Dossier n°12932 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Hortense (Pestre) Rey

Année de nomination : 2015
Date de naissance : 11/10/1883
Date de décès : 01/01/1970
Profession : employée (service courriers des autobus)
    Localisation Ville : Saint-Sauveur-du-Montagut (07190)
    Département : Ardèche
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    À la suite de l’invasion des troupes allemandes en Belgique en mai 1940, de nombreuses familles juives ont dû se résoudre à quitter leur pays et à s’enfuir vers la France où l’exode les pousse vers le sud. Ces familles s’y installent définitivement faute d’être autorisées à rentrer chez elles en Belgique. C’est ainsi que certaines de ces familles arrivent dans le département de l’Ardèche.

    La famille Raychmann est de nationalité polonaise. Elle compte parmi les quatre familles juives arrivées de Belgique qui trouve refuge à Saint-Sauveur-de-Montagut et dans le petit hameau du Moulinons. Ils sont tous en résidence surveillée. Au début, M. Raychmann, cordonnier de son état, travaille chez René Faure mais il est rapidement transféré dans un camp de travail forcé.

    Accueillies, aidées, puis intégrées et aimées par la population protestante de ce petit village de Saint-Sauveur-de-Montagut, à l’été 1942, ces familles pensent définitivement être à l’abri. Malheureusement elles sont arrêtées comme 1 100 autres juifs au cours de la grande rafle des juifs étrangers de la région de Lyon du 26 août 1942 et internées au camp de Vénissieux avant d’être conduites à Drancy puis déportées vers Auschwitz.

    Toutefois, au cours de la nuit du 28 au 29 août 1942, les Amitiés Chrétiennes patronnées par le Cardinal Gerlier et le Pasteur Boegner organisent le « rapt » des 108 enfants juifs étrangers en demandant aux parents de signer un acte de délégation de paternité en faveur de cette association et leur donner une chance de survivre. Les enfants sont ensuite exfiltrés du camp puis conduits en car dans un local situé à Montée des Carmélites à la Croix-Rousse à Lyon avant d’être dispersés ailleurs afin de leur éviter d’être à nouveau arrêtés.

    Mise au courant de ce sauvetage, Paulette Merland, les époux Faure, des habitants de Saint-Sauveur-de-Montagut décident d’aller chercher à Lyon les enfants de leurs protégés, Hélène Raychmann, Jean Baumel, Anna et Jules Szrajbe et les ramener chez eux. Sur place, on leur demande de prendre également avec eux une autre petite fille, Rachel Bercowicz arrêtée à Alba-la-Romaine en Ardèche. Le père de Rachel connaissait les parents d’Hélène Raychmann lorsqu’il était en Belgique. Le couple Raychmann quant à est lui, est arrêté le 27 aout 1942 et envoyé à Drancy puis à Auschwitz.

    De retour à Saint-Sauveur-de-Montagut, les Faure placent les enfants dans différentes familles et ne gardent avec eux que la petite Hélène. Un mois plus tard, devant recevoir une tante maternelle très malade, Hélène est confiée à une autre famille. C’est ainsi qu’en septembre 1942, Hélène Raychmann arrive chez Madame Rey qu’elle appelle « marraine ». Elle y reste trois ans, jusqu’à la libération. Elle se souvient que grâce à elle, à son courage, à son grand cœur et à son amour, elle a eu une vraie enfance, heureuse et normale. Elle s’entend très bien avec Jacqueline, la petite-fille de Madame Rey.

    En 1945, l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants) effectue des démarches auprès de Hortense Rey pour récupérer Hélène Raychmann, âgée de 13 ans et demi, afin que l’enfant parte en Belgique rejoindre sa tante paternelle, Rachel Mitzmaker.

    Après la guerre, malgré leur séparation, Hélène et Hortense restent très attachée l’une à l’autre. Leurs correspondances demeurent nombreuses et régulières. Elles sont le reflet de cet attachement né en 1942 et toujours renouvelé au cours des années.

    Le 27 avril 2015, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Madame Hortense Rey, le titre de Juste parmi les Nations .

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