Dossier n°13890a - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Jeanne Lamboux

Année de nomination : 2019
Date de naissance : 02/08/1881
Date de décès : 01/09/1954
Profession : femme au foyer
    Localisation Ville : Montjavoult (60240)
    Département : Oise
    Région : Hauts-de-France

    Personnes sauvées

    Lieu porteur de mémoire

    L'histoire

    Jeanne Lamboux avec Monique et Micheline Spiegel

    Marcel Maloberti, maçon à La Varenne et Suzanne née Tillier née le 9 avril 1900 à Paris 20e se marient le 3 janvier 1920. Ils habitent à La Varenne.
    Jeanne Lamboux quant à elle, elle avait reçu une éducation limitée et avait dû travailler dès l’âge de onze ans. Elle avait fait un premier mariage dans un milieu culturel avancé en épousant en 1900 le poète d’origine franco japonaise Henri Degron né à Tokyo en 1871, d’un père riche diplomate (mais qui va le déshériter parce qu’il veut être poète), et d’une mère japonaise. Henri Degron était assez marqué physiquement, contrairement à son frère jumeau. Il était un ami de Verlaine, de Tristan Klingsor, de Stuart Merrill1 et de Saint-Pol-Roux.
    Suzanne et Marcel Maloberti, aidés de Jeanne Lamboux vont aider et sauver Monique et Micheline Spiegel.
    Les Spiegel étaient hongrois d’origine et arrivés en France avant la guerre.
    M. Spiegel avait trouvé une place chez le maroquinier Lederer, un Américain qui cherchait à protéger les juifs.
    Quand en 1942, la situation devient très difficile, M. Spiegel confie ses deux filles Monique et Micheline à un ami maçon de La Varenne, Marcel Maloberti. Ce dernier a des chantiers dans le Vexin et connaît l’infirmière de Montjavoult, Jeanne Lamboux, qui prend des enfants en pension.
    Jeanne Lamboux est une infirmière à l’ancienne, elle fait les piqûres et les accouchements, et pour les femmes qui ont peu de moyens, elle les fait accoucher dans l’étable pour épargner les draps et revient avec le « paquet » dans les bras.
    Marcel Maloberti contacte donc Jeanne Lamboux, qui habite dans le bas de la rue d’Enfer, au numéro 2. Il la prévient que ce sont deux enfants juifs.
    Bien que Jeanne Lamboux soit antisémite, elle comprend que dans une telle urgence, on doit faire fi des préjugés et accepte en espérant que les deux filles ne s’appellent pas Sarah ou Rébecca…
    Monique et Micheline seront présentées sous le nom de famille de sa sœur aînée, Mme Jarsale, qui habite une maison voisine.
    Aussitôt prévenu, le secrétaire de mairie, Marcel Dumont, (1892-1978), également instituteur du village depuis 1921 et très apprécié de toute la population leur procure des faux papiers. Jeanne Lamboux devient donc « tante Jeanne ».
    Les fillettes se lient d’amitié avec les enfants de deux familles de petits agriculteurs, Henri Gilles au bourg, et Maurice Gilles à Beaugrenier (future ferme Denoyelle), dont la mère habite aussi rue d’Enfer.
    Jeanne Lamboux a un potager, des arbres fruitiers et une basse-cour pour nourrir toutes ses petites protégées et Maurice Gilles, agriculteur, les approvisionne en laine de ses moutons, en écheveaux et cardée, mais encore huileuse, ce qui permet à Monique de faire des tricots.
    Monique et Micheline bénéficient de l’affection de « tante Jeanne » et de la présence réconfortante de son chien et de son chat, Toutoune et Moumoune.
    Jeanne Lamboux va transmettre à Monique sa connaissance de Verlaine et lui faire découvrir les nombreux recueils de poèmes de sa bibliothèque.
    En 1944, dans le cadre du renforcement du front ouest (le QG de Rommel a été installé non loin, à la Roche-Guyon), on leur impose de loger deux sous-officiers allemands. L’un est un ancien membre des jeunesses hitlériennes, l’autre est très différent, au point qu’il va demander à Jeanne Lamboux la permission d’écouter sur sa radio les émissions en allemand de la BBC !
    Monique Spiegel est revenue plusieurs fois à Montjavoult après guerre. Elle a assisté au mariage de Denise Aubé et René Pellé en 1945.
    Elle est partie pour l’Amérique en 1952, où elle avait un oncle. Sa sœur Micheline l’a rejointe par la suite.
    L’une et l’autre s’y sont mariées. Monique a épousé en 1967 Norman Erlichman, et Micheline un M. Levowitz. Monique vit à Oneonta dans l’État de New York.

    Le 15 juillet 2019, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Jeanne Lamboux le titre de Juste parmi les Nations.

     

    Les médias externes :