Dossier n°12066 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2011

Charles De Lespinasse

Année de nomination : 2011
Date de naissance : 31/07/1872
Date de décès : 09/12/1947
Profession : Retraité

Berthe De Lespinasse Ferrieu

Année de nomination : 2011
Date de naissance : 31/01/1875
Date de décès : 21/03/1956
Profession : Retraitée
    Localisation Ville : Nice (6000)
    Département : Alpes-Maritimes
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    Berthe et Charles DE LESPINASSE
    Aaron Henri Garih est né en 1907 à Istanbul (Turquie), d’une famille juive originaire du Proche-Orient. Son père était pharmacien à Ortaköy, un quartier de la rive occidentale du Bosphore à Istanbul. Il émigre en France.

    Adèle Radvanovitch est née à Paris en 1912 d’une famille originaire de Lumza en Pologne.

    Henri et Adèle se marient en 1932. Ils ont d’abord un fils, né en 1935.

    Henri exerce plusieurs métiers : comptable, vendeur de semences de pomme de terre mais c’est en vendant des aciers qu’il a l’idée de chercher un moyen de mettre au point des aciers de très grande dureté pour l’usinage de la fonte, de l’acier et d’autres matériaux. Il met en œuvre le carbure de tungstène dont l’adhérence au matériau support est obtenue par frittage, grâce à de la poudre de cobalt notamment. Ce produit était commercialisé sous le nom « Super Safety Diamant », par référence au fait qu’il avait la dureté du diamant. La société Safety, fondée en région parisienne par Henri Garih, comptait, en 1935, une vingtaine de salariés.

    Krupp, le grand groupe sidérurgique allemand, lui intente un procès, avant guerre. Krupp avait lancé le Widia. Il pensait l’emporter mais, contre toute attente, c’est Henri Garih qui gagne le procès, alors qu’il n’est même pas naturalisé français.

    Ces aciers spéciaux traités au carbure de tungstène avaient, on s’en doute, des applications militaires. En raison de leur caractère stratégique, les autorités françaises ordonnent le repli sur la région du Mans (Sarthe) pour toutes les entreprises de ce genre installées en région parisienne. Toutefois, Henri Garih, flairant le danger que représentait un rassemblement géographique de ces entreprises, opte pour un repli atypique, à La Souterraine, chef-lieu de canton de la Creuse. À cette époque, l’entreprise se développe sur la coupe des métaux et la tréfilerie.

    Dans cette entreprise, Henri s’appuie sur son épouse, Adèle, qui dirige le bureau, s’occupe des relations avec la clientèle, des livraisons et des catalogues. En août 1942, Adèle donne naissance à une fille, Huguette. C’est à cette époque que des rafles de Juifs sont organisées en zone non occupée, où se trouve La Souterraine.

    Henri Garih est prévenu par les Renseignements généraux du danger de rester, malgré l’intérêt économique et stratégique de son entreprise, après l’invasion de la zone sud par l’armée allemande.

    Parmi leurs clients en région parisienne se trouvait M. Suermondt, qui vivait avec Mme Cambacher, née de Lespinasse, laquelle avait eu une fille d’un premier mariage.

    Le couple avait tissé des liens d’amitié avec les Garih, qui font appel à eux lorsqu’ils doivent quitter La Souterraine.

    C’est ainsi que, fin 1942, la famille Garih part pour Nice (Alpes-Maritimes) – passé sous contrôle de l’armée italienne en même temps que l’allemande envahissait la majeure partie de la zone sud – et trouve refuge chez Charles et Berthe de Lespinasse, les parents de Mme Cambacher, dans la villa Saint-Jacques située sur les hauteurs.

    Claude Garih raconte : « Nous nous sommes bien entendus. Charles de Lespinasse était un homme grand et mince, très “vieille France”, très bien élevé, qui avait dû travailler aux Affaires étrangères. Sa femme Berthe était douce et très gentille mais elle marchait très difficilement. »

    Henri Garih vivait caché dans le grenier de la villa. Pendant ce temps, des concurrents français étaient plus libres d’occuper ce marché.

    Comme Mme de Lespinasse était handicapée, Adèle Garih faisait la cuisine et les courses. M. de Lespinasse conduisait Claude à l’école catholique Sasserno, où il était inscrit sous le nom de Garin, de même que son cousin germain Léon Katz, inscrit sous le nom de Simart, vivant avec sa famille dans l’hôtel Alhambra dans le quartier Cimiez à Nice.

    À partir du 8 septembre 1943, Nice passe sous contrôle allemand. Les Juifs y sont beaucoup moins en sécurité que lors de l’occupation italienne. L’armée allemande avertit qu’elle arrêtera toute personne aidant des Juifs. M. de Lespinasse dit alors : « S’ils vous arrêtent, nous viendrons avec vous ». Il avait donc conscience des risques qu’il encourait en protégeant la famille Garih. Mais, pour les voisins, Adèle et ses deux enfants – Huguette était blonde comme les blés – avec un mari apparemment parti, habitant chez des retraités, cela pouvait amener à s’interroger et une arrestation aurait eu de graves conséquences que le couple Garih ne voulait pas faire courir à leurs généreux hôtes.

    Après des rafles au cours desquelles des hommes étaient obligés de baisser leur pantalon pour qu’un médecin dresse un constat de non-judéité, les livrant aux Allemands et à la déportation, les Garih logent dans une pension appartenant à des proches de la famille Lespinasse, dans le quartier Cimiez à Nice.

    Puis, début 1944, les Garih , munis de faux papiers, et les Katz décident de quitter Nice et de partir avec leurs familles – quatre pour les premiers, sept pour les seconds – à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), où ils sont restés jusqu’à la Libération.

    Henri et Adèle Garih ont toujours été reconnaissants envers leurs hôtes et sauveurs, Charles et Berthe de Lespinasse.

    L’institut Yad Vashem a décerné le titre de Justes parmi les Nations à Charles et Berthe de Lespinasse le 12 avril 2011. 

    Documents annexes

    Témoignage de DAPHNE BEMBARON, Arrière-arrière-petite-fille de Charles et Berthe de Lespinasse Témoignage de DAPHNE BEMBARON, Arrière-arrière-petite-fille de Charles et Berthe de Lespinasse
    5 juin 2014 12:49:02
    Dossier de presse-Berthe et Charles DE LESPINASSE-12066Dossier de presse-Berthe et Charles DE LESPINASSE-12066
    16 avril 2012 08:55:44
    Invitation Cérémonie Charles et Berthe DE LESPINASSEInvitation Cérémonie Charles et Berthe DE LESPINASSE
    16 avril 2012 08:51:31

    Articles annexes