Dossier n°10651 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2005

Georgette Verrier

Année de nomination : 2005
Date de naissance : 15/06/1906
Date de décès : 05/10/1992
Profession : Blanchisseuse, fermière, mère de 2 enfants
    Localisation Ville : Courcy (14170)
    Département : Calvados
    Région : Normandie

    L'histoire

    A la déclaration de la guerre, Georgette Verrier habitait Nanterre (Hauts-de-Seine) avec Maurice, son mari, et leurs deux enfants, René et Jeannine. Elle était blanchisseuse et Maurice exerçait le métier de charcutier. Georgette, dont le père était mort au champ d’honneur pendant la Guerre de 1914-1918, avait été adoptée et élevée par Blanche Calloy, gardienne de l’immeuble à Paris où habitait la famille Crazover. Ce fut ainsi que dans le courant des années trente le couple Crazover, des Juifs d’origine roumaine, fit connaissance de Georgette. En 1941, après la première vague d’arrestation de Juifs étrangers, elle avait proposé d’elle-même à M. Crazover d’héberger chez elle à Nanterre son fils Henri, 2 ans, ainsi que sa nièce Berthe Eidelman, 4 ans, de sorte que leurs parents puissent se cacher plus facilement. Ils avaient accepté et s’étaient réfugiés en zone sud. Bientôt, par suite de la pénurie alimentaires dans les grandes villes, la famille Verrier partit s’installer à Courcy (Calvados) où la mère adoptive de Georgette avait un neveu fermier qui les accueillit. Georgette emmena avec elle ses deux protégés, Henri et Berthe. Ils faisaient partie de la famille et elle continua à les élever comme ses propres enfants, les siens étant déjà des adolescents de 16 ans. Scolarisés, ils fréquentaient l’école Saint-Jeanne d’Arc située derrière la ferme. Ils avaient gardé leur vrai nom mais furent baptisés par précaution. Rémy, le neveu de Blanche Calloy, devint le parrain de baptême d’Henri car à ce moment-là le mari de Georgette avait été requis pour le STO en Allemagne. Quand les Allemands venaient se ravitailler à la ferme, ce qui était assez fréquent, René était chargé de cacher les petits à l’étage et de veiller à ce qu’ils ne se fassent pas remarquer. Comme la région fourmillait d’Allemands, les risques pris par Georgette et sa famille étaient énormes mais ils bénéficièrent de la complicité des voisins. Henri a témoigné que depuis l’âge de 18 mois et jusqu’à 5 ans 1/2, Georgette fut pour lui « la seule maman qu’il ait connue » et lui sauva la vie.     

    Le 5 septembre 2005, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Georgette Verrier le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Emigrés de Roumanie et d’Israül, Meer Struli Crasover et Eiolla Skornik sont arrivés à Paris en 1938. Ils s’y sont mariés et leur fils est né l’année suivante. La famille loge chez un frère de Meer, rue Antoinette, dans le XVIIIème arrondissement. Ils font la connaissance de la fille adoptive de la gardienne ; Georgette Verrier, qui exerce alors le métier de blanchisseuse. En 1940, le mari de Georgette est fait prisonnier et il va rester en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre. Dans le but de les protéger, Henri et sa cousine Berthe sont envoyés vivre chez Georgette à Nanterre dès septembre 1940 puis, en 1941, à Courcy dans le Calvados, dans la ferme parentale – ancienne et fortifiée – tenue par Rémy Calley. Les deux enfants sont très bien traités, nourris et protégés. Ils vont à l’école sous leur vrai nom mais, par précaution, ils sont baptisés. Ils sont bien cachés lors des incursions d’Allemands dans la ferme. Ils bénéficient de la complicité passive de tout le village. En dépit de son très jeune âge à l’époque, Henri garde des souvenirs vivaces de son long séjour à la ferme, en particulier une chute dans une mare emplie de vase et puis le débarquement des alliés. Ils vont recevoir une seule fois la visite de la mère de Berthe, Masséa, qui prit tous les risques pour visiter les enfants. De leur côté, les parents d’Henri, cachés à Lyon, vont se séparer.

    Documents annexes

    Invitation  cérémonie VerrierInvitation cérémonie Verrier
    2 janvier 2014 09:44:27

    Articles annexes

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