Dossier n°10630 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2005

Jeanne-Hélène Camino

Année de nomination : 2005
Date de naissance : 11/07/1895
Date de décès : 10/08/1944
Profession : Fermière

Suzanne (Camino) Chevalier

Année de nomination : 2005
Date de naissance : 11/06/1920
Date de décès : 20/02/2005
Profession : Fermière
    Localisation Ville : Nay (64800)
    Département : Pyrénées-Atlantiques
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Suzanne Chevalier(née Camino)
    Jeanne-Hélène Camino et son compagnon, Jules Loureau, agriculteurs, vivaient avec leur fille Suzanne à Nay (Pyrénées-Atlantiques). La famille était réputée pour son civisme et son opposition au nazisme et aidait le maquis. Leur fils Jean était passé clandestinement en Espagne et avait rejoint les forces alliées en Afrique du Nord. En mai 1944, ils recueillirent Lucien Toupas, 12 ans, qui, après avoir échappé à l’arrestation à Paris et une odyssée de deux mois sur les routes de France, parvint à retrouver sa tante maternelle, Lise Grosman, à Nay. Comme elle était engagée dans la Résistance et recherchée par les autorités, elle confia son neveu aux Camino qui le recueillirent et le considérèrent comme leur enfant. Il devint agent de liaison de la résistance locale. Auprès d’eux, il retrouva un foyer alors qu’il avait vu toute sa famille arrêtée sous ses yeux. Ses parents étant séparés, il avait habité chez sa grand-mère, arrêtée à son domicile en juillet 1943. Lucien s’était caché sous un lit et avait échappé à l’arrestation. Enfermé dans l’appartement mis sous scellés, il avait réussi à s’enfuir par la fenêtre après deux jours et deux nuits de séquestration. Il rejoignit sa mère qui survivait de petits travaux et fréquenta l’école jusqu’en mars 1944, quand sa mère fut arrêtée à son tour. Son père avait été déporté en décembre 1943. Resté seul et sans argent, il prit la route pour Nay à pied. Il couchait dans des granges, survivant de maraudage ou de petits travaux. En camion, en charrette et même en patins à roulettes, au terme de trois mois de tribulations, Lucien Toupas arriva à Nay. Jeanne-Hélène décéda en août 1944 et sa fille Suzanne continua à s’occuper de lui jusqu’à ce que Lise Grosman le ramène à Paris. Aucun de ses proches ne revint de déportation. Il fut placé en orphelinat et à la maison d’enfants de Moissac. Lucien a gardé un souvenir heureux de son séjour chez les Camino.    

    Le 18 juillet 2005, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Jeanne-Hélène Camino et sa fille Suzanne Chevalier le titre de Juste des Nations.

    Le témoignage

    Les grands parents de Lucien Toupas se sont installés en France, venant de Pologne vers 1900. Le grand-père était tailleur pour hommes et fut déporté le 10 février 1944 par le convoi N° 68.

    Au moment de la guerre, les parents de Lucien vivent séparément, son père, Michel Toupas, né le 30 avril 1904 à Paris, est déporté le 17 décembre 1943 par le convoi N° 63 et sa mère, Adèle, née Grosman le 5 juin 1913 à Paris, est déportée à son tour le 13 avril 1944 par le convoi N° 71. Monsieur et Madame Toupas confièrent Lucien, né le 21 novembre 1932 à Paris, au moment de la guerre à sa grand-mère maternelle, Esther Grosman, qui fut arrêtée à son domicile en juillet 1943 et déportée le 31 juillet 1943 par le convoi N° 58.

    Lucien resté seul dans l’appartement de sa grand-mère, parvient alors à se cacher sous un lit pendant deux jours et deux nuits et arrive à s’échapper par une fenêtre (les scellés étant déjà posés sur la porte) pour rejoindre sa mère, alors domiciliée154, rue du Temple, Paris 3ème. Pour survivre, Adèle Toupas fait des petits métiers et l’enfant, Lucien, va à l’école de la Rue Béranger, Paris 3ème . Début mars 1944, à la suite d’une dénonciation, Adèle Toupas est arrêtée, mais Lucien parvient de nouveau à s’échapper.

    Resté seul, Lucien, comme il avait entendu parler de sa tante maternelle, Lise Grosman (épouse Lefranc) qui vivait alors dans les Pyrénées, à NAY (64800), il décide d’aller la retrouver. Bien qu’il n’ait pas encore 12 ans et pas d’argent, il part donc tout seul, à pied, avec son étoile. Son odyssée va durer plus de deux mois : tout au long du chemin, il maraude dans les fermes, couche dans le foin des granges, reçoit le plus souvent l’aide d’écclésiastiques, échangeant de petits travaux contre un peu de nourriture, il se fait aussi convoyer par des camions, des charrettes et grimpe sur les marchepieds des autocars et utilise même parfois ses patins à roulettes.

    Il parvient enfin à Nay durant la première quinzaine de mai 1944, mais sa tante Lise, résistante, est recherchée par la Police. Elle lui enlève son étoile et confie Lucien à la Famille Camino, où il va rester dix mois. Dans cette famille, Lucien est traité comme un fils, il s’occupe du jardin, car il ne peut aller à l’Ecole et transporte des documents pour le maquis dans des pots à lait à double fond.

    Après la Libération, intervenue le 22 août 1944, sa tante Lise revient chercher Lucien, le ramène à Paris et le confie à l’Orphelinat Rothschild, rue Daumesnil à Paris 12ème. Lucien a pu retourner à l’école et comme aucun de ses parents n’était revenu des camps et que l’orphelinat fermait, il a été envoyé à Moissac (Haute-Garonne) dans un centre mixte d’enfants de déportés . Là, il a appris l’hébreu et est devenu éclaireur israélite de France.

    Lucien continue à entretenir de très bonnes relations avec la Famille Camino qui l’a sauvé dans des conditions particulièrement difficiles

     

    Documents annexes

    Aucun document

    Articles annexes