Dossier n°1277 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Charles Baud

Année de nomination : 1978
Date de naissance : 17/01/1896
Date de décès : 10/02/1979
Profession : Paysan

Joséphine Baud Lagorio

Année de nomination : 1978
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Paysan

    L'histoire

    Charles et Joséphine Baud, des paysans catholiques, vivaient à Fourques, petit village situé non loin d’Arles dans les Bouches-du-Rhône. Lorsque la France fut occupée, leur fils Gaston, pilote dans l’armée française, vint habiter chez eux. Un an avant la guerre, la famille Galer, des Juifs du Luxembourg, était venue passer des vacances non loin de Fourques et s’était liée d’amitié avec la famille Baud. Lorsque le Luxembourg fut envahi par les Allemands en mai 1940, M.Galer décida de s’enfuir avec sa famille vers l’Espagne et de gagner ensuite les États-Unis. Lors de la première étape de ce programme, Galer demanda aux Baud d’accueillir son jeune fils, Henri, et de lui donner asile jusqu’à ce que toutes les autorisations nécessaires pour émigrer aient été obtenues. Environ un an plus tard, toute la famille quitta la France et partit aux États-Unis. A l’automne 1942, les Baud accueillirent dans leur foyer le petit Albert Feldman, âgé de cinq ans, qui vivait jusqu’alors avec ses parents à Marseille. C’est l’organisation juive clandestine UJRE (Union des Juifs pour la résistance et l’entr’aide) qui avait amené le petit garçon chez les Baud. Charles et Joséphine ainsi que leur fils Gaston l’adoptèrent immédiatement, le traitant comme un membre de la famille. Ils lui donnèrent le nom d’Albert .Flamand. et lui expliquèrent que pour le salut de tous il devait les appeler Tonton et Tata. Ils l’inscrivirent sous ce faux nom à l’école communale et obtinrent pour lui des cartes d’alimentation. Ce faisant ils couraient de grands risques, d’autant qu’il y avait un camp militaire allemand à proximité. Des soldats allemands venaient régulièrement à la ferme. Ils s’adressèrent plus d’une fois au petit garçon juif, pour la plus grande inquiétude de ses sauveteurs. Les Baud devaient également veiller à ce que l’enfant ne se promène pas tout nu dans la cour… ce qui aurait révélé qu’il était juif. A la Libération, les Baud, sans aucune nouvelle de la famille d’Albert, voulurent adopter l’enfant. Toutefois les Feldman, qui cherchaient leur fils, réussirent à retrouver sa trace; en 1945 parents et enfant furent réunis après trois ans de séparation. La réunion eut lieu sous le toit des Baud. Les Feldman retournèrent à Marseille avec Albert, qui resta en contact avec sa famille adoptive. Après la guerre, les deux familles continuèrent à se voir régulièrement. Albert passait ses vacances d’été chez les Baud. Plus tard, installé en Israël et devenu diplomate, Albert Feldman n’oublia pas ceux qui l’avaient sauvé : « La famille Baud m’a élevé, m’a donné une éducation et, par dessus tout, m’a assuré une enfance heureuse malgré les temps difficiles. Ils ont pris des risques physiques considérables ce faisant, et je n’oublierai jamais ma première rencontre avec ma seconde famille. »

    Le 14 août 1978, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Charles et Joséphine Baud le titre de Juste parmi les Nations.