Les Justes
Albert Routier
Année de nomination : 2016Date de naissance : 27/12/1902
Date de décès : 16/05/1977
Profession : Ingénieur, gérant de la société Jangot, Bonneton & Cie
Département : Rhône
Région : Auvergne-Rhône-Alpes
Personnes sauvées
L'histoire
Pendant la guerre, Albert Routier était Directeur d’une entreprise de construction à Lyon, la société Jangot Bonneton. Il était également Consul Honoraire de Turquie depuis plusieurs années, activité bénévole qu’il exerçait à son bureau rue Boileau à Lyon 6ème. Il s’occupait de quelques ressortissants turcs et dépendait de l’Ambassade de Turquie à Marseille. Jusqu’à la guerre, c’était une sinécure mais c’est devenu très vite, du fait de son accueil, une adresse pour les Turcs ou assimilés, en butte aux difficultés administratives pour les certificats de nationalité, réquisitions, familles séparées. Excipant de son titre de Consul, il n’hésitait pas à aller à la gestapo pour régler certaines affaires.
L’envahissement de la zone sud n’a fait qu’amplifier les problèmes et son activité qui, de neutre, est devenue très résistante. Il a rejoint un mouvement de la Résistance dans le milieu du bâtiment. Il faisait des missions dans le sud. Le bombardement de Lyon et du siège de la gestapo avait fait disparaître son dossier et lui avait probablement sauvé la vie.
En novembre 1942, il prend connaissance d’une lettre de dénonciation parvenue au Consulat général de Turquie à Marseille, s’insurgeant contre « [son] activité débordante en faveur des Juifs, qu’ils soient citoyens turcs, anciens citoyens turcs ou juifs non turcs ».
Ses agissements sont devenus suspects en 1943 et il a perdu son titre de Consul en 1944. Albert Routier était un « taiseux », un homme très discret qui n’a jamais cherché à se mettre en avant. Son humanisme, dénué de tout intéressement, est unanimement salué, en des termes élogieux qui dévoilent en filigrane les risques qu’il a pu encourir. Il a aidé de nombreuses familles juives pendant la guerre. Il a, entre autres, fourni de faux papiers au rabbin Benjamin Assouline, originaire d’Algérie et à son épouse Sarah et sauvé ainsi que Alexandre Mersel, Mendel et Perle Mersel, ainsi que Vitalis Behar, juif qu’il a fait passer pour un Grec orthodoxe. Les nombreuses lettres de remerciements adressées à Albert Routier après la guerre attestent du capital de sympathie et de la confiance dont il a bénéficié, du bien qu’il a semé autour de lui. Pour preuve, les Routier ont reçu une dinde de la famille Semmelmann à chaque Noël pendant vingt ans en remerciement de l’aide qu’il leur avait apporté pendant la guerre.
Le 1er novembre 2016, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Monsieur Albert Routier, le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
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