Dossier n°12964 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Clément Dumont

Année de nomination : 2014
Date de naissance : 25/11/1880
Date de décès : 19/11/1961
Profession : Cultivateur

Marie Clémence (Benistant) Dumont

Année de nomination : 2014
Date de naissance : 05/09/1874
Date de décès : 26/10/1949
Profession : Cultivatrice
    Localisation Ville : Bédoin (84410)
    Département : Vaucluse
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    André Pereyre est né en 1904 à Bayonne. Il est descendant de marranes implantés dans cette ville depuis le XVIIIème siècle. Il tient un commerce de mercerie avec son propre père.  Lisette Pereyre est née en 1911 à Carpentras. Elle est descendante des « Juifs du Pape » dont la famille est présente à Carpentras depuis le milieu du XVIIème siècle. Elle travaille dans la société familiale. André et Lisette Pereyre se marient en 1938 à Carpentras et vont s’installer à Bayonne. Leur fils Michel Pereyre naît en 1940.

    Jusqu’au 11 novembre 1943, Bayonne fait partie de la zone sud occupée par les Allemands. Le commerce familial est aryanisé en mars 1941. En octobre 1941, André et Lisette Pereyre décident de quitter Bayonne pour s’installer à Carpentras où vit encore la famille de Lisette. En 1942 et 1943, le restant de la famille paternelle les rejoint à Carpentras.

    Carpentras fait alors partie de la zone occupée par les Italiens depuis 1942. Après la capitulation italienne en septembre 1943, les Allemands occupent Carpentras. Le 11 novembre 1943, des rafles ont lieu en ville et six personnes de la famille Pereyre sont arrêtées et déportées par le convoi N° 64 du 7 décembre 1943 vers Auschwitz où elles sont assassinées. André Pereyre et son épouse Lisette ainsi que leur fils Michel échappent à la rafle. Ils prennent la fuite à vélo vers la ferme des Dumont située à Bédoin, à 15 kilomètres de Carpentras.

    Les Dumont sont agriculteurs. Clément Dumont est né en 1880, son épouse Marie est née en 1874. A la ferme vit également Fernande Dumont, l’épouse de leur fils alors prisonnier de guerre et Roger, leur petit-fils âgé de six ans. Marie Dumont avait été la nourrice de Lisette quand elle était enfant. Le 12 novembre 1943, André et Lisette Pereyre et leur fils Michel sont accueillis par les Dumont. Ils sont installés dans un petit logement dans une dépendance de la ferme. Pendant plusieurs mois, la famille Pereyre est cachée, logée et nourrie. Fernande participe à ce sauvetage. Le petit Roger reçoit l’ordre de ne pas parler à l’école des autres personnes qui vivent à la ferme de ses grands-parents.

    Un mois après leur arrivée, les Pereyre ont de nouveaux papiers d’identité. Ils s’appellent dorénavant Peyral. C’est certainement les Dumont qui ont facilité l’obtention de ces nouvelles identités. Les risques encourus par les Dumont étaient grands car, à Carpentras et à Bédoin, nombreux étaient ceux qui connaissaient les liens qui unissaient les Dumont et la famille de Lisette.

    Au printemps 1944, André et Lisette Pereyre vont se réfugier dans le Limousin, à huit kilomètres de la petite ville d’Oradour-sur-Glane. Fin septembre 1944, ils rentrent à Bayonne libérée et reprennent leur véritable nom. Après la Libération, les Pereyre sont restés en contact avec les Dumont et se rendent visite. L’affection et le sentiment d’une dette envers cette famille étaient très grands. Les liens se sont pourtant distendus petit à petit après le décès des parents de Michel en 1989 et 1990. Michel Pereyre a découvert plus tard que Roger Dumont vivait toujours dans la ferme familiale et le contact s’est renoué entre les deux familles.

    Le 24 décembre 2014, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Monsieur Clément Dumont et à son épouse Madame Marie Dumont, le titre de Justes parmi les Nations.

    Documents annexes

    Article de presse – l’Echo des Carrières bulletin de l’association culturelle des Juifs du pape N°83 Juin 2016
    Invitation cérémonie

     




    Mis à jour il y a 2 mois.