Les Justes
Henri Lefèbvre
Année de nomination : 2011Date de naissance : 01/03/1900
Date de décès : 17/12/1978
Profession : Chef de gare
Reine Marguerite (Albert) Lefèbvre
Année de nomination : 2011Date de naissance : 18/05/1902
Date de décès : 30/10/1978
Profession :
Département : Tarn
Région : Occitanie
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
Meir et Taube-Rose Markscheid, originaires de Pologne, avaient émigré en Belgique à Anderlecht fin des années 1920. Quelques jours avant l’occupation de la Belgique par les Allemands en 1940, ils s’enfuient vers la France avec leurs deux filles, Fanny née en 1930 et Léa née en 1936. Ils s’installent à Toulouse.
Fin 1941, le gouvernement de l’état de Vichy publie des ordres formels. Parmi les Juifs étrangers entrés en France après 1936, les plus pauvres sont internés dans des camps aux conditions plus que difficiles et pour les ceux qui ont les moyens de payer pour se loger sont assignés à résidence.
En janvier 1942, le préfet de la région de Toulouse décide d’établir trois centres de résidence surveillée aux réfugiés juifs dont celui de Lacaune dans le Tarn, à l’est du département.
Le 4 avril 1942, Les Markscheid comme les 650 Juifs s’installent alors à Lacaune où ils ne sont pas autorisés à quitter la ville et doivent se présenter chaque semaine à la gendarmerie locale.
Les Markscheid louent un appartement dans l’une des rues principales de Lacaune. Leurs voisins du rez-de-chaussée sont Henri et Reine Lefèbvre. Henri est depuis longtemps le chef de gare. Les deux familles ont des filles du même âge et deviennent amies.
Le 10 juillet 1942 Laval et Pétain signent un accord pour livrer en zone occupée dix mille juifs étrangers résidant en zone libre à la demande des Allemands.
La gare a son propre réseau privé de téléphone et c’est ainsi que le 26 août 1942, Henri averti par un ami gendarme d’un danger immédiat, a pu prévenir Meir Markscheid d’une arrestation imminente de la Milice. Meir refuse de laisser sa femme qui est malade et alitée. Moyennant finance, le docteur qui la soigne accepte de déclarer qu’elle est intransportable et qu’elle a besoin de ses filles avec elle ce qui évitera leurs arrestations. Mais Meir quant à lui, est arrêté et avec lui, 88 autres Juifs, envoyé à Drancy puis à Auschwitz par le convoi N°30 et Buchenwald où il meurt le 17 février 1945.
Après l’arrestation de Meir, Henri insiste pour aider Madame Markscheid et ses filles ainsi que d’autres Juifs. Une deuxième vague d’arrestations se déroule le 20 février 1943 et 29 Juifs sont arrêtés et déportés, mais 20 autres ont pu s’enfuir. Le fils de David Goldberg se souvient qu’Henri s’était arrangé pour mettre son père dans un train pour Castres, distant de quarante-cinq kilomètres, caché dans un grand tonneau.
Les opérations de la Milice sont contrecarrées car Henri, membre de la Résistance, prévient les familles juives avant l’arrestation et les rafles échouent. Pendant ce temps, la jeunesse juive locale organise des tours de garde. S’ils soupçonnent des mouvements de véhicules suspects, ils préviennent immédiatement les Juifs de la ville de se cacher dans les montagnes environnantes.
Plusieurs fois Taube-Rose Markscheid a été forcée de se cacher la nuit dans les bois et les filles se cachaient alors chez les Lefèbvre.
Après-guerre, des témoignages de Juifs se cachant à Lacaune ont attesté que Henri Lefèbvre, chef de gare les a sauvés en prévenant de rafles imminentes, en les cachant dans des trains en partance qui s’arrêtaient peu après avoir quitté la gare, pour que les réfugiés en fuite puissent y grimper.
Ils ont agi de manière totalement altruiste, en toute connaissance des dangers encourus pour eux et pour leurs deux enfants âgés de 7 et 18 ans.
Le 22 juin 2011, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné, à Henri et Reine Lefèbvre, le titre de Justes parmi les Nations.
Documents annexes
Invitation cérémonie Lefebvre |