Dossier n°11339 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Fernand Poulet

Année de nomination : 2008
Date de naissance : //
Date de décès : 05/03/2004
Profession : Directeur d’école et sécrétaire de mairie

Marcelle Robineau

Année de nomination : 2008
Date de naissance : 12/08/1903
Date de décès : 05/03/2004
Profession : première d’atelier en haute couture
    Localisation Ville : Paris (75019)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Jankel et Dora Jaklimovitch vivent au 26 rue Alphonse Karr, dans le 19ᵉ arrondissement de Paris, avec leurs quatre enfants : Ida, Jacques, Georges et Sarah. Le père, tailleur à domicile, travaille dur pour faire vivre sa famille. En mai 1942, alors que la France est occupée depuis près de deux ans, leur plus jeune fille Sarah meurt de la tuberculose, maladie fréquente dans les milieux modestes de l’époque.

    Le 8 décembre 1943, vers 9 heures du matin, des policiers français se présentent à leur domicile pour arrêter la famille. À cette date, la répression contre les Juifs s’est encore renforcée : le régime de Vichy collabore pleinement avec les autorités allemandes, et les rafles continuent, même après celles du Vel’ d’Hiv’ (1942).

    Ce jour-là, Jacques et Georges sont à l’école, rue de l’Ourcq, dans le 19e tandis que leur sœur Ida travaille dans un atelier de haute couture, Mad’Carpentier, rue Jean-Mermoz. Lorsque la police entre dans l’appartement, Dora Jaklimovitch hurle à la fenêtre pour alerter le voisinage. Une voisine comprend immédiatement le danger et court prévenir le directeur de l’école : celui-ci fait alors sortir les deux garçons par une porte dérobée. Les enfants rejoignent leur sœur Ida et trouvent refuge chez une voisine compatissante.

    Mademoiselle Marcelle Robineau, première d’atelier chez Mad’Carpentier, apprend ce qui vient d’arriver. Sans hésiter, consciente des risques qu’elle encourt — l’aide apportée aux Juifs étant punie de mort sous l’Occupation —, elle décide de cacher les trois enfants chez elle. Ils restent ainsi deux mois sous sa protection.

    Grâce à son intervention, Fernand Poulet, secrétaire de mairie et directeur de l’école primaire de Seignelay, dans l’Yonne, accepte d’aider Jacques et Ida. Il leur fabrique de faux papiers d’identité, les faisant passer pour Jeanine et Jean Mesmin, nés à Vico, en Corse, présentés comme orphelins de guerre dont les parents sont morts sous les bombardements. Pendant ce temps, Dora et Jankel Jaklimovitch sont arrêtés, déportés depuis Drancy vers Auschwitz, d’où ils ne reviendront pas.

    Sur la demande de Marcelle Robineau, les ouvrières de l’atelier de couture se cotisent chaque mois pour envoyer un peu d’argent à ceux qui hébergent Jacques et Ida, geste de solidarité rare et courageux dans un Paris sous surveillance allemande.

    Le plus jeune fils, Georges, est confié à une famille d’accueil, puis placé à l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants), avenue Secrétan, dans le 19ᵉ arrondissement. Malgré les efforts de l’organisation, il est arrêté le 31 juillet 1944, à seulement huit ans, puis déporté sans retour par le convoi n°77 de Drancy à Auschwitz, l’un des derniers convois partis de France avant la Libération.

    Après la guerre, Ida et Jacques, les deux seuls survivants de la fratrie, sont recueillis par leurs tantes. Jacques est placé dans un orphelinat, tandis qu’Ida reste vivre dans sa famille. Fernand Poulet devient maire de Seignelay en 1945, symbole de reconnaissance et de respect pour son courage pendant la guerre.

     

     

    En 2004, à sa mort, Marcelle Robineau, âgée de 98 ans, lègue sa maison de Seignelay à la commune « pour un objectif social, de préférence en direction de l’enfance ». La municipalité décide alors de baptiser la Maison de l’Enfance du nom de Marcelle Robineau, et l’un des bâtiments porte désormais celui de Fernand Poulet.

     

    Le 22 juin 2008, l’Institut international pour la mémoire de la Shoah, Yad Vashem, décerne à Marcelle Robineau et Fernand Poulet le titre de Juste parmi les Nations, en hommage à leur courage, leur humanité et leur engagement pour sauver des enfants juifs au péril de leur vie.

    Invitation cérémonie verso Robineau
    Invitation cérémonie recto Robineau

    Articles annexes




    Mis à jour il y a 2 jours.