Dossier n°10896A - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Gina Libera

Année de nomination : 2006
Date de naissance : 21/04/1912
Date de décès : 20/08/2008
Profession : Marchande de journaux (kiosque)
    Localisation Ville : Paris (75010)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    Le couple STOUTZER s’était installé à Paris en 1926. Lui, Hirsch STOUTZER était originaire de Vilna en Lituanie, Elle, Rosa, née TANEVITZKY, était venue d’Odessa en Russie. Leur premier fils, Armand, naquit en 1927, le second Roger, en 1932. Ils habitaient 24, rue du Faubourg Poissonnière dans le 10ème arrondissement. Ils avaient un magasin de fourrures au 46 de la même rue. Pendant l’occupation, tous durent porter l’étoile jaune, les biens de la famille furent confisqués et le magasin confié à un gérant  » aryen « .

    Gina LIBERA était marchande de journaux. Elle était née à Forcola, en Italie en 1912 et elle avait été naturalisée française en 1935.Elle tenait un kiosque rue Richer dans le 9ème arrondissement et habitait au numéro 8 rue du Faubourg Poissonnière, tout près de chez les STOUTZER avec lesquels elle s’était liée d’amitié.

    Lorsque des rafles se préparaient, les STOUTZER en étaient prévenus par des policiers compatissants et ils trouvaient refuge tous les quatre chez Gina LIBERA qui leur ouvrait sa porte sans hésiter, sans se préoccuper des risques qu’elle prenait. Cela se produisit à plusieurs reprises, au moins cinq ou six fois se souvient Roger STOUTZER, et c’est en tout plusieurs semaines qu’ils passèrent ainsi chez elle. Cet hébergement leur permit d’échapper aux rafles et d’avoir la vie sauve. Elle entassa aussi chez elle des marchandises et cacha des bijoux appartenant à un bijoutier de la famille STOUTZER et qui furent intégralement restitués après la Libération.

    Pendant toute la période de l’Occupation de 1940 à 1945, Gina LIBERA envoya le jeune Roger STOUTZER, pour le mettre à l’abri, pour de longs séjours estivaux, chez son frère à Saint Nicolas des Eaux dans le Morbihan, avec son propre fils Jean Le Guiniec, chez Augustine Marie et Charles-Henri GUY qui étaient ses ex-belle soeur et ex-beau-frère. Les deux enfants qui avaient une dizaine d’années, partaient un peu avant les  » grandes vacances  » pour ne revenir qu’une ou deux semaines après la rentrée scolaire.

    Jean Le GUINIEC, présent ici ce soir tout comme Roger STOUTZER, se souvient des bijoux qui atterrirent à Saint Nicolas et furent enterrés dans la cave de la maison avec interdiction pour lui d’en dire un mot. Il se souvient des photos d’identité qu’eut à faire son  » tonton  » Charles Henri GUY, qui était photographe, pour des clandestins pour leur faire des faux papiers. Il se souvient d’un couple qui fut hébergé un moment dans une maison proche, sous la protection de Marie et Charles-Henri GUY, et aussi du jour où il fut éveillé par des bruits inhabituels et vit, sur le perron, un soldat allemand qui gardait la maison. Ce qui fut heureusement sans suite. Il se souvient surtout du dévouement et de la générosité de sa tante et de son oncle et aussi des paroles de Gina LIBERA pour qui tout était normal puisque Rosette STOUTZER était  » sa copine « . Quant à Roger STOUTZER, il est le dernier de sa famille à être aujourd’hui en vie et à vouloir témoigner sa reconnaissance à Gina LIBERA et à Marie et Charles Henri GUY.

    Yad Vashem leur a décerné à tous les trois la médaille des Justes. Gina LIBERA la recevra elle-même des mains de Monsieur Daniel Shek Ambassadeur d’Israül à Paris. C’est Jean Le GUINIEC qui recevra la médaille décernée à son oncle et à sa tante Marie et Charles Henri GUY honorés à titre posthume.

    Le 10 Juillet 2006, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Monsieur Guy Henri et son épouse Renée ainsi qu’à Madame Libéra Gina le titre de Juste parmi les Nations.

    Articles annexes

    Les médias externes :