Dossier n°13736 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Auguste Héry

Année de nomination : 2018
Date de naissance : 12/11/1924
Date de décès : //
Profession : Ouvrier agricçole

Louise (Crespin) Héry

Année de nomination : 2018
Date de naissance : 17/12/1904
Date de décès : 28/12/1971
Profession : Sans profession
    Localisation Ville : Champvoisy (51700)
    Département : Marne
    Région : Grand-Est

    L'histoire

    En 1941, la famille Burak habitait rue Poulet à Paris dans le 18e arrondissement. Salomon Burak, d’origine polonaise, travaillait comme tailleur. Son épouse Gunendla élevait à la maison leurs deux enfants Isaac âgé de 14 ans et Marcel 10 ans. Ils n’ignorent pas les rafles envers la communauté juive, notamment envers les hommes en âge de travailler. Pour cette raison, Salomon et Isaac quittent le domicile pour se réfugier à Dormans dans la Marne.

    En 1943, les rafles s’intensifient et forcent Gunendla et Marcel à partir également en direction de la Marne. La famille se regroupe, mais le premier lieu d’hébergement se révèle peu sûr. En août 1943, c’est au hasard des routes qu’ils arrivent à Champvoisy, village de deux cents habitants. Puis dans une impasse, appelée « les Grandes cours ». Dans cet espace semi-fermé vivait notamment Louise Héry âgée de 39 ans et son fils Auguste, 19 ans. Il y avait également le beau-père Théotime, 72 ans, et Micheline, la sœur d’Auguste, 10 ans. Marcel, le mari de Louise, est prisonnier de guerre en Allemagne depuis le début de la guerre.

    Louise HÉRY décide immédiatement de les héberger, confiante sur le relatif isolement du village. Rapidement, Salomon y reprend des activités de tailleur, principalement pour les habitants du village. Marcel l’accompagne assez régulièrement ou fréquente quelquefois les bancs de l’école communale.

    Une autre famille juive était arrivée dans le village peu après eux, les Leska, parents de trois filles. Mais les Burak avaient très peu de contacts avec eux car ils étaient hébergés en dehors du village, au lieu-dit « La Madeleine ».

    Avec le recul, Marcel pense que ses parents ont tout fait pour ne pas attirer l’attention sur eux. Cela se compliqua lorsqu’Isaac dut subir une opération de l’appendice, quelques temps plus tard. Louise Héry appela le docteur Marot qu’elle connaissait pour sa discrétion. Et c’est avec les papiers d’identité d’Auguste Héry que le docteur décida de faire entrer Isaac incognito à l’hôpital le plus proche.

    Le 22 février 1944 était le jour de mardi-gras, synonyme pour les enfants d’insouciance et de jeux. Après avoir mangé des crêpes avec sa mère et son frère, Marcel est retourné au milieu des enfants du village. C’est peu après que policiers français et soldats allemands sont arrivés. Ils se sont dirigés directement vers leur lieu d’hébergement et vers celui des Leska. La famille Leska fut raflée. Aux Grandes Cours, Gunendla et son fils Isaac ont subi le même sort. Théotime Héry et sa belle-fille Louise, ainsi qu’Albert Guiborat, le maire du village, sont convoqués à la kommandantur et interrogés par la police pour avoir porté aide à des Juifs. Ils sont relâchés vingt-quatre heures plus tard. Il ne fait aucun doute que les deux familles juives avaient fait l’objet d’une dénonciation. La chance a voulu que Salomon et Marcel ne soient pas sur place. On cacha Marcel et il rejoignit son père. Sept Juifs cachés à Champvoisy furent emmenés ce jour-là. Aucun ne reviendra. Ils faisaient partie du convoi n° 69 qui quitta Drancy le 7 mars 1944.

    Pour Marcel et son père, leur séjour à Champvoisy prit fin rapidement. Une chaîne de sauvetage constituée des habitants du village les conduisirent dans un hameau proche (la ferme d’Avize), puis un autre, leur permettant d’échapper aux contrôles jusqu’à la fin de la guerre.

    Au printemps 2018, Auguste Héry a recontacté Marcel Burak. Il est aujourd’hui âgé de 93 ans. Très concerné par le travail de Mémoire, et soucieux que son village se souvienne, il venait de demander que soit installée une stèle près du monument aux Morts, en souvenir des sept martyrs juifs de 1944. La cérémonie qu’il avait organisée s’est déroulée le 29 avril 2018. Marcel a retrouvé ce jour-là Auguste Héry qu’il n’avait jamais revu, avec une émotion partagée. C’est suite à ce geste de 2018 que Marcel a émis le désir de remercier cette famille pour son implication pendant la guerre.

    Le 6 novembre 2018, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné , à Madame Louise Héry ainsi qu’à son fils Monsieur Auguste Héry, le titre de Juste parmi les Nations .

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    Article de presse -L'Union du 29/04/2018Article de presse -L’Union du 29/04/2018

    Articles annexes




    Mis à jour il y a 6 mois.