Dossier n°13493c - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Camille Igalens

Année de nomination : 2017
Date de naissance : 12/08/1877
Date de décès : 22/01/1951
Profession : Forgeron
    Localisation Ville : Arthès (81160)
    Département : Tarn
    Région : Occitanie

    L'histoire

    Michel Ashe (né Aschkenas) est né en décembre 1939 à Paris dans le 15ème arrondissement. Son père Joseph, né à Mulhausen en Alsace-Lorraine et sa mère Hilda, née à Mannheim en Allemagne se sont mariés en décembre 1938. Au déclenchement de la guerre, son père s’est engagé dans l’armée française. A un moment, son unité a été capturée et il a été fait prisonnier de guerre. Quelque temps après l’armistice en juin 1940, lui et les autres prisonniers de guerre français ont été libérés sous caution. C’est alors qu’il a rejoint la Résistance.

    En novembre ou décembre 1940, Hilda fut dénoncée par un voisin. Elle était en train d’entrer dans l’immeuble après avoir acheté du lait chez l’épicier. Deux soldats allemands de la Wehrmacht s’approchèrent d’elle. « Madame Aschkenas, nous avons un mandat d’arrêt. » « Et mon bébé ? » leur demanda-t-elle ? Les soldats regardèrent le mandat d’arrêt et l’un dit à l’autre qu’il n’y avait pas la mention d’un enfant (ils ne savaient pas qu’Hilda parlait Allemand). Ils dirent d’une voix légèrement embarrassée « Alors bonne journée Madame » et ils partirent précipitamment. Hilda raconta plus tard qu’elle grimpa jusqu’à son appartement au 5ème étage où une voisine gardait Michel. Elle prit son enfant, sortit par la porte de derrière et s’enfuit. Elle prit quelques petites choses qu’elle pouvait emporter jusqu’à une gare dans Paris. Ce dont elle se souvint plus tard, c’est qu’elle se retrouva à Arthès dans le Tarn. Joseph la rejoignit près d’une année plus tard.

    Arthès était une ville où des gens ordinaires faisaient une chose extraordinaire. Ces citoyens, les voisins, les amis, face à l’arrestation, la honte ou même la mort, décidèrent que ce qu’on les obligeait à faire – dénoncer les Juifs qui se cachaient et les remettre à Vichy – n’était pas juste. Conscients des conséquences, ils refusèrent et au lieu de cela, ils prévenaient les familles juives, les cachaient et les protégeaient.

    Michel se souvient de la Place Jaurès à Arthès. Au centre, il y avait un grand crucifix. Sur un des côtés de la place, habitaient Louis et Marie Rose Lagrèze qui louèrent un appartement au premier étage à la famille Aschkenas. Ils ne déclarèrent jamais à Vichy qu’ils étaient juifs et les hébergèrent.

    De l’autre côté de la place, il y avait la maison de la famille Dubec où Joseph avait un atelier de tailleur au premier étage, avec une fenêtre qui donnait sur la place, lui permettant  de voir ce qui se passait. Il y avait un petit espace derrière un faux mur sous l’escalier où les Aschkenas ont souvent été cachés par les Dubec quand ils entendaient que la milice de Vichy ou des Allemands patrouillaient et menaient des rafles de gens qu’ils soupçonnaient être juifs. Michel Dubec avait cinq ans de plus que Michel Aschkenas et participait en toute connaissance à sauver et à protéger la famille juive.

    De l’autre côté de la place, il y avait la forge. C’est là aussi que les Aschkenas ont été cachés. On a raconté à Michel qu’un jour le père de Michel Dubec traversa la place en courant jusqu’à leur appartement pour dire à Joseph que la police de Vichy était sur le point de les arrêter. Il n’y avait pas de temps à perdre pour les installer dans la cachette sous l’escalier de sa maison. Joseph, Hilda et Michel ont couru jusqu’à la forge, où Camille Igalens, le forgeron, les cacha chez lui. Michel se souvient avoir vu la police de Vichy saccager leur appartement et entendre la police punir l’informateur car elle n’avait pas réussi à les trouver. Michel se souvient quand il jouait avec son ami Henri (Riri) Lafon qui avait son âge, pêcher dans le Tarn, jouer aux billes sur la place de la ville. La famille Lafon savait qu’ils étaient juifs, mais les accueillit et ne les dénonça jamais.

    Début 1944, on envoya Michel dans un orphelinat catholique à Arcachon sur la côte Atlantique où il resta sous la protection de bons Catholiques jusqu’après la Libération et son retour chez ses parents à Arthès en toute sécurité.

    Comme de nombreux survivants, les parents de Michel n’avaient pas envie de parler de ce qu’ils avaient vécu pendant la guerre et parlaient très peu. Pourtant avec l’aide de membres d’autres familles et ses propres souvenirs, son passé est devenu beaucoup plus clair. En août 2015, soixante cinq ans après avoir quitté la France, accompagné de sa femme Marylin, de leur fille et de trois petites-filles, Michel a fait le voyage extraordinaire de retourner à Arthès rencontrer les familles et les autres habitants d’Arthès.

    Michel pense vraiment que sans le courage et la compassion de ces braves gens, ses parents et lui auraient été envoyés dans un camp de concentration. Au contraire, grâce à leur bravoure, ses parents, sa jeune soeur Nicole et lui ont pu survivre. Et après avoir émigré aux Etats-Unis, ses parents ont eu deux autres enfants, sa soeur Jacqueline et son frère Steve. Tous ont des enfants et des petits-enfants.

    Le 24 octobre 2017, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Monsieur Guillaume Dubec et à son épouse Madame Violette Dubec et à Monsieur Camille Igalens, le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    Articlle de presse - Le Tarn libre du 3/07/2018Article de presse – Le Tarn libre du 3/07/2018
    Articlle de presse - La dépêche du Tarn du 23/07/2018Article de presse – La dépêche du Tarn du 23/07/2018
    Articlle de presse - La dépêche du 27/07/2018Article de presse – La dépêche du 27/07/2018

    Les médias externes :







    Mis à jour il y a 5 mois.