Dossier n°12526 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2013

Mathurin Boutté

Année de nomination : 2013
Date de naissance : 01/10/1881
Date de décès : 30/06/1961
Profession : Bouvier

Anne-Marie (Goudal) Boutté

Année de nomination : 2013
Date de naissance : 14/09/1878
Date de décès : 26/02/1953
Profession : Nourrice
    Localisation Ville : Sai (61200)
    Département : Orne
    Région : Normandie

    L'histoire

    Boutté Mathurin et Anne Marie
    En 1943,  Anne-Marie Boutté, nourrice diplômée  dans le petit village de Sai, et son mari Mathurin ont accepté de nous accueillir mon frère Maurice, un an, et moi Mireille Dorès, huit ans, en prenant courageusement le risque de cacher des enfants juifs.

    Notre grand-mère maternelle, avec qui nous habitions, ayant été arrêtée en pleine nuit et  déportée à Majdanek, sans retour, nos parents ont décidé de nous éloigner de Paris. Maman travaillait dans des organisations juives et, à travers des filières cachant des enfants, elle a pu obtenir l’adresse de la famille Boutté.

    Après l’arrestation de Papa et son internement dans un camp de travail de l’ile anglo-normande d’Aurigny, Maman est restée cachée à Paris tout en continuant ses activités d’assistante sociale. Elle apportait des faux tickets d’alimentation et des aides financières aux familles dans la tourmente.  En 1944, pendant son transfert vers Auschwitz, mon père  réussit à s’évader en descendant du bateau à Boulogne puis, en se cachant le jour et en marchant la nuit, parvint à retrouver  maman à Paris.

    Nous sommes restés chez Anne- Marie et Mathurin Boutté jusqu’en janvier 1945. Ils avaient dépassé la soixantaine, vivaient modestement dans une petite maison sans eau courante ni électricité, travaillaient sans relâche et n’ont pas hésité à faire ce qu’ils pouvaient contre les atrocités du moment par contraste avec la lâcheté et l’indifférence ambiante. Dans leur simplicité, ils n’auraient certainement pas imaginé recevoir une médaille pour ce qu’ils faisaient. Et ils auraient pu être oubliés car nous avions perdu tout contact.

    En 1987, au cours d’un voyage en France, j’ai voulu montrer à mon mari la maison de Sai. Nous  avons trouvé une maison à l’abandon, au jardin en friche et personne ne savait rien de ses anciens habitants. C’est malheureusement beaucoup plus tard, en écrivant mes souvenirs pour Aloumim,  revue des enfants cachés paraissant en Israël, que j’ai eu l’idée de demander leurs  certificats de décès à la mairie de Sai. 

    Après diverses péripéties, le contact a été rétabli avec la famille de nos sauveteurs.

    Le 30 avril 2013, l’institut Yad Vashem Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Boutté Mathurin et son épouse Anne-Marie.

    Documents annexes

    Article de presse - Ouest france du 24/06/2014Article de presse – Ouest france du 24/06/2014
    28 octobre 2014 10:29:47
    Article de presse - Journal de l'orne du 26/06/2014Article de presse – Journal de l'orne du 26/06/2014
    28 octobre 2014 10:26:09
    Article de presse - Mémoire vive N°50 Mars 2012Article de presse – Mémoire vive N°50 Mars 2012
    24 juin 2014 09:45:48
    Invitation cérémonie BouttéInvitation cérémonie Boutté
    24 juin 2014 09:44:59

    Articles annexes