Les Justes
Joséphine Rios-Cohen
Année de nomination : 2018Date de naissance : 24/05/1901
Date de décès : 14/01/1994
Profession : Coiffeuse
Département : Haute-Garonne
Région : Occitanie
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire
Simon et Anna Grossman et leurs trois filles Jacqueline née en 1931, Éveline née en 1937 et Paulette née en 1938 habitent à Paris. Simon était né en Autriche en 1898 et Anna en Pologne en 1902. Ils se sont connus à Paris et se sont mariés en 1923.
Au début de la guerre, Simon emmène toute sa famille en zone libre afin de leur trouver un endroit pour se cacher. Pendant l’été 1940, ils vont en direction de Montauban et y restent quelques semaines. Puis ils vont s’installer en Haute-Garonne à Luchon, un petit village en montagne situé près de la frontière espagnole. En 1941, Simon Grossman qui est lié à des réseaux de résistance fait obtenir des faux papiers pour sa famille au nom de Simon afin qu’elle puisse se mélanger aux autres habitants sans éveiller de soupçons.
A Luchon, la famille se lie d’amitié avec Joséphine qui possède localement un salon de beauté. A cette époque, elle porte le nom de Kirsh qui était celui de son premier mari. Cette femme chrétienne vit en couple avec Simon Cohen, un avocat juif qui fait de la résistance. C’est une brave femme, gentille, intelligente et courageuse qui fait également partie de la résistance. A la fin de l’été 1942, la situation s’aggrave pour les Juifs. Le nombre de rafles augmente et il y a de nombreux soldats allemands dont le rôle est de surveiller la frontière avec l’Espagne car beaucoup de personnes tentent de la traverser pour s’y réfugier.
Avec l’aide de Joséphine, la famille Grossman quitte la maison pour aller se cacher dans la cave du salon de beauté derrière des caisses en bois et y reste quelques jours jusqu’à ce que Simon Grossman trouve un autre lieu plus sûr en attendant de passer en Espagne. Entre-temps, Joséphine fait courir la rumeur comme quoi la famille Simon a quitté le village.
Au vu de la situation, la famille Grossman doit se séparer. Les parents prennent l’aînée Jacqueline entre quatre yeux et lui donnent la responsabilité de veiller sur ses petites sœurs. Ils lui disent que Joséphine va s’occuper d’elles jusqu’à ce que la famille puisse être à nouveau réunie. Ils lui recommandent également de faire en sorte que personne ne puisse soupçonner qu’elles sont juives. La séparation est très douloureuse et Jacqueline se demande si elle reverra un jour ses parents. Joséphine emmène les filles en train dans une ferme proche de Toulouse. Elle accroche un crucifix au cou de Jacqueline. Joséphine raconte que les trois fillettes sont ses enfants qui ont besoin de bons soins pendant qu’elle-même travaille. Les fermiers n’ont jamais su que les fillettes sont juives. Jacqueline va à l’école et à la messe tous les dimanches. Les parents restent cachés chez Joséphine jusqu’en novembre 1942 et parviennent à traverser la frontière et à passer en Espagne. Une semaine avant Noël, Joséphine est revenue de Luchon chercher les fillettes pour passer les vacances ensemble. Les fillettes ne retournent pas à la ferme. Joséphine prépare la traversée de la frontière. Elle habille chaudement les enfants et les conduit jusqu’au lieu de rendez-vous avec le berger-guide de montagne qui doit les conduire en Espagne. Elles y arrivent saines et sauves. La famille se trouve à nouveau réunie.
Suite aux rumeurs sur le fait que l’ Espagne risque de livrer les juifs aux autorité allemandes, les parents de Jacqueline décident d’envoyer leurs filles aux États Unis , à Philadelphie où la maman a de la famille qui pourra accueillir les fillettes. Elles embarquent sur le SS Serpa Pinta en 1943 avec d’autres réfugiés. Les parents ne pourront les rejoindre que quatre ans plus tard en 1947.
Vingt ans plus tard, Jacqueline est revenue à Luchon pour remercier Joséphine qu’elle appelait « Josie » pendant la guerre, sa deuxième mère, d’avoir risqué sa vie pour sauver la vie de sa famille.
Le 17 juillet 2018, Yad Vashem – Institut international pour la mémoire de la Shoah décerné le titre de Juste parmi les Nations à Madame Joséphine COHEN.