Dossier n°11864A - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Danielle (Chamant) Chantereau

Année de nomination : 2010
Date de naissance : 20/05/1922
Date de décès : 23/04/2018
Profession : Etudiante en Sciences Sociales
    Localisation Ville : Carcassonne (11000)
    Département : Aude
    Région : Occitanie

    L'histoire

    Jean Georges Roty est le directeur de la branche régionale du Secours National à Carcassonne, dans l’Aude, et chef de la Résistance dans son département. Cette organisation avait été créée par le gouvernement français dans les premiers jours de l’Occupation allemande. Sous couvert d’une organisation collaborationniste, le Secours National, à vocation caritative et animé par des gens de cœur rapidement révoltés par l’orientation prise par le gouvernement de Vichy. L’organisation va très vite servir d’alibi pour dissimuler des activités clandestines et accueillir dans ses infrastructures ceux qu’il était impératif de soustraire à la vindicte ennemie. Dès la rafle du Vel d’Hiv, en juillet 1942, de nombreux enfants juifs menacés de déportation trouvent refuge à l’antenne de Carcassonne, où, mêlés aux autres pensionnaires, ils représenteront bientôt les deux tiers des effectifs.

    Danielle Chamant (devenue plus tard Chantereau) entre en fonction en tant qu’assistante sociale sous les ordres de Georges Roty. C’est là qu’elle croise le chemin de Nicole BLOCH, qui a fui Strasbourg avec sa famille pour échapper aux persécutions antisémites et qui, sous le pseudonyme de Nicole BLECHET, s’est engagée dans la section toulousaine de « la Sixième » (organisation clandestine créée par les Éclaireurs Israélites de France), dont la mission principale est de cacher des enfants juifs. Elle est dirigée par René KLEIN, son futur mari.

    Nicole et sa nouvelle amie d’infortune, Danielle, sont guidées par le même esprit de solidarité et d’engagement. Elles assument toutes deux, malgré leur jeune âge, des missions particulièrement périlleuses.

    Fin 1942, Nicole Bloch contacte l’Abbé Albert Gau, jeune prêtre républicain et grande figure de la Résistance en Haute-Garonne, qui participe activement au placement des enfants juifs dans des institutions chrétiennes et dans des familles d’accueil. L’Abbé Gau utilise également ses contacts avec des membres du gouvernement de Vichy pour obtenir des cartes d’alimentation et de faux papiers pour les réfugiés juifs, ainsi que de faux certificats de naissance et de baptême pour d’autres.

    Danielle Chamant, quant à elle, accompagne fréquemment les enfants juifs dans leurs cachettes, notamment dans des pensionnats catholiques, malgré les risques encourus, et leur remet des cartes d’alimentation. Son souci du bien-être de ces enfants dépasse les missions qui lui sont attribuées par le Secours National, comme en témoigne cet épisode où, ayant appris qu’une jeune fille avait été placée dans une maison close, elle entreprend de la transférer vers un lieu d’accueil plus convenable.

    Après la guerre, Nicole Bloch épouse René Klein. Le lien indéfectible d’amitié entre les deux jeunes femmes perdure après-guerre.

    Nicole BLOCH-KLEIN écrira en 2007 : « Danielle CHAMANT-CHANTEREAU nous a beaucoup aidés. Elle se chargeait de missions que lui confiait Georges ROTY, ravitaillait nos protégés, accompagnait les enfants dans leurs retraites clandestines, surveillait la façon dont ils étaient traités. De sa propre initiative, elle élargissait secrètement le périmètre des actions que lui confiait le Secours National, s’arrangeait pour « prélever » des vivres sur les rations allouées à l’œuvre pour constituer des stocks de nourriture qu’elle déposait à l’attention des démunis, dans les sous-sols des églises Saint-Michel et Saint-Vincent de Carcassonne. »

     

    Le 31 mai 2010, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah – a décerné à Jean Roty et à Danielle Chamant Chantereau le titre de Justes parmi les Nations.

     

    Articles annexes

    Les médias externes :







    Mis à jour il y a 1 semaine.