Les Justes
Année de nomination : 2013Mathurin Boutté
Année de nomination : 2013Date de naissance : 01/10/1881
Date de décès : 30/06/1961
Profession : Bouvier
Anne-Marie (Goudal) Boutté
Année de nomination : 2013Date de naissance : 14/09/1878
Date de décès : 26/02/1953
Profession : Nourrice
Département : Orne
Région : Normandie
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire
Boutté Mathurin et Anne Marie
En 1943, Anne-Marie Boutté, nourrice diplômée dans le petit village de Sai, et son mari Mathurin ont accepté de nous accueillir mon frère Maurice, un an, et moi Mireille Dorès, huit ans, en prenant courageusement le risque de cacher des enfants juifs.
Notre grand-mère maternelle, avec qui nous habitions, ayant été arrêtée en pleine nuit et déportée à Majdanek, sans retour, nos parents ont décidé de nous éloigner de Paris. Maman travaillait dans des organisations juives et, à travers des filières cachant des enfants, elle a pu obtenir l’adresse de la famille Boutté.
Après l’arrestation de Papa et son internement dans un camp de travail de l’ile anglo-normande d’Aurigny, Maman est restée cachée à Paris tout en continuant ses activités d’assistante sociale. Elle apportait des faux tickets d’alimentation et des aides financières aux familles dans la tourmente. En 1944, pendant son transfert vers Auschwitz, mon père réussit à s’évader en descendant du bateau à Boulogne puis, en se cachant le jour et en marchant la nuit, parvint à retrouver maman à Paris.
Nous sommes restés chez Anne- Marie et Mathurin Boutté jusqu’en janvier 1945. Ils avaient dépassé la soixantaine, vivaient modestement dans une petite maison sans eau courante ni électricité, travaillaient sans relâche et n’ont pas hésité à faire ce qu’ils pouvaient contre les atrocités du moment par contraste avec la lâcheté et l’indifférence ambiante. Dans leur simplicité, ils n’auraient certainement pas imaginé recevoir une médaille pour ce qu’ils faisaient. Et ils auraient pu être oubliés car nous avions perdu tout contact.
En 1987, au cours d’un voyage en France, j’ai voulu montrer à mon mari la maison de Sai. Nous avons trouvé une maison à l’abandon, au jardin en friche et personne ne savait rien de ses anciens habitants. C’est malheureusement beaucoup plus tard, en écrivant mes souvenirs pour Aloumim, revue des enfants cachés paraissant en Israël, que j’ai eu l’idée de demander leurs certificats de décès à la mairie de Sai.
Après diverses péripéties, le contact a été rétabli avec la famille de nos sauveteurs.
Le 30 avril 2013, l’institut Yad Vashem Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Boutté Mathurin et son épouse Anne-Marie.
Documents annexes
Article de presse – Ouest france du 24/06/2014 28 octobre 2014 10:29:47 | |
Article de presse – Journal de l'orne du 26/06/2014 28 octobre 2014 10:26:09 | |
Article de presse – Mémoire vive N°50 Mars 2012 24 juin 2014 09:45:48 | |
Invitation cérémonie Boutté 24 juin 2014 09:44:59 |