Dossier n°10589 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Elisabeth Roubinet Devaux

Année de nomination : 2005
Date de naissance : 10/01/1880
Date de décès : 24/02/1981
Profession : Couturière
    Localisation Ville : Saint-Raphaël (24160)
    Département : Dordogne
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Jacques et son épouse Léonor sont originaires de Salonique. Ils se marient et s’installent à Paris où ils sont fabricants de chapeaux. Ils ont 2 filles Rachel Evelyne en 1926 et Huguette en 1930. En 1940 les lois raciales imposent un administrateur à toute entreprise dite juive, ils cessent donc leur activité. En 1941, le couple et leurs deux fillettes, Evelyne, 15 ans, et Huguette, 11 ans, passent la ligne de démarcation et se retrouvent en zone libre. Ils sont assignés à résidence à Millau (Aveyron), mais placent les filles en pensionnat. En novembre 1942, les Allemands occupent la zone sud et la situation s’aggrave.

    Marie-Jeanne et Jehan Dienne résident à Paris avec leur fille Janine âgée de 13 ans. Marie-Jeanne est employée de banque et sous l’Occupation, continue à habiter seule à Paris, tandis que Jehan, son époux, patron de la « Scierie des pénitents », gère son entreprise dans un village des Alpes de Haute-Provence, Les Mées. Leur fille part vivre chez sa grand-mère, Elisabeth Roubinet, à Saint-Raphaël (Dordogne).

    Le 20 février 1943, à l’aube, des gendarmes français viennent arrêter Jacques qui est conduit au camp d’internement de Gurs. Trois mois plus tard, il est par chance, incorporé dans un camp de travailleurs étrangers situé aux Mées. Il reçoit l’autorisation de loger en ville à condition de trouver un emploi et de ne pas s’évader. Il cherche donc un emploi pour justifier une semi-liberté. Aux Mées, Jéhan fait la connaissance en été 1943 de Jacques Gattegno dans le restaurant où il prend ses repas, ce dernier lui expose son besoin de trouver un emploi. Jéhan lui offre immédiatement un poste de comptable dans son entreprise, emploi qui permet à sa famille de venir le rejoindre. Les Gattegno vivent ainsi sans trop de difficultés jusqu’à l’invasion allemande de la zone italienne, date à laquelle leur situation devient très précaire.

    Jéhan propose alors de mettre les deux filles à l’abri chez sa belle-mère, Elisabeth Roubinet. Il les y convoie lui-même, prenant de gros risques à accompagner deux jeunes juives sans sauf-conduit.  N’écoutant que son courage et sa générosité, il a su éviter les nombreux contrôles, si bien que le voyage a duré trois jours pour une arrivée sans encombre. Elisabeth, 64 ans est une personne pleine de sagesse et de bonté. Même si elle n’a pas été prévenue, et qu’elle cache déjà un jeune juif, M. Bitton, elle accueille Rachel-Evelyne et sa sœur Huguette avec chaleur et les protège pendant un an, jusqu’à la Libération.

    En avril 1944, les Allemands encerclent le village à la recherche de Juifs. Elisabeth leur tient tête leur affirmant que les deux filles étaient bien françaises. De leur côté, les parents regagnent Paris mais doivent se cacher. Marie-Jeanne Dienne les héberge jusqu’à la Libération. Elle travaille toute la journée et fait passer la mère pour une amie réfugiée alors que son mari reste séquestré dans l’appartement pendant six mois.

    A la Libération, la famille Gattegno retrouve son appartement boulevard du temple. Les deux familles restent en contact pendant de nombreuses années.

    Le 15 mai 2005, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Elisabeth Roubinet ainsi qu’à Marie-Jeanne et Jéhan Yves Dienne le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Originaires de Salonique, Jacques Gattégno et son épouse Léonor se sont mariés et installés à Paris où ils sont chapeliers. Ils ont deux filles, Rachel -Evelyne et Huguette. En 1940, les lois raciales de Vichy imposent un administrateur à leur entreprise, qui cesse toute activité. En août 1941, la famille Gattégno prend le risque de franchir la ligne de démarcation avec l’aide de passeurs. Ils se retrouvent à Millau en Aveyron. Les parents, étrangers, sont assignés à résidence tandis que leurs filles sont pensionnaires au collège de Millau. Le 20 février 1943, des gendarmes français viennent arrêter Jacques Gattégno pour l’interner à Gurs. Trois mois après il est envoyé dans un camp de travailleurs étrangers dans les Basses-Alpes. Il y fait la connaissance de Jéhan-Yves Dienne, avec qui il sympathise. Il est patron d’une scierie et il engage Jacques Gattégno comme comptable. Ce travail en dehors du camp lui permet de s’échapper en cas de menace de déportation. Sa femme et ses filles viennent le rejoindre en juin 1943. Septembre 1943, la zone sud est envahie par les Allemands, la famille Gattégno, aidée par Jéhan-Yves Dienne, se réfugie chez Mme Roubinet en Dordogne. Elle est la belle-mère de M. Dienne. Grace à son courage, et au péril de sa vie, elle sauva la famille Gattégno ainsi qu’un autre enfant juif réfugié chez elle.

    Documents annexes

    Témoignage Caroline MORELTémoignage Caroline MOREL
    Invitation cérémonie RoubinetInvitation cérémonie Roubinet

     




    Mis à jour il y a 9 mois.