Dossier n°12951 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Emile Arnaud-Goddet

Année de nomination : 2014
Date de naissance : 14/05/1912
Date de décès : 04/01/1999
Profession : Directeur du Pensionnat Saint Louis
    Localisation Ville : Dagneux (01120)
    Département : Ain
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Walter HAHN est né en Allemagne, à AUERBACH le 20 août 1933, fils unique d’Herman HAHN et d’Emmy MAIER. Le père tenait dans ce village un commerce assez important de semences agricoles. Les parents habitaient une grande maison avec la tante paternelle, son mari, sa fille et la grand-mère paternelle. Dès 1933 la tante maternelle Paula (née MAIER) et son mari Wilhem BAER et leur deux filles, Ellen et Gertrude, sont partis de KARLSRUHE pour aller habiter à STRASBOURG.

    Walter HAHN a 5 ans lorsqu’il a quitté ses parents le lendemain de la nuit de cristal (9 au 10 novembre 1938). Il a été emmené par une amie de sa tante, Suzie MEYER, habitant STRASBOURG. Cette amie était catholique et avait un fils de son âge, Roger, ce qui lui a permis de voyager avec son passeport.

    En 1939, après la déclaration de guerre, la famille de sa tante, avec laquelle il vivait, a quitté STRASBOURG. Ils sont d’abord allés à St DIE (Vosges), puis en 1941 en Dordogne. Cette même année, les parents de Walter HAHN ont été arrêtés et déportés au camp de SOBIBOR (Pologne) où son père est décédé, sa mère est assassinée à AUCHWITZ-BIRKENAU.

    En 1942 la situation devenant dramatique pour les juifs allemands on envoya Walter en pension à l’école libre St Jean à PERIGUEUX. En 1943 le Directeur de l’école, M. BERBONDE, fut dénoncé comme cachant des enfants juifs et effectivement il en cachait 17. La veille de la dénonciation une dame, dont il ignore le nom, est venue le chercher et l’emmena en train à LYON.

    A LYON il est resté 2 jours dans un centre pour enfants. Une autre dame, Mlle MANUEL vint le chercher et l’emmena, en prenant la ligne de cars LYON-MONTLUEL, au Pensionnat St LOUIS à DAGNEUX (Ain) en compagnie d’un autre garçon qui lui a été présenté sous le nom de « LEROY ».

    Walter HAHN est resté à St LOUIS l’année scolaire 1943-1944. Le Directeur du Pensionnat St LOUIS était un religieux, le Frère MARC. On donne à Walter HAHN le nom de Jean HALMET. Il ne quittait jamais le pensionnat et n’avait pas de contact avec le jeune « LEROY » amené avec lui. Manifestement il s’agissait de les fondre dans la masse. Il suivait le cours moyen et participait à toutes les activités des pensionnaires y compris à la messe du matin à l’église. LEROY qui n’était pas dans la même classe que lui et il ignorait s’il y avait d’autres enfants juifs, en dehors d’eux, cachés à St LOUIS.

    Walter HAHN ignorait aussi si d’éventuelles informations sur les raisons de sa présence avaient été données aux personnes s’occupant d’eux et dans quelles conditions matérielles il avait été placé dans l’Etablissement. Personne n’a jamais fait allusion à son identité juive.

    A l’époque il n’avait pas eu connaissance non plus des motivations de son sauveur mais sa fonction et ses convictions religieuses font penser à quelqu’un de totalement dévoué à la jeunesse.

    Walter HAHN n’oubliera jamais la chance qu’il a eue grâce au frère MARC et à qui il pense souvent. En 1994, il a voulu lui rendre visite lors de son passage à l’école St LOUIS. Mais le directeur de l’époque lui a dit qu’il était malade et très fatigué, aussi il n’a pu réaliser son projet.

    En juillet 1944, de nouveau, une dame – il ne se rappelle plus si c’était Mlle MANUEL – est venue le chercher et l’a emmené à pied chez des paysans italiens habitant DAGNEUX. Il est resté chez eux jusqu’en décembre 1944. Ensuite, la Croix Rouge l’a pris en charge pour le ramener dans sa famille (sa tante et ses deux filles, l’oncle ayant été fusillé par les allemands le 27 mars 1944 à BRANTOME en Dordogne). Suite à l’exécution de l’oncle, la tante et sa fille aînée ont été déportées à AUSCHWITZ-BIRKENAU. Elles en sont revenues, la tante le 6 mai 1945 et sa fille un an plus tard après une longue hospitalisation.

    En 1946 Walter HAHN est retourné à STRASBOURG avec sa tante et sa grand-mère où, la guerre terminée, il a pu commencer à retrouver une existence normale.

    Ce témoignage est porté en reconnaissance au frère MARC, M. Emile ARNAUD-GODDET pour l’état civil, qu’il considère comme son sauveur au moment le plus crucial de son existence menacée par la persécution nazie.

    Le 24 Décembre 2014, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Emile Arnaud-Goddet, Frère Marc en religion, le titre de Juste parmi les Nations.

    Article de presse – Le Progrès du 27/11/2015
    Article de presse – Le Progrès du 27/11/2015

    Articles annexes




    Mis à jour il y a 4 mois.