Dossier n°11501 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Victor Mallet

Année de nomination : 2008
Date de naissance : 01/07/1891
Date de décès : 20/05/1976
Profession : Facteur

Pauline (Wirtgen) Mallet

Année de nomination : 2008
Date de naissance : 07/07/1892
Date de décès : 27/12/1975
Profession : employée de maison
    Localisation Ville : Lupersat (23190)
    Département : Creuse
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

     

    Chemya Getrajda et son épouse Rosa, originaires de Pologne, arrivent d’Allemagne à Paris en 1934.

    Chemya ouvre un atelier de maroquinerie, aidé de Rosa, dans leur appartement 104, rue Amelot, dans le 11e arrondissement de Paris.

    Gilbert naît le 23 avril 1936 et André le 16 septembre 1937.

    Le 14 mai 1941 les Juifs étrangers sont convoqués individuellement, pour un « examen de situation ». La lettre de convocation précise que la personne qui ne se présenterait pas aux jours et heures fixés, s’exposerait aux sanctions les plus sévères. Ceux qui se présentent ne seront pas libérés. 3 710 hommes sont ainsi arrêtés. Parmi eux se trouvent 3 430 Juifs polonais. Chemya Getrajda, 49 ans, né le 23 janvier 1892 à Varsovie (Pologne) fait partie de ceux-là. Il est interné et sera déporté sans retour de Drancy vers Auschwitz par le convoi n° 7 du 19 juillet 1942.

    Le 16 juillet 1942, Rosa et ses deux enfants échappent de justesse à la rafle du Vélodrome d’Hiver. 9 000 policiers et gendarmes rafleront 13 152 juifs à Paris et en banlieue parisienne.

    Rosa et ses enfants, cachés chez des amis à Paris et parviennent à se réfugier en zone sud, avec l’aide d’un passeur. Ils arrivent à Moulins où un commissaire de police bienveillant conseille à Rosa d’aller à Mainsat (Creuse). Ils y resteront de septembre à décembre 1942.

    En décembre 1942, Rosa trouve une famille prête à accueillir ses deux enfants, âgés de 5 et 6 ans, près de Mainsat.

    Victor et Pauline Mallet ont une maison dans le village de Lupersat qu’ils occupent avec leurs 6 enfants. Ils accueillent chaleureusement les deux petits Juifs, en toute connaissance de cause, et les présentent comme leurs neveux. Rosa remet à Victor et à Pauline une modeste pension pour subvenir aux besoins de ses enfants et réussit à rejoindre Nice, puis la Savoie pour organiser son départ avec ses enfants en Suisse.

    Pour ne pas attirer l’attention des voisins, Victor et Pauline emmène les enfant à l’église le dimanche. Toute la famille s’occupera avec dévouement d’André et Gilbert durant 8 mois.

    Les enfants sortent peu de la maison et jouent dans la cour de la maison sous la surveillance de Marie, la fille de Victor et Pauline qui a 19 ans. André Mallet, qui a 12 ans à l’époque, se souvient que les enfants se cachaient sous le lit lorsque les gendarmes s’approchaient de la maison.

    En juillet 1943, Rosa entre en contact avec une jeune monitrice de la maison d’enfants de Limoges. Elle vient chercher les deux enfants chez les Mallet et les convoie jusqu’à la gare de Limoges, puis à Saint-Gervais où ils rejoignent leur mère. Ils parviendront à passer en Suisse, où ils resteront tous les trois jusqu’à la Libération.

    En 1996, après le décès de Rosa, André et Gilbert trouvent dans les papiers de leur mère deux photos sur lesquels ils sont en compagnie d’une dame et d’un bébé, avec pour toute indication « Lupersat 24/04/1943 ».

    Ils décident alors d’entreprendre des recherches. André se rend à Lupersat et retrouve leurs sauveurs. Victor et Pauline sont décédés, mais 4 de leurs enfants sont bien vivants : Alexandrine, Marie, René et André.

    André Mallet a lui aussi les mêmes photos, et une carte postale de Rosa envoyée de Suisse en juillet 1943 pour dire qu’ils étaient bien arrivés.

    Les liens sont renoués et les familles se revoient régulièrement avec joie.

    le 31 décembre 2008, l’Institut Yad Vashem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Victor & Pauline Mallet.

     

    Gilbert 3 ans et André 1 an et demi

     

    Articles annexes