Les Justes
André Berthet
Année de nomination : 2009Date de naissance : 19/10/1896
Date de décès : 04/03/1985
Profession : Bottier cordonnier
Yvonne (Naudon) Berthet
Année de nomination : 2009Date de naissance : 16/01/1901
Date de décès : 16/11/1994
Profession : sans profession
Département : Indre
Région : Centre-Val de Loire
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
Yvonne, André et la petite Rachel Gebrowicz en 1943
André et Yvonne Berthet, un couple sans enfant, habitent à Châtillon-sur-Indre depuis 1938 où André tient un magasin de bottier et de cordonnier, 10 route du Blanc.
Bouleversé par la mort d’un neveu résistant à Tours, fusillé alors qu’il terminait ses études de médecine, et par le suicide consécutif de ses deux parents, André Berthet, alors âgé de 42 ans, décide de se rendre utile.
En 1942, André et Yvonne Berthet ne vont pas hésiter à abriter la petite Rachel Gebrowicz chez eux.
Rachel et sa sœur Suzanne avaient été envoyées par leur mère, quelques mois auparavant, en zone libre à Limoges. C’est de là qu’un service d’aide aux juifs organise le placement des enfants et qu’elles arrivent à Châtillon en novembre 1942.
Rachel, 2 ans, est confiée André* et Yvonne Berthet*, tandis que sa sœur, Suzanne, 11 ans, est placée chez les Chotin, sous une fausse identité.
Les Berthet, qui n’ont pas d’enfants, accueillent officiellement cette petite fille avec l’appui bienveillant du maire, le docteur Roger Cluzeau, et la discrétion de la gendarmerie.
Rachel, devenue la petite « Marcelle », s’attache très vite à ses parents adoptifs au point de les appeler « papa et maman » au bout de deux semaines. L’enfant grandit et va à l’école.
Rachel est entourée d’un formidable amour dira-t-elle, à tel point qu’à la Libération, j’ai refusé de repartir avec ma mère venue nous récupérer, moi et ma sœur. J’étais complètement insensible à la douleur de cette autre maman (NDLR : à 105 ans, elle est toujours en vie) dont le mari était mort en déportation en 1943. A ma décharge, rappelons que je n’avais que cinq ans et demi. »
Rachel ira régulièrement chez sa vraie mère, restée à Paris alors que son mari, déporté, ne reviendra jamais, mais ne rentrera à Paris qu’à l’âge de 15 ans.
Rachel se marie à 24 ans, « obligeant » son père adoptif à l’accompagner à la synagogue.
André Berthet, communiste notoire, athée et libre-penseur s’exécute par amour pour « sa » fille ! Deux filles naissent et un jour, Rachel Gebrowicz les emmène au mémorial de la Shoah où elles voient le nom de leurs deux grands-pères déportés et jamais revenus. Passent devant la stèle des « Justes », elles demandent à leur mère pourquoi les « grands-parents » Berthet ne sont pas reconnus comme Justes. Rachel Gebrowicz répond « que son père n’aimait ni les médailles ni les honneurs et qu’il aurait refusé ». Et l’une des filles dit à sa mère : « il refusait d’aller te marier à la synagogue et il a pourtant changé d’avis ! »
En 1973, la famille Berthet avait adopté Rachel qui s’appelle maintenant légalement Mme Goldstein, née Rachel Gebrowicz-Berthet.
« André et Yvonne Berthet ont été des grands-parents formidables. Quelle chance j’ai eu de les avoir rencontré ! »
Le 30 août 2009, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur André Berthet et son épouse Yvonne.
Rachel Gebrowicz au bras de M. Berthet le jour de son mariage
Documents annexes
Article de presse – Revue Résistance en Touraine avril 2010 | |
Article de presse – Le Journal Berrichon de 2010 | |
Article de presse -La Nouvelle république du 26/10/2010 |