Les Justes
Jean-Severin Lemaire
Année de nomination : 1976Date de naissance : 04/06/1906
Date de décès : 20/12/1985
Profession : Pasteur évangélique
Département : Bouches-du-Rhône
Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire
Jean Séverin Lemaire était le pasteur de la paroisse de l’Eglise protestante évangélique de Marseille (Bouches-du-Rhône). Il donnait également des cours de Bible. Vers la fin de l’année 1941, il fit la connaissance, après une conférence, de Joseph Bass, un juif né en Russie qui avait fondé le réseau clandestin Service André. Le pasteur accepta d’apporter son aide à cette organisation de sauvetage, qui s’était donné pour nom : « Groupe d’action contre la déportation ». Le Service André opérait surtout à Marseille et le long de la côte méditerranéenne. Il regroupait des volontaires de diverses confessions. Tous étaient conscients des risques qu’ils prenaient. Le Service André s’occupait notamment de mettre en lieu sûr les Juifs persécutés soit en les envoyant dans d’autres régions, telle la Haute-Loire – où de nombreux Juifs trouvèrent refuge au Chambon-sur-Lignon dont les habitants, protestants pour la plupart, étaient particulièrement sensibles aux questions de persécution religieuse et se montraient disposés à aider les victimes – soit en les faisant passer à l’étranger. Le dimanche après l’office, le pasteur remettait aux fugitifs juifs de faux papiers et l’adresse de personnes prêtes à leur donner asile. Il plaçait les enfants dans des familles ou des institutions chrétiennes et aidait les adultes à passer la frontière ou à se cacher. Il n’hésita pas à intervenir auprès de la Croix-Rouge pour faire libérer des Juifs emprisonnés dans des camps. Ce fut le cas des treize membres de la famille Wigderbun. Le 14 mars 1943, dénoncé par un mouchard, Jean Lemaire fut arrêté par la Gestapo en compagnie de Joseph Bass qui réussit à s’évader. Le pasteur, qui n’avait pas voulu se cacher, fut incarcéré dans la cellule des Juifs à la prison Saint-Pierre. Il s’efforça de leur remonter le moral et célébrait avec eux l’office du Chabbat le vendredi soir. La petite Francine Weil, qui avait cinq ans à l’époque, se souvient de lui comme d’un « rabbin haut de taille et à la barbe noire ». L’enfant, qui avait été arrêtée avec ses grands-parents, les Abravanel, avait la coqueluche. Grâce à la vigoureuse intervention du pasteur, elle fut envoyée à l’hôpital, dont la Résistance réussit à la faire sortir. Jean Lemaire intervint également pour protéger un Juif qui venait d’être jeté dans sa cellule, et qui, soupçonné d’être un dénonciateur, était sur le point d’être écharpé par les autres prisonniers. Le 5 avril 1944, le pasteur fut déporté au camp de Mauthausen, puis transféré à Dachau. Il réussit à survivre jusqu’à la libération du camp par les Américains. Aucun des détenus juifs de la cellule ne survécut.
Le 19 février 1976, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, au pasteur Jean Séverin Lemaire, le titre de Juste parmi les Nations.