Les Justes
Albert Jouvelin
Année de nomination : 2017Date de naissance : 21/10/1892
Date de décès : 03/04/1987
Profession : Cultivateur, fermier
Lucienne (Metton) Jouvelin
Année de nomination : 2017Date de naissance : 20/09/1894
Date de décès : 11/07/1955
Profession : Cultivatrice
Département : Eure-et-Loir
Région : Centre-Val de Loire
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
La famille Speiser habitait impasse de l’Orillon dans le 11ème arrondissement à Paris. Marie Fischel, juive polonaise était arrivée en France avec deux enfants, Isabelle et Jacques. Son mari l’avait abandonnée dès leur arrivée. Elle se remarie en 1926 avec Wolf Speiser qui était beaucoup plus âgé qu’elle. De leur union, naissent deux enfants : Bernard né en 1929, décédé peu après sa naissance et Solange née en 1931. Wolf Speiser possédait une librairie rue des Rosiers. Il décède de mort naturelle le 6 février 1941.
Marie Speiser, veuve et sans ressources a eu recours à une association juive qui envoie les enfants nécessiteux en vacances chez des fermiers. C’est ainsi qu’elle se souvient de cette adresse en 1942 : Solange avait passé les vacances de Pâques 1942 à Lormaye, chez Albert et Lucienne Jouvelin.
Après la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942, Marie Speiser envoie donc Solange chez les Jouvelin. Elle prit soin de découdre l’étoile jaune de ses vêtements. Les Jouvelin présentent la petite Solange comme une réfugiée d’Alsace. De temps en temps, sa sœur Isabelle, 20 ans réfugiée en zone libre envoyait quand elle le pouvait un mandat. Marie vient deux ou trois fois rendre visite à sa fille chez les Jouvelin, mais elle ne pouvait y rester, son fort accent yiddish l’aurait trahie.
Albert Jouvelin, ancien combattant de 1914-1918, avait été prisonnier pendant cette guerre. Il mettait un point d’honneur à employer des jeunes gens dans sa ferme pour leur éviter d’être requis pour le travail obligatoire en Allemagne (STO). Lucienne Jouvelin aidait son mari dans les travaux de la ferme. Le couple avait six enfants (Marie-Louise, Marie-Thérèse, Marie-Antoinette, Lucien, Henriette et Odette) qui tous travaillaient dans la ferme, aux champs ou s’occupaient du bétail. A table, il n’y avait aucune différence entre la famille, les travailleurs et la petite Solange. Elle faisait vraiment partie de la famille. Solange a intégré l’école du village. Des employés de la mairie ont réussi à lui faire une carte d’alimentation. Solange était appelée Jouvelin au village, même à l’école. La seule fois où on l’a appelée Speiser, c’était le jour du Certificat d’Étude, le 6 juin 1944, le jour du débarquement en Normandie.
Dès la Libération de Paris en août 1944, Madame Speiser récupère sa fille. Solange est retournée plusieurs fois à la ferme pour faire le plein de provisions. Le contact s’est toujours maintenu avec les enfants et petits-enfants de Lucienne et Albert Jouvelin.
Le 1er février 2017, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Albert et Lucienne Jouvelin, le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
Article de presse – L’écho républicain du 13/09/2019 | |
Compte rendu de la cérémonie | |
Invitation cérémonie |