Dossier n°12254 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Edouard Payen

Année de nomination : 2011
Date de naissance : 15/01/1888
Date de décès : 25/11/1982
Profession : Marchand de soie

Thérèse (Robin) Payen

Année de nomination : 2011
Date de naissance : 26/10/1892
Date de décès : 29/04/1964
Profession : Sans profession, mère de 8 enfants
    Localisation Ville : Lyon (69002)
    Département : Rhône
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Michel KELNER et Dwjora BURGAUD arrivent chacun de leur côté en France en 1925. Ils s’installent à Paris où ils font connaissance. Ils vivent maritalement. Ce n’est qu’en 1982, peu de temps avant le décès de Monsieur Michel KELNER, qu’ils régularisent cette union. Après avoir eu une formation de brodeur, Michel KELNER apprend le métier de tailleur (confection pour dames). Dwjora BURGAUD apprend le métier de finisseuse et le couple travaillera ensemble durant toute leur vie active. Le 11 novembre 1934 naît leur première fille Solange et le 15 juillet 1939, naît leur fils Lazare. La famille quitte l’appartement qu’elle occupait rue de Flandre à Paris quelques jours avant la Rafle du Vel d’Hiv du 16 juillet 1942 et se réfugie pendant deux semaines chez des connaissances. Dwjora entreprend ensuite plusieurs voyages en zone libre pour trouver une possibilité de refuge. C’est ainsi qu’à Lyon, elle fut discrètement contactée dans un autobus par une personne appartenant à un réseau sans doute rattaché à la Croix Rouge, elle est mise en contact avec Monsieur et Madame PAYEN qui étaient coutumiers de ce genre d’action chez qui Dwojra, son compagnon David et ses deux enfants Solange et Lazare trouvent refuge. Plus tard, compte tenu du danger représenté par la présence des enfants et des difficultés inhérentes à un tel mode de vie, Solange et Lazare, sont placés durant la plus grande partie de cette époque à la campagne à Claise, un petit village près de Châteauroux, dans le Centre de la France. De temps en temps, les parents rendaient visite aux enfants, et de temps en temps les enfants venaient à Lyon chez les PAYEN. Les parents sont cachés un premier temps dans l’appartement des PAYEN puis, plus tard dans un grenier agrandi et aménagé à cet effet. Le couple reste à Lyon jusqu’à la Libération de Lyon au début de l’année 1945. Les risques encourus étaient grands. Le fils de la concierge faisait partie de la Milice. Jamais les PAYEN n’ont demandé la moindre contribution financière au couple réfugié chez eux. Les familles Payen et Kelner ont entretenu des contacts réguliers en s’envoyant des cartes de vœux. Monsieur Jean-Luc GABOLDE avait aussi recueilli le témoignage de sa grand-mère et complète ces informations en précisant que ses grands-parents Edouard et Thérèse PAYEN avaient déjà hébergé quelques semaines un jeune couple juif (identité inconnue) et leur bébé avant qu’ils ne tentent de gagner la Suisse. Ils ont également accueilli pendant l’été 1943 dans leur maison de campagne un jeune Juif apparemment nommé Hagenauer, fils d’un professeur de philosophie au lycée Ampère. Il n’y a pas eu de lien par la suite. Les époux PAYEN ont aidé deux sœurs WEILL, filles de drapiers lyonnais à mettre en lieu sûr dans leur appartement tout un lot de draps. Une des deux sœurs a été raflée et déportée. L’autre sœur a survécu et a récupéré son bien après la guerre. C’est par l’intermédiaire de Marie-Antoinette, la tante de M Luc Gabolde, qui était infirmière stagiaire à la Croix-Rouge que la famille PAYEN a été amenée à héberger des familles juives persécutées. On a su dans les cercles concernés que M et Mme Payen pouvaient donner abri à des réfugiés et cela s’est produit à plusieurs reprises, parfois seulement pour une ou deux nuits. Les KELNER furent donc hébergés pendant une longue période. Tout d’abord dans une chambre de l’appartement où ils restèrent 6 mois. Mais ce dispositif était risqué pour les réfugiés comme pour M. et Mme PAYEN qui avaient la responsabilité de leurs huit enfants. Des proches les jugeaient du reste « irresponsables » ! M. et Mme PAYEN échangèrent leur grenier avec celui d’un de leurs voisins qui possédait une fenêtre. Avec le couple KELNER, ils firent des travaux pour rendre plus vivable cette nouvelle cachette. De temps en temps, M. KELNER descendait dans l’appartement des PAYEN où il pouvait travailler dans une pièce transformée en lingerie. Il lui arrivait de faire des vêtements pour les enfants PAYEN. Il découpait des pantalons de M PAYEN pour récupérer l’étoffe. Il retournait les vieux manteaux pour en faire des neufs. Michel KELNER et sa compagne Dwojra BURGAUD craignaient beaucoup la concierge de l’immeuble, dont le fils était dans la Milice. La concierge avait bien évidemment des soupçons et sur l’avis de M et Mme PAYEN, ils leur suggérèrent de lui faire des vêtements. La concierge se constitua ainsi une garde-robe d’un certain standing et de belle allure, au grand étonnement de son fils milicien. Michel KELNER et sa compagne Dwojra BURGAUD ont ainsi pu passer la fin de la guerre et échapper aux rafles.

    Le 10 Octobre 2011,  Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Monsieur Payen Edouard et son épouse Thérèse, le titre de Juste parmi les Nations.

    Invitation cérémonie PayenInvitation cérémonie Payen

     




    Mis à jour il y a 8 mois.