Dossier n°13413A - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Lucienne Gabrielle (Delannoy) Muller

Année de nomination : 2017
Date de naissance : 27/09/1905
Date de décès : 06/04/1948
Profession : Commerçante
    Localisation Ville : Paris (75018)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    Rachel Taradach est née en 1907 à Krementchouk, en Ukraine. Elle arrive en France en 1920 avec sa mère et son frère et sa sœur pour rejoindre le père arrivé deux ans auparavant. Elle est apprentie fourreuse chez Monsieur et Madame Muller qui sauveront plusieurs fois Rachel, son mari et son fils Serge. Hirsch Taradach est né en 1901 à Voznesensk, en Moldavie. Il arrive en France à la même époque avec deux frères et une sœur. Il exerce la profession de bijoutier, mais à cause de la crise économique, il se reconvertit en épicier, rue Chappe à Paris 18ème. Rachel et Hirsch se marient en 1930. Leur fils Serge naît le 13 juin 1934.

    Avec l’occupation allemande, l’épicerie est spoliée et aryanisée. La famille Taradach échappe à deux rafles grâce au concierge qui les prévient à temps et se réfugie pendant plusieurs semaines chez les employeurs de Rachel Taradach, la famille Muller, puis ils fuient en banlieue. Le père exerce en cachette son ancienne profession de bijoutier, la mère continue d’exercer son métier chez les Muller qui les avaient recueillis après la deuxième rafle.

    Serge est placé à la pension Barbe à Fontenay-sous-Bois en banlieue parisienne où les parents se sont réfugiés. Devant le danger de plus en plus menaçant, Madame Lucienne Muller propose de placer Serge chez des fermiers dans la Mayenne où elle va se ravitailler le week-end chez Monsieur Augustin et Madame Georgette Paris.

    Serge est accueilli en toute connaissance de cause et sans aucune réticence. Le fils de Monsieur et Madame Paris, qui se prénomme Augustin comme son père, a vite considéré Serge comme son petit frère. Il lui apprend à nager. Aux yeux des voisins, Serge est un parent éloigné venu se refaire une santé à la campagne. Il n’y a jamais eu de disposition financière entre les parents de Serge Taradach et le couple Paris. Les Paris envoient souvent des colis de nourriture aux parents de Serge. Serge suit l’enseignement du catéchisme et va à la messe.

    La ferme est isolée et située près du hameau de La Fontaine-Daniel. Serge Taradach a appris plus tard qu’il y avait eu plusieurs autres enfants cachés, notamment chez des cousins de Monsieur et Madame Paris, la famille Angot dont il fréquente les enfants à l’école privée du hameau (cf. le dossier des Justes N° 9931 Alice et Joseph Gautier).

    La famille Paris, pleine de sollicitude et de délicatesse, est très attentionnée envers Serge. Ils lui ont assuré que quoiqu’il puisse arriver, Serge y serait toujours chez lui et considéré comme leur fils. Serge y a trouvé un havre de paix dans un foyer aimant et chaleureux où rien ne lui a manqué…sauf l’essentiel : la présence de ses parents. Après le débarquement et la Libération, Monsieur et Madame Taradach viennent chercher leur fils Serge. Les liens entre les deux familles ont perduré bien après la guerre et les contacts n’ont jamais été interrompus.

    Le 21 février 2017, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné, à Madame Lucienne Muller, le titre de Juste parmi les Nations.




    Mis à jour il y a 8 mois.