet à tous de mener une vie sans histoire. La petite Eliane naît le 1er septembre 1939. Après juin 1940, ses parents se soumettent aux lois de Vichy, mais il devient bientôt urgent pour eux de mettre leur enfant en sûreté. Grâce à des amis – ou peut-être à l’OSE – une cachette est trouvée pour Eliane et son cousin germain Marcel Schreiber, chez Marcel Salagnad, alors Maire de Cauvigny, et son épouse Aline. Les deux enfants sont restés là – en compagnie de la gouvernante Adeline Germain – jusqu’à la fin de la guerre, entourés d’amour et d’affection. Ils recevaient parfois la visite de leur cousin Claude Benadon, caché dans un village voisin. En 1944, par précaution, les enfants sont baptisés et vont aller à l’église le Dimanche. A la libération, lorsque ses parents sont venus la rechercher, Eliane ne les a pas reconnus et sa réadaptation a été très difficile car elle pleurait  » Papa et Maman Salagnad « .

    Documents annexes

    Invitation cérémonie SalagnadInvitation cérémonie Salagnad
    19 mars 2014 09:07:46

    Articles annexes

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