Dossier n°11599 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2009

Charlotte (Rieb) Chevallier

Année de nomination : 2009
Date de naissance : 21/01/1901
Date de décès : 29/03/1989
Profession : sans profession

René Chevallier

Année de nomination : 2009
Date de naissance : 03/03/1906
Date de décès : 05/01/1992
Profession : Directeur du Secours National pour l’enfance
    Localisation Ville : La Varenne Saint Hilaire (94210)
    Département : Val-de-Marne
    Région : Île-de-France

    L'histoire

    René et Charlotte Chevallier se marient le 25 novembre 1928 à Champigny-sur-Marne.
    En 1930, ils font la connaissance de jeunes gens de leur âge, originaires de Roumanie,. qui viennent s’installer à Champigny : Michel Bring, jeune médecin diplômé en 1929 vient d’ouvrir son cabinet, et son épouse Dora, pianiste. Michel se montre très dévoué auprès de sa clientèle et ses actions généreuses lui valent de bénéficier d’une excellente réputation et d’être décoré en 1937 de la médaille d’argent de l’Académie du Dévouement national pour services rendus aux oeuvres sociales et humanitaires. Chez les Bring naissent quatre enfants : Nytia, Annie, et les jumeaux, Jean-Pierre et Édith. Chez les Chevallier naissent deux enfants : Jean et Colette. La famille s’installe à La Varenne-Saint-Hilaire.
    Les amis sont très proches et les deux familles partagent de nombreux moments d’amitié et partent ensemble en vacances. Michel demande en 1939 sa naturalisation, par reconnaissance pour le pays qui l’a accueilli. Il ne l’obtiendra pas…
    Lorsque la guerre éclate, René Chevallier est mobilisé, Michel et Dora Bring entourent très amicalement Charlotte et ses deux petits et ne savent que faire pour atténuer son inquiétude. Michel Bring n’est pas mobilisable. Il s’engage dans la Croix Rouge. Avec la défaite, c’est l’exode. Il rejoint sa famille partie se réfugier en Gironde et ils s’installent à Pau. A peine l’armistice signée, les Bring rentrent à Champigny et comme l’impose la municipalité, ils vont se faire recenser comme Juifs étrangers à la mairie quelques semaines plus tard.
    Parce que juif, Michel Bring doit cesser son activité de médecin en septembre 1940. Cette interdiction sera levée provisoirement sur intervention de ses amis. La famille Bring se réfugie alors à Coeuilly, un quartier de Champigny et échappe aux premières rafles d’étranger en mai 1941. Le 22 avril 1942, Michel est radié du Conseil de l’ordre des médecins et la famille est condamnée à la misère.
    En 1941, René Chevallier entre dans l’administration et devient directeur du Secours National pour l’enfance qui administre un grand nombre de maison d’enfants où seront cachés des enfants juifs munis de fausses identités.
    Au fil de la promulgation des lois antijuives de Vichy, Michel et Dora Bring prennent conscience des dangers qui pèsent sur leur famille et le 16 juillet 1942, le jour même du déclenchement de la rafle du Vel d’Hiv à Paris, ils donnent pouvoir à Charles Kurtz, un de leur ami, directeur de l’école de garçons, 41, rue des Acacias à Champigny, de prendre en charge leurs 4 enfants. Ce jour-là et le lendemain, 12 884 Juifs sont arrêtés pour être déportés : 3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants.
    Dora est arrêtée par la police française le 25 septembre 1942. Jean Chevallier se rend immédiatement au commissariat de Nogent-sur-Marne et tente d’user de son influence pour faire libérer la mère de 4 enfants. Mais le fonctionnaire resta insensible à ses arguments. Jean et Charlotte Chevallier tentent de convaincre Michel Bring de fuir avec ses enfants, mais il se laissera prendre le 28 septembre 1942 dans l’espoir de retrouver sa femme.
    Dora, 42 ans, et Michel, 38 ans, sont internés à Drancy, avant d’être déportés sans retour quelques jours plus tard par des convois séparés vers Auschwitz. René Chevallier avait eu le temps de dire à Michel Bring que ses 4 enfants avaient pu être pris en charge et lui communiquer les coordonnées des personnes qui les avaient recueillis.
    En effet, dès l’arrestation de Michel et de Dora, Charles Kurtz et les Chevallier s’occupent immédiatement des enfants. Ils seront tous placés à Champigny-sur-Marne chez des proches ou des amis du couple. Les quatre enfants, ainsi pris en charge par la solidarité et l’amitié seront sains et saufs. La maison des Bring sera occupée quelques jours après par les Allemands jusqu’à la Libération.
    L’aîné Nytia, handicapé, est recueilli par Mme Bos, une infirmière de Champigny qui travaillait avec Michel Bring. Il restera chez elle jusqu’à la Libération. Annie, 8 ans, est accueillie par Charles Kurtz et son épouse. Elle sera ensuite envoyée chez une amie de sa mère au Bouscat (Gironde) puis dans une maison d’enfants dans le Midi. Édith, 4 ans, est accueillie chez Albert et Élia Lecocq (nommés Justes parmi les Nations en 1998), propriétaires d’un bar-tabac à Fort-de-Champigny. Elle ira par la suite rejoindre sa grande soeur, Annie, dans le Midi. Quand à Jean-Pierre, 4 ans, le jumeau d’ Édith, il est confié au couple Chevallier. Il y trouve affection et réconfort ; le souvenir de ses parents est parfaitement entretenu par René et Charlotte et Jean-Pierre apprendra la musique en souvenir de ses parents. A la Libération, René, résistant, est nommé inspecteur général chargé du rapatriement et des déportés. Les parents Bring ne reviendront pas et les enfants continueront à être pris en charge par les amis de Michel et Dora Bring.
    Jean-Pierre, après avoir rejoint sa soeur Édith quelques mois à Nouvion, reviendra chez les Chevallier. Jean et Colette, les enfants Chevallier ont toujours présentés Jean-Pierre comme leur « frère ». Considéré comme le « petit dernier », élevé par René et Charlotte Chevallier, ils l’aideront, comme ils l’ont fait pour leurs « autres enfants » à s’installer comme artisan, solidement épaulé, mettant des locaux gratuitement à sa disposition. Jean-Pierre Bring restera chez les Chevallier jusqu’à son mariage en avril 1963 et reste très proche de ses « frères et soeurs » Bring et Chevallier.
    « René et Charlotte ont su ce qu’était leur devoir et l’on accomplit avec amour et abnégation » dira Jean Chevallier.
    Une rue de Champigny-sur-Marne porte désormais le nom du Docteur Bring.

    Le 14 juillet 2009, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à René & Charlotte Chevallier.

    Documents annexes

    Article de presse Article de presse
    14 décembre 2013 07:50:17
    Invitation  cérémonieChevallierInvitation cérémonieChevallier
    14 décembre 2013 07:49:22

    Articles annexes