Dossier n°12945A - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2015

Auguste Cribier

Année de nomination : 2015
Date de naissance : 07/02/1883
Date de décès : 06/11/1960
Profession : Conseiller municipal
    Localisation Ville : Le Buret (53170)
    Département : Mayenne
    Région : Pays-de-la-Loire

    L'histoire

    Herz Mordka Jakubowicz et Cyna Cukierman sont nés tous les deux en 1906 à Tomaszow en Pologne. Ils ont émigré vers 1931 en France, se sont installés à Paris, où ils se sont mariés en 1933. Leurs trois enfants y sont nés : Romain en 1936, Marcel en 1937 et Rosette en 1940. Herz Mordka Jakubowicz a travaillé comme brocanteur, puis comme tailleur avant d’être arrêté sur convocation, le 14 mai 1941 et interné à Beaune-la-Rolande. Il a été déporté le 28 juin 1942 par le convoi N° 5 et assassiné à Auschwitz Birkenau. Cyna Jakubowicz s’est alors retrouvée seule à Paris, parlant très peu le français, démunie avec ses trois enfants en bas âge.

    En 1940, après l’exode, dans la Mayenne, de nombreux villages hébergeaient des réfugiés français du Nord et de l’Est. Seuls Juifs au village du Buret, les Jakubowicz se faisaient passer pour des réfugiés polonais catholiques.

    Le 16 juillet 1942, lors de la rafle du Vél d’Hiv, sachant que les enfants de moins de deux ans n’étaient pas emmenés, Cyna Jakubowicz a refusé d’être arrêtée et emmenée par les policiers français. Elle a immédiatement cherché à mettre ses trois enfants à l’abri et a trouvé une nourrice dans un tout petit village de la Mayenne, au Buret. Marie-Louise Cordier élevait seule ses cinq enfants. Depuis 1940, son mari Georges Cordier était prisonnier de guerre en Allemagne. En 1945, il reviendra et décèdera des suites des privations et des mauvaises conditions d’internement.

    Voulant rejoindre ses enfants au Buret quelques semaines après leur placement chez Madame Cordier, Cyna Jakubowicz  est arrêtée en gare de Laval, ses papiers confisqués. Elle est conduite à la Préfecture. Un responsable de la Préfecture, probablement le Préfet Edouard Bonnefoy, téléphone à Auguste Cribier pour qu’il vienne la chercher à Laval. Ce qu’il fait immédiatement. Auguste Cribier, né en 1883, ancien gendarme, devenu agriculteur, est alors conseiller municipal dans le village du Buret. Il assure la charge de la mairie avec la femme du maire, Amélie Bruneau dont le mari Joseph est prisonnier en Allemagne depuis 1940. Il reviendra en 1945.

    Auguste Cribier, ami d’enfance de l’abbé Tourneux, le convainc de prendre à l’Eglise les deux garçons, Romain et Marcel Jakubowicz, au catéchisme et comme enfants de chœur, afin de parfaire l’identité de la famille – réfugiés polonais catholiques – et leur permettre d’aller à l’école du village sans être inquiétés.

    C’est à la demande d’Auguste Cribier qu’Amélie Bruneau, la femme du maire du Buret, a persuadé Francis Morille, propriétaire d’une bicoque délabrée en campagne, de la leur prêter. C’est Amélie Bruneau qui leur a trouvé, dans le bourg, une petite maison d’une pièce avec une cheminée où les Jakubowicz ont vécu jusqu’en septembre 1947. C’est grâce au soutien et à l’aide d’Amélie Bruneau et d’Auguste Cribier que Cyna Jakubowicz a pu vivre en effectuant des petits travaux dans le village : couture, travaux dans les fermes pour nourrir ses enfants et vivre du mieux possible, compte tenu de l’époque difficile pour tous.

    Par son courage et sa compassion sans faille, Auguste Cribier a préservé le secret des origines juives permettant à Cyna Jakubowicz, ses enfants, Romain, Marcel et Rosette, d’échapper – s’ils avaient été arrêtés par Vichy – à une mort certaine, comme ce fut le cas pour Herz Mordka Jakubowicz, le mari de Cyna.

    Le 10 février 2015, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Auguste Cribier.

    Documents annexes

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    9 janvier 2018 08:40:27
    Article de presse - Ouest france du 14/03/2016Article de presse – Ouest france du 14/03/2016
    25 juillet 2016 17:44:25

    Articles annexes