Dossier n°1386 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Gabriel Boulle

Année de nomination : 1978
Date de naissance : 13/11/1905
Date de décès : 03/06/2003
Profession : Ebéniste
    Localisation Ville : Bois-Colombes (92270)
    Département : Hauts-de-Seine
    Région : Ile-de-France

    L'histoire

    Gabriel Boulle vit à Bois-Colombes dans la grande banlieue de Paris. Il est ébéniste à son compte et son atelier se trouve boulevard Saint-Antoine à Paris. Au début de l’occupation il conseille à ses amis juifs de partir vers la frontière suisse tant qu’il est encore temps, et leur propose même de les accompagner. La famille Rosen (les parents et les deux enfants) accepte ainsi que d’autres familles.

    En 1943 il reçoit un appel téléphonique de Léon Fellman, une vague connaissance, rescapé de la rafle du Vel d’hiv.  La famille Fellmann est d’origine polonaise, ses parents Albert et Nessia immigrent à Paris et ont 4 enfants dont Léon est l’aîné. Albert est arrêté en août 1941, amené à Drancy puis déporté à Auschwitz le 5 juin 1942 par le convoi N°2. Léon arrête à ce moment-là ses études pour subvenir aux besoins de sa famille. Le 16 juillet 1942 la famille Fellmann est arrêtée à son domicile par des policiers français. Ses frères et sœurs sont relâchés grâce à la clémence d’un des policiers ; Mais lui et sa mère sont envoyés à Drancy. Il arrive à s’échapper mais sa mère est envoyée à Beaune-la-Rolande puis déportée à Auschwitz le 5 août 1942 par le convoi N°5.

    Léon demande à Gabriel Boulle, de l’aide pour toute sa famille, 6 personnes au total. Depuis sa fuite et la déportation de ses parents, il se cache avec ses trois frères, sa grand-mère et sa tante dans la chambre de bonne du concierge de son immeuble de la rue du Faubourg Saint-Antoine. Emu, Gabriel, avec une grande générosité, accueille dans sa maison de Bois-Colombes les six membres de la famille. Non content d’assurer le gîte et le couvert aux nouveaux venus, Il leur fournit aussi des cartes d’alimentation par le truchement d’amis de la Seine Maritime. Dans la maison de Gabriel, un trois pièces, il cache aussi des pilotes anglais et américains qui étaient envoyés par différents réseaux de résistance. Ils restaient quelques jours avant de transiter par l’Espagne. Gabriel avait un second pavillon et pour ne pas éveiller les soupçons des voisins, ses protégés partaient le matin soi-disant pour aller travailler et allaient d’un pavillon à l’autre. Léon intègre les réseaux de résistance française Goélette et Bourgogne et participe à plusieurs missions de sabotage. Il participe notamment au sauvetage d’une quinzaine d’aviateurs britanniques et américains.

    Un incident s’est produit en 1944, une bombe est tombée sur un pavillon mais il n’y a eu aucune victime. La famille a vécu chez lui jusqu’à la libération, soit environ un an. Léon apprend la mort de ses parents qu’après la Libération. Il rentre à Paris et prend en charge sa fratrie, il devient ébéniste.

    Le 31 mai 1987, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah,  a décerné à Gabriel Boulle le titre de Juste parmi les Nations.