Les Justes
Jacqueline (De Montmollin) De Pury
Année de nomination : 1976Date de naissance : 10/08/1909
Date de décès : 09/11/1973
Profession : Femme au foyer
Roland De Pury
Année de nomination : 1976Date de naissance : 15/11/1907
Date de décès : 24/01/1979
Profession : Pasteur
Département : Rhône
Région : Auvergne-Rhône-Alpes
Cérémonies
L'histoire
Dès le 14 juillet 1940, le pasteur Roland de Pury s’élevait dans son temple de la rue de la Lanterne à Lyon contre la « basse complaisance » des habitants de la France non occupée. « Une France trahissant les espoirs que les persécutés mettent en elle ne sera plus la France » disait-il alors. Roland et Jacqueline de Pury, qui étaient suisses, prirent, avec un courage extraordinaire la tête d’un mouvement de révolte spirituelle et humanitaire au sein de la communauté protestante de Lyon. Des vagues successives de réfugiés, juifs pour la plupart, trouvèrent refuge au domicile du pasteur – père de huit enfants – dans le quartier de la Croix-Rousse. Roland de Pury travaillait la main dans la main avec le Père Pierre Chaillet (q.v.), qui dirigeait « L’Amitié Chrétienne », organisme où des catholiques et des protestants oeuvraient ensemble au sauvetage des Juifs. Roland de Pury, jeune et charismatique, était plein de ressources. Admirable orateur, il galvanisait ses paroissiens et ils acceptaient de donner asile à des réfugiés qu’il avait, dans un premier temps, hébergés sous son toit. Des dizaines de prêtres et de pasteurs de la région lyonnaise le prenaient pour modèle. Tard dans la nuit du 27 janvier 1943, « L’Amitié Chrétienne » tint une réunion d’urgence chez lui. Ce matin là, la Gestapo avait arrêté le père Chaillet et Jean-Marie Soutou (q.v.) dans les bureaux de l’association. Or, un grand nombre de Juifs y étaient attendus le lendemain, pour y recevoir assistance ou pour se voir remettre de faux papiers. Il fallait absolument les empêcher d’entrer dans les bureaux, où la Gestapo leur tendait un piège. La solution fut trouvée : Germaine Ribière (q.v), une des volontaires de l’Amitié Chrétienne, proposa de se déguiser en femme de ménage. Equipée d’un seau et d’une serpillière, elle passa la journée à récurer la cage d’escalier du bâtiment. Dès qu’un juif apparaissait, elle le faisait prestement partir – si bien que personne ne tomba dans le piège. Le 13 mai 1943, alors que le pasteur, dans ses vêtements sacerdotaux, s’apprêtait à célébrer le culte, deux individus en civil firent irruption dans l’église. Ils se saisirent de lui, l’entraînèrent dans une voiture et disparurent. Son épouse Jacqueline, le cardinal Gerlier (q.v.) et le président de la Fédération protestante, le pasteur Marc Boegner (q.v.) s’efforcèrent en vain d’obtenir de la Gestapo sa remise en liberté. Cependant, le 28 octobre de la même année Roland de Pury fut échangé à Bregenz, en Autriche, contre des espions allemands arrêtés en Suisse. Après la Libération, le pasteur rentra à Lyon.
Le 13 mai 1976, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, au pasteur Roland de Pury et à Jacqueline son épouse, le titre de Juste parmi les Nations.