Dossier n°11888 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Auguste Brionne

Année de nomination : 2010
Date de naissance : 25/12/1895
Date de décès : 24/09/1980
Profession : Directeur de collège

Alice Victorine Brionne Prévost

Année de nomination : 2010
Date de naissance : 27/11/1894
Date de décès : 22/02/1972
Profession : Econome
    Localisation Ville : Périgeux (24000)
    Département : Dordogne
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Les parents d’André Failovic, Mejszc Kopel Failovic et Ragzka Wisznia, sont originaires de Pologne. Ils habitent Paris depuis les années 30. Mojszc Kopel Failovic fait de la reliure d’art, métier qu’il a appris en Pologne. Il travaille à l’atelier de reliure de la librairie Hachette, à Paris, dans le 14ème jusqu’à la déclaration de guerre en 1939. André est né dans le 14ème arrondissement de Paris et grandit dans le 20ème arrondissement.

    Le 2 septembre 1939, alors qu’il se trouve en vacances en Dordogne chez des amis paysans, la famille Privas, la guerre éclate. Son père, toujours citoyen polonais, mais ayant fait une demande de naturalisation, s’engage alors comme volontaire étranger dans l’armée française. Sa mère quitte Paris avec son fils aîné, Charles né en 1924, pour rejoindre André en Dordogne. C’est la panique à la gare d’Orsay où tous les trains sont pris d’assaut. Ils s’installent à Chancelade, petit village situé à quelques kilomètres de Périgueux, où Mojszc Kopel Failovic réussit après de nombreuses péripéties, à les rejoindre lorsque l’armistice est signé, en juin 1940.

    De 1940 à août 1944, il exerce toutes sortes de petits métiers dont journalier dans les fermes des environs.

    En novembre 1940, les parents d’André Faivolic comprennent la nature du régime de l’Etat de Vichy et décident de le confier à un couple, les Brionne pour assurer sa protection.  Auguste et Alice Brionne vont devenir alors ses seconds parents. André est inscrit au collège catholique Saint Front, à Périgueux. Il y est inscrit sous le nom d’André Dupont pour plus de sécurité.

    Auguste Brionne est le directeur du collège, et son épouse, mère d’une famille nombreuse, dirige l’économat et veille à la bonne marche de l’établissement.

    Paul Brionne se rappelle l’arrivée de André dit « Dédé », alors âgé de 6 ans, comme pensionnaire chez ses parents. Il précise que ses parents avaient fait établir pour Dédé un certificat de baptême au nom d’André Dupont. Durant toute la période d’occupation, il est considéré par le couple Brionne comme leur fils, et, par les enfants Brionne, comme leur frère. Il va rester chez eux pendant 4 ans au mépris des risques encourus. Il participe à toutes les activités de l’école catholique – Coeurs Vaillants, Louveteaux, messe- et à tous les événements, petits et grands, de la vie quotidienne. Interne, il rentre uniquement le samedi soir chez ses parents, quand les circonstances le lui permettent.  Un jour il y a eu une grande rafle à Périgueux, tout le monde courait dans les rues. Les parents d’André étaient justement venus lui rendre visite au collège. Auguste Brionne les a alors recueilli pour la nuit pour échapper aux Allemands. Un jour des Allemands sont venus inspecter l’école en quête de trouver des enfants juifs mais André n’a pas été inquiété.

    André se rappelle d’un autre garçon juif, plus âgé que lui d’environ 5 ans, qui était également hébergé par Auguste et Alice pendant cette période, sous le nom de Georges Duval. A la libération, celui-ci est repartit avec sa mère à Paris.

    André, bien qu’encore très jeune, se souvient très bien du 6 juin 1944, jour du débarquement, tant attendu par les uns, tant redouté par les autres.

    Puis vient la libération, une immense explosion de joie, et la libération de Périgueux par les forces de la résistance périgourdine. André se souvient que Cécile, une des deux filles Brionne, le prenant dans ses bras en criant « on est libre, libre … Maintenant, je peux t’appeler par ton vrai nom, tu ne t’appelles pas Dupont ».

    Fin heureuse, assombrie par le fait que Charles, son frère aîné, qui a été arrêté à Paris en mars 1944, a été déporté à Auschwitz où il périt. André décrit Auguste et Alice Brionne comme des personnes très croyantes, proches des idées du maréchal Pétain, mais n’admettant pas son attitude par rapport aux juifs. Ils sont devenus très amis avec ses parents ; cette amitié perdure depuis.

    Le 19 septembre 2010, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Auguste Brionne et son épouse Alice, le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Article de presse - Dordogne libre du 20/01/2012Article de presse – Dordogne libre du 20/01/2012
    Article de presse - Sud Ouest du 23/01/2012Article de presse – Sud Ouest du 23/01/2012

     




    Mis à jour il y a 8 mois.