Dossier n°10576 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marthe (Roth) Dubois

Année de nomination : 2005
Date de naissance : 08/09/1911
Date de décès : 24/02/2003
Profession : Sans profession

Roland Dubois

Année de nomination : 2005
Date de naissance : 17/05/1911
Date de décès : 18/11/1959
Profession : Pasteur
    Localisation Ville : Périgueux (24000)
    Département : Dordogne
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Roland Dubois était pasteur. Le couple, originaire d’Alsace, avait été évacué de la région au début de la guerre et replié à Périgueux (Dordogne). Le gouvernement leur attribua un petit logement dans des baraquements préfabriqués aménagés dans l’urgence. En 1942, naquit son premier enfant. Le pasteur Dubois fit alors la connaissance de M. Plawner par l’intermédiaire d’un ami alsacien, M. Sommer, lui aussi réfugié, qui travaillait à la caserne de Périgueux comme lui. Juif d’origine polonaise, il avait émigré en Allemagne et ensuite s’était installé en France. Engagé volontaire  au début des hostilités, il avait été démobilisé en zone sud où sa famille l’avait rejoint. Il travaillait comme cordonnier à la caserne du 26 RI, pour les services d’intendance de l’armée française. Durant la période critique des rafles de Juifs étrangers en zone sud, en août 1942 et février 1943 en particulier, et plus tard quand des rumeurs d’arrestation commençaient à circuler, M. Plawner dormait à la caserne. Son fils Maurice, 12 ans, se cacha et dormit chez les parents d’un ami qui étaient gardiens de cimetière.  Quand des patrouilles allemandes ou de miliciens s’en approchaient trop, il se cachait dans les tombes ou à l’intérieur des chapelles voire même dans les fosses ouvertes. Quant à sa mère et sa sœur de 15 ans, Emma, elles trouvèrent refuge chez la famille Dubois. Sa mère y séjourna quelques temps et fut présentée comme une cousine venue aider Marthe pour le ménage et les soins du bébé. Pour éviter de dévoiler son accent étranger, le couple expliqua qu’elle était sourde-muette. En janvier 1943, le Pasteur Dubois tenta une demande auprès du Préfet de Dordogne qui y donna une suite favorable et à l’issue de laquelle la mention « juive » fut rayée des papiers d’identité d’Emma. Pour renforcer la crédibilité de son histoire, le Pasteur Dubois demanda à Maurice et Emma d’assister à l’office du temple protestant et aux cours du dimanche. C’est grâce à la protection des Dubois que les Plawner ont survécu à la guerre.

    Le 11 mai 2005, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Marthe et Roland Dubois, le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    La famille Plawner est originaire de Pologne. Hermann et Lotte se marient en 1917. 4 enfants naissent : Hava, Fanni, Emma et Moritz. Herman Plawner est cordonnier. Ils arrivent en France en 1937, après être passés par l’Allemagne, la Tchécoslovaquie et la Palestine. A la déclaration de la guerre, M. Plawner est engagé volontaire. Il est démobilisé à Périgueux lors de l’Armistice. En mai 1942, Mme Plawner et ses deux enfants, Emma et Moritz, réfugiés en Bretagne puis à Paris, parviennent à rejoindre le père à Périgueux en franchisant la ligne de démarcation.

    Ils rencontrent, par l’intermédiaire d’un ami, le Pasteur Roland Dubois, qui prend la famille juive sous sa protection, malgré le danger. Bien qu’il habite avec sa femme et son petit garçon un minuscule logement dans des baraques préfabriquées, il n’hésite pas à héberger les parents ou les enfants Plawner au moindre danger. Il trouve pour Emma Plawner un travail et un hébergement chez la directrice du lycée de jeunes filles, tandis que Moritz est abrité chez les gardiens du cimetière dès qu’il y a rumeur de rafles. En 1945, le Pasteur Dubois et sa famille ont regagné l’Alsace, tandis que la famille Plawner a rejoint Paris, gardant une grande reconnaissance à leurs sauveurs.

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie