Dossier n°12153B - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Louise Baldy

Année de nomination : 2011
Date de naissance : 24/06/1886
Date de décès : 23/11/1949
Profession :
    Localisation Ville : Béziers (34500)
    Département : Hérault
    Région : Occitanie

    L'histoire

    Au début des années 1940, la famille Borensztejn qui inclut le mari Abram, la mère Szprinca, leur fils Samuel les parents et les sœurs, soit huit personnes s’enfuient de Belgique et se refugient à Paris. Le père Abram Borensztejn est arrêté peu de temps après et envoyé  à Saint Cyprien. Le reste de la famille va à Béziers où elle trouve un logement. La mère Szprinca qui était enceinte se rend à Saint Cyprien d’où elle obtient la remise en liberté de son mari après moult supplications.

    Au mois de septembre 1940, leur fille Charlotte vient au monde et elle est soignée par un pédiatre du nom de Gaston Levy qui a quitté Paris pour Béziers. Des liens d’amitié se tissent entre le médecin et la famille Borensztejn. Le docteur Gaston Levy s’apprête à quitter Béziers pour s’installer à Limoges. Etant donné l’aggravation du danger à Béziers au printemps 1941, il propose de prendre le bébé Charlotte avec lui. Malgré ses réticences, la famille accepte.

    En juin 1942, une descente a lieu dans l’appartement du Docteur Levy à Limoges. Afin de sauver la petite Charlotte ainsi qu’un autre bébé du nom de Freddy, il les fait cacher dans un petit village du coté de Châteauroux à Villedieu-sur-Indre. Le maire de la ville emmène les deux bébés chez deux femmes dignes de confiance qui habitent Mehun. Marie-Louise Forget prend Charlotte et Madame Pantier recueille Freddy. Le docteur Levy raconte aux deux femmes que les enfants ont survécu suite à un bombardement qui a coûté la vie à leurs parents. Pour assurer la sécurité des enfants, les parents avaient tous les renseignements concernant la cachette de leurs enfants. Seul le maire du village et le curé savaient qu’ils étaient juifs. Ils changèrent leurs noms de famille ainsi Charlotte devint Charlotte Forget. La mère, Szprinca demanda au docteur Lévy de voir sa fille. Il céda et insista pour qu’elle ne révèle pas qu’elle était la mère de la petite fille, mais se présente comme sa tante.

    La mère vint avec son fils à Mehun où eut lieu la rencontre qui fut très émouvante. Marie Forget qui était la mère d’une fille de dix-huit ans nommée Suzon et d’un garçon André raconta que son mari était prisonnier en Allemagne. Marie Forget aimait beaucoup la petite Charlotte et s’en occupait bien. La mère Szprinca s’en alla rassurée et retourna à Pézenas où elle se cachait.

    Au mois d’avril 1944 l’information d’une rafle à venir circula, là ou se trouvait la mère de Charlotte avec son fils Roger à Neuvic-Entier dans la maternité des filles-mères. C’était suite à une dénonciation de la directrice de l’institution. Szprinca habilla son fils Roger avec des vêtements de fille pour éviter que la milice et les Allemands vérifient s’il était circoncis et s’enfuit. Elle décida, car elle n’avait pas d’autre choix que d’aller se réfugier chez Marie-Louise Forget là où se trouvait Charlotte. Après un voyage plein de péripéties dû à la dangerosité pour les Juifs de prendre le train ou tout autre transport public, elle arriva à Limoges puis à Villedieu-sur-Indre où elle fut accueillie à la gare par Marie-Louise Forget.

    Szprinca lui raconta qu’elle était sans nouvelles de son mari, qu’elle avait besoin d’un lieu pour s’occuper de son fils Roger ainsi que de gagner sa vie. Marie-Louise Forget l’hébergea pour la nuit, lui assurant le gîte et le couvert. Elle convoqua une réunion familiale qui comprenait sa mère et son frère. Personne ne savait que Roger était en fait le frère de Charlotte. Au matin, Marie Forget dit à Szprinca qu’ils avaient décidé de l’aider. Roger resta chez Marie-Louise Forget. Le frère de Marie  donna du travail à Szprinca comme jardinière à proximité à Chamouseau dans une pension pour enfants. La directrice de l’établissement Madame Lefèvre à qui on avait parlé de la réfugiée belge, l’accepta et elle put habiter à la pension mais sans son bébé. Grace à ce logement et son salaire, Szprinca put assurer les besoins de Roger qui était resté chez Marie Forget.

    L’arrivée de Szprinca avec son bébé chez Marie-Louise Forget sans que n’en soit informée les organisations juives fait craindre que quelqu’un ne dénonce à la police que des enfants juifs se cachent chez Mme Forget. (Il semble que l’information vienne d’une autre femme juive qui a assisté à l’arrivée de Szprinca)

    Quelques mois passèrent mais en conséquence de la dénonciation à Chamouseau, Szprinca dut s’enfuir à nouveau laissant Roger chez Marie-Forget. La prise en charge des enfants fut assurée par le Joint et l’O.S.E. Charlotte et Roger restèrent jusqu’à la fin de la guerre chez Marie Forget puis rejoignirent leurs parents

    Le 15 novembre 2011, Yad Vashem – Institut international pour la Mémoire de la Shoah  a décerné, à Madame Louise Baldy, le titre de Juste parmi les Nations.  




    Mis à jour il y a 3 mois.