Dossier n°10577 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Albina Stacchiotti

Année de nomination : 2005
Date de naissance : 28/05/1897
Date de décès : 26/10/1986
Profession : Gouvernante, nurse
    Localisation Ville : Le Donjon (03130)
    Département : Allier
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Albina Stacchiotti appelée «Alba», née italienne, travaillait comme gouvernante dans la famille Enriquez, des Juifs d’origine gréco-italienne de Paris. Dès leur naissance, elle s’occupa de leurs deux filles : Martine, née en 1936, et Nicole, née en 1938. Les Enriquez s’enfuirent de la capitale en zone sud en 1940. Ils partirent rejoindre des proches installés au Donjon (Allier). Par la suite, ils se replièrent à Nice (Alpes-Maritimes), où les affaires d’import-export de M. Enriquez exigeaient sa présence. Ils logèrent avec Alba à l’hôtel Continental. En septembre 1943, les troupes italiennes se retirèrent de Nice et furent remplacées par celles de l’occupation allemande. Le kommando spécial d’Aloïs Brunner s’était lancé à la chasse aux Juifs avec un acharnement implacable. Il investit les hôtels de Nice où de nombreux Juifs s’étaient réfugiés. Arrêtes, le père, la mère et la grand-mère maternelle des deux fillettes furent déportés à Auschwitz et gazés dès leur arrivée. Les fillettes échappèrent à l’arrestation et Alba les emmena aussitôt au Donjon où elles vécurent toutes les trois jusqu’à la Libération. Alba s’occupa d’elles comme si elles étaient ses propres enfants. Elle les inscrivit à l’école. Catholique pratiquante, elle entretenait de bonnes relations avec M. le curé et les fit participer au cathéchisme et aller à la messe avec elle. Elle ne recevait aucune aide financière et dut même entamer ses propres économies pour assurer leur subsistance. A la fin de la guerre, elles rentrèrent à Paris et retrouvèrent la grand-mère paternelle des fillettes qui les recueillit. Alba prit alors du service chez une de leurs tantes et les liens de famille entre elles furent sauvegardés. Célibataire, elle fut entourée de leurs soins jusqu’à son décès, conscientes qu’elles lui devaient la vie sauve.

    Le 11 mai 2005, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Albina Stacchiotti, le titre de Juste parmi les Nations. 

    Le témoignage

    La famille Weiler, le père, médecin, la mère, fille de rabbin, et, leurs deux filles Hanna et Rachel vivaient, à Sarrebruck en Allemagne, qui était sous administration française jusqu’en 1935. Cette année-là, un plébiscite décide de son retour en Allemagne. La France accorde sa nationalité aux Sarrois décidant de s’installer en France et permet aux médecins juifs d’ouvrir un cabinet. Avec la montée du nazisme,en 1936, les Weiler viennent s’installer à Dijon, une autre partie de leur famille résidant à Strasbourg. En 1939, le Docteur Weiler se présente comme médecin volontaire à l’Hôpital militaire de Carolue en Côte d’Or. En 1940, le père étant toujours mobilisé, Mme Weiler et ses deux filles partent retrouver leur famille à Saumur, où, elle avait été évacuée de Strasbourg. A la débâcle, ils partent vers le sud. Le Docteur Weiler est démobilisé car il n’a plus le droit d’exercer son métier (statut des Juifs). Pour vivre, il donne des cours d’anglais à Jacqueline Villaret et à l’une des filles du Pasteur Cabanis. En 1944, les Allemands occupent la zone sud. Hanna Weiler est immédiatement prise en charge et hébergée chez les parents de Jacqueline, Louis et Yvonne Villaret, et Rachel chez Henri et Adrienne Bonnafous, et ce pendant plus d’un an. Après plusieurs tentatives infructueuses de passages en Suisse ou d’embarquement pour les Etats-Unis, les parents s’adressent à l’O.S.E (Œuvre de Secours aux Enfants) et, c’est ainsi que les deux soeurs furent envoyés au couvent des Dominicaines à Monteil, Dordogne où se trouvent déjà dix autres petites filles juives. Seules, la Mère supérieure, Albert-Marie, et la directrice de l’internat sont au courant de leur identité. Les deux jeunes filles restent au couvent jusqu’en 1944.

    Cette même année, les Weiler apprennent par la mairie qu’une rafle se prépare. Effectivement, les Allemands se présentent chez eux 24 heures après mais ils sont déjà partis, aidés par le Pasteur Cabanis qui leur a trouvé une chambre dans la maison de Mme Mathilde Fabre. M. Villaret qui travaille à l’abattoir leur apporte de la viande et de la nourriture qui sont données par le Pasteur Cabanis.

    En mai 1944, les Allemands se mettent en chasse pour arrêter les enfants juifs. Il n’est donc plus question de laisser les deux soeurs Weiler au couvent. Le Pasteur Cabanis, s’occupe encore une fois de leur trouver une autre cache. Ce sera une ferme dans un village perdu des Pyrénées. Mme Villaret qui se charge de les convoyer jusqu’à Toulouse, malgré tous les risques que présente un tel voyage. Elles y restent trois mois et participent aux travaux de la ferme.

    Invitation cérémonie

     




    Mis à jour il y a 2 mois.