Dossier n°11654A - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marius Ageron

Année de nomination : 2009
Date de naissance : 08/01/1906
Date de décès : 31/07/1972
Profession : Maraîcher

Catterina (Bianchin) Ageron

Année de nomination : 2009
Date de naissance : 25/01/1908
Date de décès : 02/05/1986
Profession : Maraîchère
    Localisation Ville : Saint André en Royan (38000)
    Département : Isère
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Cachés grâce à Marie-Louise et Auguste Idelon, Catterina et Marius Ageron et Joséphine Boucher, Shmuel et Noami Smrodyni et leurs deux enfants, Judith (dite Odette) et Charles, ont pu échapper aux rafles.

    En 1926, après quatre années passées en Palestine, Shmuel et Noami Smrodyni, jeune couple juif polonais, émigrent en France. Shmuel trouve du travail comme ébéniste dans une fabrique de meuble et le couple s’installe à Montreuil-sous-Bois.
    Leur fille Judith naît à Paris en 1927 et sera naturalisée française en 1928.
    En 1935, Shmuel et Noami Smrodyni décident de partir en Palestine.
    Charles naît à Tel Aviv en 1936, mais l’insécurité du pays et surtout la santé de Shmuel les amènent à revenir en France et en 1937, Shmuel et Noami Smrodyni s’établissent avec leurs deux enfants au Kremlin-Bicêtre.

    En septembre 1939, lorsque la guerre éclate, Judith à dix ans et Charles deux. Paris est occupé.En avril 1941, Shmuel est convoqué à la gendarmerie du Kremlin- Bicêtre. Il décide immédiatement quitter Paris pour la zone libre et trouve un emploi à Pau où sa famille le rejoint. Quelques mois plus tard, la zone libre est envahie et l’étau se resserre sur les juifs.

    Les Smrodyni décident alors de partir dans un coin plus sûr et trouvent refuge dans le petit village de Francescas à 30 km au sud d’Agen. Ils y restent jusqu’en avril 1943, date à laquelle un gendarme les prévient d’un risque de dénonciation. Shmuel et Noami Smrodyni et leurs deux enfants quittent alors le Lot-et-Garonne et arrivent dans l’Isère, à Saint-Romans. Shmuel trouve un petit logement et un emploi de menuisier chez M. Brunet.
    Par sécurité, Judith, seule française de la famille, est confiée à Joséphine Boucher qui la protégera jusqu’à la fin de la guerre.1.? La vie commence à s’organiser quand un jour de septembre 1943, M. Roux, maire de Saint-Romans, conseille à la famille de quitter le village pour la montagne, car miliciens et collaborateurs sont en effervescence dans le village.

    Shmuel, Noami Smrodyni et le petit Charles trouvent un nouveau refuge, dans une ferme isolée au lieu-dit les Nouviaux chez Catterina et Marius Ageron. Catterina et Marius Ageron qui avaient quitté Saint-Marcellin pour se mettre à l’abri des événements, accueillent spontanément la famille Smrodyni à qui ils cèdent la chambre de leur fille Estelle et les cachent dans le grenier lorsqu’ils ont de la visite. Shmuel, Noami Smrodyni et le petit Charles resteront presque un an chez les Ageron, aidant aux travaux de la ferme et aux travaux ménagers.

    En juin 1944, les Allemands arrivent sur le plateau du Vercors. Ils visitent avec acharnement et de manière systématique les fermes à la recherche des résistants et n’hésitent pas à incendier les fermes et à tuer les occupants suspecter d’appartenir à la Résistance. ?Une nouvelle fois Shmuel Smrodyni cherche un refuge, plus sûr.? Il entre en contact avec la famille Idelon dont la ferme est située en contre-bas du village de Presles au lieu-dit les Arnauds. Marie-Louise et Auguste Idelon ont trois enfants, Auguste (27 ans) Renée (23 ans est mariée) et Georges (21 ans). Les parents exploitent la ferme tandis que les fils fabriquent du charbon de bois.

    C’est Auguste et Georges qui conduisent Shmuel Smrodyni dans une baraque particulièrement isolée dans la montagne non loin des fours à charbon et qui sert de remise à outils. Spontanément Marie-Louise et Auguste Idelon et leurs fils offrent ce refuge sécurisant à la famille Smrodyni et pour renforcer leur sécurité déplacent les fours afin d’éviter tout passage. Charles se souvient d’une petite cabane en bois très rudimentaire, au plancher bancal, sans électricité, et sans eau.

    La famille est ravitaillée régulièrement par les Idelon et par Judith qui monte des provisions données par Joséphine Boucher.

    Mais le 27 juillet 1944, sur dénonciation, les Allemands envahissent la ferme des Idelon. Ils blessent grièvement le jeune Auguste, qui décèdera le lendemain de ses blessures, et arrêtent Georges. Georges ne parlera pas et réussira à s’échapper pour rejoindre son groupe de maquisards.
    Deux jours plus tard les Allemands incendient la ferme des Idelon. Les Smrodyni montent alors se cacher dans une grotte plus haut dans la montagne. Judith les a rejoint et ce sont les familles Ageron et Idelon qui assurent le ravitaillement de la famille.? Un jour d’Août 1944, ils entendent de la musique qui leur parvient de la ferme des Ageron : c’est le signal convenu et tant attendu qui annonce la Libération.?

    La famille Smrodyni rentre à Paris début 1945. Elle ne perdra jamais le contact avec ses sauveurs.

    Le 30 Août 2009, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Monsieur Marius Ageron et son épouse Catterina, le titre de Juste parmi les Nations.




    Mis à jour il y a 4 mois.