Les Justes
Catherine (Ghiglionda) Allio
Année de nomination : 2016Date de naissance : 03/11/1874
Date de décès : 19/01/1956
Profession :
Département : Alpes-Maritimes
Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur
Personnes sauvées
L'histoire
Moshe Israël Könisberg né en Pologne, émigre en Allemagne et s’y marie avec Hedwig Fleishmann. Ils s’installent à Berlin et ont 4 enfants : Rachel (1920), Élie (1922), Hanna (1924) et Eva (1928).
En 1933 avec la montée du nazisme, la famille décide de partir pour aller s’installer en Belgique. Ils y restent de 1933 à 1934 et de là, ils vont en Italie à Merano jusqu’en 1939.
La même année, ils prennent connaissance de nouvelles lois italiennes visant à expulser les juifs étrangers. Ces lois concernant essentiellement les Polonais ayant perdu leur nationalité polonaise et n’y habitant plus depuis plus de cinq ans. La famille déménage encore et de manière illégale s’installe à Nice. La famille Königsberg va habiter dans un appartement en location dans la banlieue agricole de Nice Saint-Pierre de Féric.
À l’été 1941, le fils Élie est arrêté et envoyé aux camps des Mille. Puis, il est libéré du camp car il est malade et aussi grâce à des documents attestant qu’il est un ouvrier agricole. La fille Rachel quitte l’appartement et s’installe dans une autre location à proximité à Cagnes.
Au début du mois d’août 1942, la rumeur court à propos de l’arrestation des juifs apatrides dans le sud de la France. Le 26 août, les rafles débutent et de nombreux juifs sont arrêtés.
Les enfants de la famille Könisberg qui habitaient à la campagne à coté de Nice échappent aux rafles. Craignant pour leur sort, ils cherchent un abri et se tourne vers le curé local à Saint-Pierre de Féric.
Le curé les abrite jusqu’en octobre de la même année et là, la famille se sépare et une partie d’entre elle se réfugie en Suisse. Les conditions de vie chez le curé sont difficiles et la faim en est la raison principale. A la Même époque, Rachel se trouve à Cagnes sur Mer, à une dizaine de kilomètres de Saint-Pierre de Féric.
Au 1er étage, se trouve la représentante des propriétaires, Mme Allio qui perçoit les loyers. Bien que sachant que Rachel soit juive, se développe entre elles une relation d’amitié. Quand le 26 août la police vient pour l’arrêter, Rachel dort profondément dans son appartement et n’entend pas les coups frappés à sa porte. Le lendemain matin, vient un homme du nom de Jean Biagi au courant de sa situation. Il lui propose, en attendant la fin des rafles, de se réfugier ailleurs chez ses parents, Emilie et Joseph Biagi. Rachel accepte et reste chez la famille Biagi du 29 août au 5 septembre 1942. A la suite et jusqu’au 20 septembre, elle reste cachée au Hauts de Cagnes. Pendant toute cette période, Jean Biagi sert de lien entre Rachel et sa famille surtout pendant le couvre-feu. Après le 20 septembre, Jean accompagne Rachel vers sa famille à Saint-Pierre de Féric. Jean leur apporte aussi des provisions dont ils sont en manque. De plus, il étudie dans la montagne, les moyens de passage pour aller en Suisse afin que la famille s’échappe. La crainte est celle des nombreuses patrouilles de la police française sur la frontière.Le 3 octobre, 1942, toute la famille est prête pour le départ. Malheureusement, le jour même, la mère Hedwig est prise de douleurs dans le dos par suite de sa sciatique et n’est pas en mesure de marcher. Après de longues discussions, la famille décide qu’une des filles reste avec la mère et les autres traversent la frontière.
A cette époque, les adolescents âgés de moins de 16 ans ne font pas partie des personnes à arrêter. Et c’est donc Eva âgée de 14 ans qui reste.
Jusqu’en novembre 1942, la région est administrée par les Italiens et donc Rachel et Eva reviennent dans leur appartement à Cagnes sur Mer. Elles trouvent le moyen de gagner de l’argent en travaillant dans les champs pour Rachel et pour Eva en aidant dans les maisons des voisins proches.
Eva démarre en travaillant dans la maison de Mme Gowa, une Allemande mariée à un juif antinazi. Ils ont un fils du nom de Patrick. Cette famille fait partie de la résistance et ils font des faux papiers donnant à Rachel le nom de Berthe Pascaret et à Eva celui de Agnès Sybille Pascaret. Il est indiqué qu’elles sont originaires de Sicile qui à l’époque n’est pas sous le contrôle des Allemands et dont la véracité n’est pas remise en Cause.
Pendant ce temps, Moshe Könisberg et ses autres enfants parviennent après un long et fatiguant voyage à un passage à la frontière Italienne, et ce, avec l’aide de soldats Italiens. Ils arrivent à Milan et trouvent refuge chez des membres éloignés de leur famille. D’Italie, ils parviennent à se rendre en Suisse où ils sont arrêtés et placés dans un camp de réfugiés. Ils y restent jusqu’à la fin de la guerre. Le père Moshé tombe malade et reste hospitalisé de longs mois.
Rachel et Eva reste tranquille en France jusqu’au départ des Italiens. A l’arrivée des Allemands et malgré leurs faux papiers, elles ne se sentent pas en sécurité et reviennent à leur appartement tout en gardant les volets fermés pour éviter les descentes de la police. Mme Allio, continue de les aider pendant toute la période.
En juin 1944, après le suicide de Mme Testa fille des propriétaires, la police débarque chez Mme Allio pour l’interroger sur des suspects potentiels qui seraient liés à l’événement. Moshé Könisberg et son fils Elie.
Mme Allio, leur répond qu’ils sont partis il y a longtemps en Suisse et qu’elle n’a plus jamais entendu parler d’eux. Les policiers s’en vont et disent qu’ils reviendront plus tard pour d’autres vérifications.
Pendant ce temps, Rachel entendant les voix prend peur et va déclarer à la police secrète que la famille Könisberg est partie et qu’ils n’ont rien à voir avec le suicide de Mme Testa. Le policier l’ayant reçu reste abasourdi de la prestance de Rachel et la renvoie aussitôt chez elle.
Jeannot Biagi est arrêté, déporté dans un camp en Allemagne où il subit des traitements inhumains. Il parvient à s’échapper lors d’un bombardement.
Le 24 janvier 2017, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Catherine Allio, le titre de Juste parmi les Nations.