Dossier n°11956 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2011

Gisèle Ripé Richer

Année de nomination : 2011
Date de naissance : 13/11/1912
Date de décès : 15/08/1995
Profession : Mère de famille

Robert Ripé

Année de nomination : 2011
Date de naissance : 22/03/1911
Date de décès : 05/07/1979
Profession : Bonnetier
    Localisation Ville : Mazangé (41100)
    Département : Loir-et-Cher
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

    Robert et Gisèle RIPE
    Henri, Suzanne et Charles Szermanski sont tous les trois nés en France – respectivement en 1929, 1933 et 1937 – de parents polonais.

    Joseph, leur père, est né à Radom (Pologne) en 1902. Hinda Cyrla Rudmanowicz, leur mère, est née à Szydlowiec (Pologne) en 1897.

    Joseph arrive à Paris en 1924. Il rencontre Hinda et se marie avec elle, d’abord religieusement, en 1928. Joseph est cordonnier ; les revenus ne sont pas mirobolants. La famille vit dans une pièce-cuisine, dans le XIXe arrondissement de Paris. Mais Joseph espère des jours meilleurs en militant dans des mouvements progressistes juifs. Quand la guerre civile éclate en Espagne, il part combattre – comme beaucoup de ses compatriotes réfugiés en France – aux côtés des républicains espagnols, contre le fascisme.

    À son retour, il se marie civilement avec Hinda, en 1939, et s’engage dans l’armée française car il sait, après son expérience en Espagne, à quel point la lutte contre le nazisme est importante.

    Mais il est fait prisonnier sur le front de l’Aisne, durant la campagne de France, et envoyé au Stalag II B, qui – ironie de sa destinée – se trouve à Hammerstein, près de Czarne, en Pologne, à 114 km au nord de Radom où il est né.

    La vie dans ce Stalag est très dure et les Juifs polonais n’y sont pas épargnés. Il y contracte une maladie pulmonaire et il est rapatrié sanitaire en 1942, puis hospitalisé dans différents établissements.

    Le rôle de chef de famille incombe à Hinda. Elle et ses enfants sont arrêtés, une première fois, puis relâchés, car Hinda est femme de prisonnier de guerre (Joseph n’avait pas encore été rapatrié).

    On vient les arrêter, une deuxième fois. Mais Hinda ne répond pas et les policiers finissent par repartir.

    Ces deux alertes lui font prendre la décision de protéger ses trois enfants.

    « Avec plusieurs voisins et amis juifs, raconte Suzanne, ils ont eu connaissance, par l’intermédiaire d’une enseignante de l’école maternelle de notre quartier, d’une filière en relation avec un enseignant (M. Gillard) dans les environs de Vendôme (Loir-et-Cher). »

    C’est comme cela que Suzanne (9 ans) et Charles (5 ans) Szermanski sont accueillis chez Robert et Gisèle Ripé, sur la commune de Mazangé, à 14 km à l’ouest de Vendôme. Quant à lui, Henri (13 ans) est placé dans une ferme où il travaille, non loin de là, et d’où il peut rejoindre facilement le domicile des Ripé.

    Robert Ripé, né en 1911, est bonnetier. Gisèle, née en 1912, élève leurs deux enfants : Ghislaine, née en 1937, et Gérard, né en 1939. Et, malgré les revenus modestes de Robert, le couple Ripé n’hésite pas à accueillir trois enfants juifs sous son toit, prenant de grands risques, et à les élever comme ses propres enfants. Une autre petite fille est accueillie également. Les enfants Szermanski, traumatisés par les deux arrestations auxquelles ils ont réchappé, ont été sauvés par Robert et Gisèle Ripé, mais surtout nourris de tendresse et de bonté, ce dont ils avaient le plus besoin pour combler l’absence de leurs parents.

    Hinda est restée à Paris. Elle est arrêtée, internée à Drancy, d’où elle est déportée par le convoi n° 68 du 10 février 1944, arrivé à Auschwitz (Pologne) le 13 février 1944. Elle est morte en déportation à 226 km de la ville où elle est née.

    Après la guerre, Joseph reprend ses enfants et doit se remettre au travail. Il meurt en 1954, des suites de sa maladie.

    Ce n’est que dans les années 2000 que Charles Szermanski, effectuant des recherches sur Internet, retrouve Ghislaine Ripé, maintenant Mme Balzano, pour, avec son frère et sa sœur, lui dire à quel point ils sont reconnaissants de l’action désintéressée de Robert et Gisèle Ripé, respectivement décédés en 1979 et 1995.

    Le 11 janvier 2011, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Robert Ripé et à son épouse Madame Gisèle Ripé.

    Documents annexes

    Invitation  cérémonie RipéInvitation cérémonie Ripé
    17 décembre 2012 10:16:06

    Articles annexes