Les Justes
Année de nomination : 2005Marcel Clerbois
Année de nomination : 2005Date de naissance : 25/08/1897
Date de décés : 29/02/1988
Profession : Directeur d’un pensionnat
Lucienne Clerbois Taillard
Année de nomination : 2005Date de naissance : 24/08/1899
Date de décés : 13/09/1964
Profession : Directeur d’un pensionnat
Département : Seine-Saint-Denis
Région : Île-de-France
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
Marcel et Lucienne Clerbois en 1955
Lucienne et Marcel Clerbois avaient rachetĂ© en 1923 un internat pour garçons situĂ© Ă Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). VĂ©tĂ©ran de la Guerre de 1914-1918 et enseignant Marcel y accueillait des Pupilles de la Nation. Lucienne assurait le bon fonctionnement de la cuisine et du ravitaillement, poste essentiel. En 1939, Marcel fut Ă nouveau appelĂ© sous les drapeaux et après sa dĂ©mobilisation et l’exode, le couple rĂ©ouvrit son institution Ă Rosny. Dès la grande rafle de juillet 1942 Ă Paris, il accueillit des enfants juifs pourchassĂ©s et intĂ©gra des adultes juifs dans son personnel. Le petit David Coronel avait Ă©tĂ© tĂ©moin de l’arrestation de son père, Juif d’origine turque, en aoĂ»t 1941. Sa famille s’était alors enfuie en zone sud et David passa l’annĂ©e scolaire 1942-43 dans un internat Ă Roanne. De retour Ă Paris, sa mère le plaça dans l’établissement des Clerbois Ă Rosny-sous-Bois oĂą il obtint son certificat d’études en mai 1944. CachĂ©e dans une chambre de bonne Ă Paris et dans l’impossiblitĂ© de circuler, sa mère ne pouvait pas payer sa pension. Après la rafle de juillet 1942, le petit Jacques Rozenfarb fut cachĂ© pendant un mois Ă l’hĂ´pital des Enfants Malades Ă Paris. En septembre 1942, les Clerbois l’accueillirent dans leur Ă©tablissement et le cachèrent jusqu’à la LibĂ©ration, sous le nom de Jacques Genty. Yves Gordon reçut le mĂŞme accueil de fin 1943 Ă la LibĂ©ration sous le nom de Xavier Poulet. Les Clerbois employaient comme intendant, un Juif plus âgĂ©,EphraĂŻm Berman, rescapĂ© de la rafle du Vel’d’Hiv avec son bĂ©bĂ© henri Berman. Des rĂ©sistants et des rĂ©fractaires trouvèrent eux aussi refuge dans leur Ă©tablissement. Leur gĂ©nĂ©rositĂ© a sauvĂ© de nombreux Juifs de la dĂ©portation.         Â
Le 11 mai 2005, Yad Vashem a décerné à Lucienne et Marcel Clerbois le titre de Juste parmis les Nations.
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Le témoignage
David Coronel, Yves Gordon et Jacques Rozenfarb sont des adolescents juifs. Ils sont recueillis en 1942 par les instituteurs, Marcel et Lucienne Clerbois. Ces derniers ont inlassablement protégé et sauvé de nombreux enfants juifs.
Accueillis comme internes, ils bĂ©nĂ©ficient d’un enseignement attentif, d’une cachette sĂ»re, et des soins maternels de Lucienne Clerbois. De faux papiers sont fournis lorsque cela s’avère nĂ©cessaire.
La générosité et le dévouement exemplaire de Lucienne et Marcel Clerbois, qui risquent leur vie, ont porté leurs fruits, car tous leurs protégés ont été sauvés.
David Coronel se souvient:
En 1942 ma soeur et moi, nous sommes passĂ©s en zone libre par Salis de Bearn, pour rejoindre un oncle habitant Ă Pau. Pau ville oĂą les allemands n’Ă©taient pas encore. Cet oncle a Ă©tĂ© dĂ©portĂ© par le dernier convoi en 1944. De lĂ , je suis parti Ă Roanne oĂą j’ai Ă©tĂ© cachĂ© au lycĂ©e pendant l’annĂ©e scolaire 1942/43 dans la classe de 6.eme de Monsieur Jacquard. La zone libre n’Ă©tant plus libre, je suis revenu me cacher Ă Rosny sous bois oĂą monsieur Clerbois m’a gardĂ© et protĂ©gĂ© pendant l’annĂ©e scolaire 43/44, annĂ©e de mon certificat d’Ă©tudes. La pension Clerbois Ă©tait face aux rails et Ă la gare de Rosny. Monsieur Clerbois, ce Juste qui m’a cachĂ©, protègeait un autre enfant juif, Jacques Bontemp; bien plus tard nous nous sommes revus. Souvent je vais voir cette pension qui n’existe plus, mais le perron et la maison sont toujours lĂ . Mon père avait Ă©tĂ© dĂ©portĂ© Ă drancy depuis le 21 aoĂ»t 1941, mais Ă©tait mort en aoĂ»t 1942; ma mère Ă©tait seule Ă Paris, cachĂ©e elle aussi. Ma soeur Ă©tait cachĂ©e chez la famille d’une amie. Merci Ă toutes ces personnes qui m’ont cachĂ©, merci Ă tous ces justes Ă qui je pense tous les jours.merci Ă mon père, merci Ă ma mère qui m’a dit Ă Salis de Bearn, avant de nous laisser partir avec un passeur chante : chante surtout si tu as peur.
Je chante souvent: peut-ĂŞtre que j’ai souvent peur.Â
L’an dernier, Ă l’HĂ´tel de Ville de Paris, lors de la remise, par le Maire de Paris, Bertrand DelanoĂ«, de la mĂ©daille des Justes accordĂ©e par le MĂ©morial de Yad Vashem, Ă mon sauveur, Monsieur Clerbois, Directeur du pensionnat oĂą il fut cachĂ©, David Coronel prononça ce bref discours Ă son adresse :
« 60 ans pour qu’on en parle.
Pendant cette longue période de vide, nous avons souvent parlé de la guerre et des nazis assassins.
Et les bons,et les gentils, ?… Nous avons souvent oubliĂ© d’en parler.
Il aura fallu tout ce temps pour honorer et reconnaître Monsieur et Madame Marcel Clerbois, Justes parmis les Nations.
En veritĂ© je ne suis que le tĂ©moignage encore vivant, et j’ai eu la grande chance de pouvoir m’exprimer, grace à « Paroles d’Etoiles ».
Et cette bonne Ă©toile Ă voulu que Monsieur Hubert Clerbois lise ces quelques lignes d’une pĂ©riode de ma jeune vie.
Tout le mérite de cette cérémonie pour ses grands parents revient à Monsieur Hubert Clerbois qui a oeuvré pour faire reconnaitre Monsieur et Madame Marcel Clerbois justes parmi les nations.
Ils m’ont cachĂ© protĂ©gĂ©, et très sinçèrement, souvent je pense Ă eux.
Un merci ne suffit pas.
Ils ont maintenant notre reconnaissance pour toujours.
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Documents annexes
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Article de presse – le parisien du 16/06/2011 8 janvier 2014 11:31:25 |
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Article de presse – Bulletin municipal de Rosny sous bois de septembre 2011 8 janvier 2014 11:30:18 |
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Invitation cérémonie Clerbois 8 janvier 2014 11:29:08 |
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Le courage des époux Clerbois enfin honoré 31 décembre 2012 13:08:46 |