Dossier n°11789 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Arthur Sentex

Année de nomination : 2010
Date de naissance : 08/01/1889
Date de décès : 02/01/1947
Profession : Archiprêtre
    Localisation Ville : Lectoure (32700)
    Département : Gers
    Région : Occitanie

    L'histoire

    Arthur Sentex est né à Réans le 8 janvier 1889. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1914. Mobilisé quelques semaines plus tard, il sera blessé. En 1930, il devient archiprêtre de Lectoure. Professeur de philosophie en terminales à Saint-Joseph, aumônier de la Jeunesse Catholique, ses fonctions l’aident dans ses actions clandestines en faveur des réfugiés et des résistants.

    Le chanoine Arthur Sentex appelle à Lectoure la congrégation religieuse de Sainte-Chrétienne de Metz. Ces religieuses repliées à Lectoure enseigneront à l’Immaculée Conception de 1939 à 1948. C’est est un meneur silencieux. Il cache entre autres Johanna Schwarz, petite fille juive autrichienne, orpheline, à la pension de l’Immaculée Conception.

    Témoignage de l’abbé Georges Bernès, vicaire à l’église du Saint-Esprit à partir de juillet 1944 : « L’homme qui mit à contribution les couvents : Carmel, Providence et même les églises fut le chanoine Arthur Sentex, archiprêtre de Lectoure, grand résistant, qui dirigea toutes les opérations et sauva ainsi de nombreuses personnes. Après la Libération, j’appris ainsi de sa bouche tout ce qu’il avait fait, sans toutefois entrer dans les détails car c’était un prêtre discret, humble mais au cœur plein de foi et d’amour pour tous les hommes ses frères ».

    Marie Reznik, enfant juive à Lectoure durant toute la guerre témoigne : « La personne qui a risqué sa vie pour sauver mon oncle Polak, c’était l’archiprêtre Arthur Sentex : cet homme, il n’y en avait pas deux pour agir de façon aussi dangereuse pour lui. L’archiprêtre Arthur Sentex a dit à ma mère qui était dans la peur : “Ne vous faites pas de soucis pour vos enfants, je les élèverai dans la religion juive”. En septembre 1943, le père venait d’être déporté et la mère craignait de l’être.

    Témoignage de Renée Kaluszynski née Rebecca Frydman : faire évader le père et protéger la fille :

    « Mon père fait connaissance de l’archiprêtre et ils ont de longues conversations. Ma mère est arrêtée et envoyée au Camp Joffre à Rivesaltes. À sa libération, la famille est assignée à Saint-Clar. Le père est arrêté en septembre 1943 à Saint-Clar et déporté, Arthur Sentex intervient.

    À la suite de l’intervention de l’archiprêtre, un monsieur Frydman a été libéré : ce n’était pas mon père, un homonyme ».

    Il va aussi sauver Israël Weissmann père de Hilda et Dora qui avaient 8 et 11 ans à l’époque. La famille quitte l’Allemagne dès 1933 pour venir s’établir à Metz mais comme un grand nombre de juifs lorrains, elle est évacuée dès septembre 1939 vers Angoulême en Charente. Avec sa famille, Israël rejoint son frère David à Lectoure dans le Gers. Ils habitent alors une vieille maison sans confort, sans eau ni électricité, mais qui possède un grenier aménagé qui est une cachette idéale. Israël parvient à travailler comme ouvrier agricole, à se procurer un peu de ravitaillement. Deux gendarmes sont venus un jour l’arrêter mais ne l’ont heureusement pas trouvé, il était dans le grenier. Comme ils devaient revenir le lendemain, l’Archiprêtre l’a alors ensuite caché dans le clocher de l’église du Saint-Esprit pendant plus d’une semaine.

    L’archiprêtre fut l’objet d’une ovation le soir de la Libération du département (20 août 1944). Il célébra par la suite une messe avec le comité de Libération. Lors de ses obsèques, en janvier 1947, la population entière suivit la cérémonie. Arthur Sentex représente les valeurs de résistance à l’oppression et de solidarité entre les hommes, grâce à son courage et son humilité il a sauvé plusieurs personnes juives vouées à une mort certaine.

    Le 24 février 2010, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah,  a décerné à Arthur Sentex le titre de Juste parmi les Nations.

    Paroles de son arrière petite nièce Capucine MEZEIXParoles de son arrière petite nièce Capucine MEZEIX
    Article de presse - La dépêche du midi du 21/12/2010Article de presse – La dépêche du midi du 21/12/2010