Dossier n°10970 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages. Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2006

Abel Fournier

Année de nomination : 2006
Date de naissance : 15/03/1904
Date de décés : 20/06/1988
Profession : Employé à la SNCF, aiguilleur

Suzanne Fournier Morin

Année de nomination : 2006
Date de naissance : 10/06/1906
Date de décés : 13/08/2003
Profession : sans profession, mère de 2 enfants

Localisation Ville : Vigny (89210)
Département : Yonne
Région : Bourgogne-Franche-Comté

L'histoire

Suzanne et Abel Fournier en 1945

Juda et Tobe Fechter, originaires de Bessarabie, ont deux filles. Evelyne née en 1934 et sa soeur Dina en 1941.

En 1942, Juda Fechter est arrĂŞtĂ© et envoyĂ© dans un camp, mais il s’Ă©vade et se rĂ©fugie dans un hĂ´pital psychiatrique. Il ne retrouvera sa famille qu’Ă  la fin de la guerre.

En juillet 1942, la police française arrĂŞte Tobe Fechter. Par miracle, le policier qui l’emmène ne prend pas ses deux filles. Evelyne 8 ans, et Dina 1 an. Il accepte qu’elles se rendent Ă  une autre adresse. Leur mère les envoie chez sa soeur Tzipa ZĂ©lik. Tandis qu’elle-mĂŞme est internĂ©e Ă  Drancy, puis dĂ©portĂ©e Ă  Auschwitz dont elle ne reviendra pas.

Tzipa ZĂ©lik vient de subir un grave traumatisme. En juillet 1942, elle est arrĂŞtĂ©e chez elle avec ses trois filles par la police française. Elles sont amenĂ©es au Vel d’Hiv puis Ă  Pithiviers oĂą leur dĂ©portation est prĂ©vue par le convoi 16, le 6 aout 1942. Le père a Ă©tĂ© rĂ©quisitionnĂ©, soi-disant pour travailler dans une usine d’uniformes allemands. Mais grâce Ă  un mouvement de RĂ©sistance, il a pu se procurer un ausweiss qui libĂ©rera sa famille et lui permettra d’obtenir de faux papiers.

C’est Ă  la suite de ces Ă©vènements que Tzipa ZĂ©lik recueillera Evelyne et Ida Fechter, les deux filles de sa soeur.

En septembre 1942, la petite Dina doit subir une opĂ©ration des amygdales. A l’HĂ´pital, sa voisine de lit est une enfant Fournier. C’est ainsi que Tzipa ZĂ©lik fait leur connaissance. Totalement dĂ©semparĂ©e par les drames survenus dans sa famille, elle se confie aux Fournier, leur expliquant qu’elle ne sait oĂą aller avec cinq enfants. AussitĂ´t, Abel Fournier promet aide et assistance.
Faisant partie du réseau de résistance de la SNCF, il fait le nécessaire pour que celui-ci puisse mettre en lieu sûr ses sept protégés. Soit la famille Zélik : le père, la mère, et trois filles, ainsi que les deux
enfants Fechter. Il les amène Ă  150 km de Paris, au village de Vigny, dans l’Yonne, et les loge dans une maison inoccupĂ©e près de la sienne
(le propriétaire étant prisonnier en Allemagne)

Monsieur et Madame Fournier ont assuré les besoins de cette famille durant deux ans, de 1942 à la libération en aout 1944, leur apportant généreusement soutien moral et matériel, mettant en outre à leur disposition, une parcelle de terre pour leur permettre de planter et de cultiver des légumes.

Les habitants du village connaissaient l’identitĂ© et la situation de ces rĂ©fugiĂ©s, mais personne n’a parlĂ©, alors que des troupes allemandes Ă©taient stationnĂ©es Ă  1 km 500 et qu’un poste de commandement oĂą des rĂ©sistants Ă©taient arrĂŞtĂ©s et torturĂ©s Ă©tait installĂ© Ă  5 km.

Suzanne et Abel Fournier ont pris de nombreux risques pour eux- mĂŞmes et leur fille Gisèle, nĂ©e en 1932, durant cette pĂ©riode très dangereuse, par pure fraternitĂ© et noblesse d’âme.

Après la libĂ©ration, les familles Fechter et ZĂ©lik ont gardĂ© des sentiments de gratitude et d’amitiĂ© pour leurs sauveurs et leur fille Gisèle, entrĂ©e dans les ordres en 1957.

Le 17 Décembre 2006, Yad Vashem-Institut International pour la mémoire de la Shoah a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Abel Fournier et son épouse Suzanne.

1978, Abel & Suzanne Fournier

Mariage de la fille des Fournier

Documents annexes

Invitation cérémonie Invitation cérémonie
13 mars 2019 05:44:22

Articles annexes